L’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite (OCLEI) a organisé une journée d’échanges avec les Organisations de la Société civile de Bamako et de l’intérieur. La journée qui a eu lieu, le mercredi 12 décembre, dans la salle de conférence du patronat se situe dans le cadre de la Semaine nationale de lutte contre la corruption. Une occasion pour la société civile malienne de formuler ses recommandations sur la corruption au Mali.
La Semaine nationale de lutte contre la corruption, c’est du 09 au 15 décembre. Sous le thème: «Unissons-nous contre la corruption pour le Développement, la Paix et la Sécurité». Longtemps la lutte contre la corruption au Mali a été une affaire de technocrates. Il faut désormais explorer de nouvelles méthodes dans une logique « dissuasive et préventive», selon l’initiative de la Ministre de la Réforme de l’Administration et de la Transparence de la Vie Publique, Safia Boly. Au patronat, elle a lancé les travaux de la journée d’échanges avec les Organisations de la Société civile.
L’objectif global de la journée d’échanges, a rappelé Moumini Guindo, président de l’OCLEI, est de créer un cadre commun de compréhension et de partage sur le cadre juridique de la lutte contre l’enrichissement illicite au Mali. Le président de l’OCLEI, a aussi, indiqué, à quel point, il compte sur la société civile pour sensibiliser la population. L’introduction du thème de la « lutte contre la corruption» dans les prêches – dans les mosquées et les églises – pourra, pense-t-il, aider à sensibiliser sur les valeurs ancestrales de dignité, d’honnêteté et de droiture.
Corruption au Mali…quel impact ?
De 2004 à 2017, les irrégularités financières constatées par le Bureau du Vérificateur Général s’élèvent à 741, 43 milliards FCFA. Cette somme ne représente qu’une infime partie des pertes engendrées par la corruption au Mali. Selon Amadou Mallé, membre de l’OCLEI, cette somme représente: 4.500 Km de route bitumée en raison de 150 millions FCFA par kilomètre; 12 300 centres de santé en raison de 60 millions FCFA par centre. Cette somme aurait pu servir à construire également 160 000 salles de classe, a estimé Amadou Mallé. Au-delà de l’impact financier, développe Amadou Mallé, la corruption à un impact négatif sur le climat des affaires et freine les investissements directs étrangers. Elle joue aussi sur l’image et la crédibilité du pays et de ses institutions….
Pour lutter contre le phénomène, le gouvernement s’est doté de plusieurs institutions. Il s’agit entre autres du Contrôle Général des Services Publics, de l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite, de la Section des Compte de la Cour Suprême, de la Cellule d’Appui aux Structures de Contrôle de l’Administration, de l’Inspection des Finances, du Contrôle Financier, du Bureau du Vérificateur General, de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières, de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics… Malgré l’existence de toutes ces structures, la corruption gagne toujours du terrain. D’où la nécessité d’impliquer les organisations de la société civile.
La volonté politique en cause…
«La lutte contre la corruption sera toujours un slogan vain tant qu’il n’y aura pas une volonté politique affichée », tranche Bouréima Allaye Touré, président du Conseil national de la société civile. Abondant dans le même sens, Dr Abdoulaye Sall, président de CRI 2002, rappelle que sous la première république, le Malien avait honte et peur de voler; sous la deuxième république, le Malien n’avait pas honte mais avait peur de voler; sous la troisième république, par contre, le Malien n’a ni honte ni peur de voler.
«Les femmes ne volent pas», entendait-on au Mali. Selon Mme Sangaré Nan Coulibaly, membre de la Coordination des Associations et ONG Féminines du Mali (CAFO), les femmes aujourd’hui sont pires que les hommes. Avec deux exemples, elle explique comment des femmes ont vidé des caisses avant de prendre la fuite en laissant époux et enfants. Pour les membres de la société civile, la corruption un phénomène nouveau au Mali, la seule façon de l’éradiquer, c’est le retour à nos valeurs sociétales.
Mamadou TOGOLA/Maliweb.net