Lutte contre la corruption au Mali : La presse comme rempart !

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A l’initiative  du Réseau Plaidoyer et Lobbying et de son partenaire Diakonia, le centre Aoua Keita de Bamako a abrité du 25 au 26 MAI 2017,  la formation des journalistes, professionnels de media et des acteurs de la société civile sur les textes régissant la prévention et la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite au Mali. L’objectif de cette formation est d’outiller les hommes de média des textes régissant la lutte contre la corruption, ainsi que les techniques de prévention et de dénonciation de la corruption. Cela afin de les engager efficacement contre la fraude et la délinquance financière sur toutes leurs formes à travers leur participation dans la dénonciation, la prévention ainsi que dans les initiatives de lutte contre la corruption.

Le Mali, perçu un moment comme un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest, est depuis 2012 décrit comme une « démocratie de façade », où l’impunité règne et où la corruption de la classe politique, le népotisme, la collusion avec les trafiquants de drogue ont entrainé la déliquescence des institutions de l’État. En janvier 2013, l’intervention militaire et le déclenchement du processus de reconquête du Nord ont marqué une évolution majeure dans le processus de stabilisation du pays, qui s’est poursuivi par la signature d’un accord de paix le 15 mai 2015.

Il est évident que la toile de fond de tous ces problèmes reste la mauvaise gouvernance et la corruption. En effet, en plus de ces facteurs endogènes, les enquêtes ‘Afro-baromètre’ de 2013 ne sont pas encourageantes. Elles font ressortir selon la perception des citoyens que les performances du gouvernement dans sa lutte contre la corruption sont à la baisse. Près de 45% des Maliens pensent que la plupart ou l’ensemble des institutions  sont impliquées dans des affaires de corruption. Ces constats démontrent avant tout le malaise profond entre la société, les citoyens et citoyennes et les démembrements de l’Etat.

Selon le rapport  de l’observatoire des pratiques anormales de l’UEMOA, le Mali reste un pays où les prélèvements illicites sont élevés, où la majorité des services contribuent aux prélèvements. Le secteur de la justice devrait être un pilier dans une telle lutte. La même enquête ‘Afro-baromètre’’ ressort que le sentiment d’inégalité de traitement devant la loi reste fort : la moitié des personnes enquêtées pensent que la plupart des juges sont impliqués dans les affaires de corruption. L’impunité est un autre sentiment fort. Finalement, l’arsenal juridique existe, certes, mais il est peu compréhensible pour la plupart des citoyens et citoyennes.

Pour M Fambougoury Diarra  du Réseau ‘’Plaidoyer et Lobbying’’,  les citoyens, paysans et leurs regroupements, fer de lance du processus démocratique et de l’Etat de droit à partir des années 1990, ont également progressivement perdu une partie de leur emprise sur les discours et orientations politiques  durant les années 2000. Avec le Bureau du Vérificateur General  il y a eu  un essor considérable dans la  gestion publique qui cachait des formes nouvelles de fraude. Les faiblesses et irrégularités récurrentes, la mauvaise gestion des dépenses effectuées au niveau des régies, la multiplication injustifiée des contrats simplifiés pour éviter les appels d’offres,  voilà autant de formes prises par cette corruption au Mali. Ce n’est pas tout. Qu’il y a aussi l’usage de faux documents pour justifier des dépenses.

Selon lui, la solution contre la corruption est individuelle et collective, avec bien sûr comme signe d’encouragement l’exemplarité des décideurs politiques et publics.

« Dernière chaque corrompu se cache au moins un corrupteur », a-t-il fait remarquer, en appelant chacun à ses responsabilités face à ce phénomène.

Etant donné que cet incivisme concerne tous les domaines, le meilleur vecteur pour l’endiguer constitue la presse. D’où la tenue de cette formation d’appropriation des textes juridiques contre la corruption à l’attention des hommes de média.

Abdoul Momini Bokoum

 

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