Lutte contre la corruption et bonne gouvernance : Le juge anticorruption Sombé Théra rompt le silence

0

En marge d’un atelier réunissant le sérail judiciaire et les structures de contrôle de la bonne gouvernance, nous avons approché l’un des magistrats maliens les plus outillés dans ce domaine. Il s’agit du procureur de la République près le tribunal de la 1ère instance de Bamako. M. Sombé Théra, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a en charge le pôle économique et financier de Bamako. Lisez plutôt l’interview qu’il nous a accordée.

rn

Le Pouce : Comment se porte votre service ?
rn

rnSombé Théra : C’est une création qui est à ses débuts. Je crois qu’il se porte bien.
rnLe Pouce : Quelle appréciation faites-vous de l’atelier regroupant le ministre de la justice et le bureau du Vérificateur général ?

rn

Sombé Théra : C’est nous qui avons voulu cette rencontre au niveau du ministère de la Justice. Nous sommes destinataires des rapports émanant tant du bureau du Vérificateur Général que des autres services de contrôle de l’Etat. Nous avons conçu et voulu cette réunion afin que, ensemble et avec toutes les structures de contrôle nous puissions débattre de la meilleure collaboration possible, pour que les rapports qui nous sont transmis, puissent connaître le sort qui doit être le leur.
rn
rnLe Pouce : Le Président de la République, dans son adresse à la Nation, a informé ceux-là qui lui ont renouvelé leur confiance pour un second mandat, que plus d’une centaine de rapports sont entre les mains de la Justice. Qu’avez-vous à dire à vos concitoyens pour le traitement de ces rapports ?

rn
rnSombé Théra
 : Votre question est importante. Je l’ai toujours dit et je dis qu’il est toujours mieux de le répéter, à l’effet de mieux le préciser. C’est vrai que la justice a reçu un certain nombre de rapports. Comme vous l’avez si bien dit ; ce sont des rapports et non des procès verbaux d’enquête. C’est des constatations qui ont été faites par les services de contrôle. Ces services ne sont pas des structures d’investigation judiciaire. Ce sont des services de contrôle qui nous amène des rapports que nous examinons, traitons avec les règles qui gouvernent la procédure. C”est-à-dire, le secret.

rn

C’est pourquoi, la justice ne va pas sur la place publique, ni dans les journaux  pour aller expliquer le contenu des rapports. Le travail se fait et n’a pas commencé aujourd’hui. Il a commencé bien longtemps et se poursuit. Nous sommes en train de donner une autre dimension à l’effet d’accélérer ce travail. C’est vrai que nous sommes dans un système où il faut informer. La justice va le faire chaque fois qu’elle sera sollicitée. Vous conviendrez avec moi, qu’elle ne va pas sortir d’elle-même dans la rue pour aller apporter le débat. Elle ne le fera pas.
rn
rnLe Pouce : Est-ce à dire que les rapports du bureau du Végal, de la CASCA et du Contrôle Général d’Etat vont attendre encore dans les tiroirs.

rn

Sombé Théra : Les rapports sont en train d’être examinés. Il y a beaucoup de rapports émanant de la CASCA qui ont fait l’objet de jugement. Certains sont à l’enquête, d’autres au niveau des cabinets d’instruction. Les gens sont en train d’être entendus. La justice continue à travailler avec les règles qui gouvernent la procédure pénale.

rn

Le Pouce : Nombreux sont vos concitoyens qui estiment que seulement les menus frétins font les frais et non les gros poissons. Que leur direz-vous ?
rn
rnSombé Théra
 : Je ne voudrais pas faire trop de commentaire parce que pour moi, il n’y a pas de petite délinquance et de grande délinquance. Pour moi un délinquant est un délinquant. Celui qui vole un denier enfreint la loi au même degré que celui qui vole un milliard. Il faut  éviter de prendre un franc pour ne pas prendre le milliard demain.

rn

Je voudrais rappeler à mes concitoyens qu’il y a eu suffisamment d’interpellations. Si les gens croient que c’est en fonction des responsabilités qu’occupe un suspect ; je rétorquerais pour leur dire qu’il y a suffisamment de hautes personnalités qui ont fait l’objet d’interpellation et qui ont été envoyées en prison. Il y a eu des présidents directeur généraux, des directeurs généraux et des anciens ministres. Que veulent aujourd’hui les gens ?
rn
rnD’abord les ministres. Ils ne sont même pas justiciables des tribunaux ordinaires. Quand un ministre commet une infraction dans l’exercice de ses fonctions, il est justiciable de la Haute Cour de Justice. Cela ne relève pas du procureur. Il faudrait que les gens comprennent cela. Dire qu’un ministre est un gros poisson, je crois que c’est un débat qu’il faut éviter.

rn
rnEntretien réalisé par
Tiémoko TRAORE

rn

4 decembre 2007

rn

 

Commentaires via Facebook :