« Tout passe, tout est permis, du moins quand on est riche ». Ces expressions traduisent exactement ce que vivent les Maliens.
Véritable société de classe, au Mali les concepts d’égalité de droit et d’Etat de droit ne sont que de vains mots.
Le premier qui n’est autre que la parité de droit entre les citoyens est purement théorique. Car, le droit du citoyen est aujourd’hui fonction de sa situation sociale. Autrement dit, c’est la situation sociale du citoyen qui détermine la dimension de ses droits et libertés. Le riche pouvant agir à sa guise sans restriction de liberté, tandis que la pauvreté est synonyme d’esclavage et souvent même de délinquance, car les prisons sont désormais des lieux de refuge des pauvres et non des délinquants, les riches bénéficiant toujours d’un régime dérogatoire de faveur.
Quant à l’Etat de droit, il est à conquérir, car nous savons tous que le Mali est loin d’en être un.
Contrairement à l’esprit d’un Etat de droit, au Mali, on a l’impression que certains sont au-dessus de la loi. Dans la mesure où, ils se submergent des prérogatives les plus exorbitantes allant jusqu’à libérer les plus grands corrupteurs et corrompus de la nation.
Par ailleurs, notre administration connaît également une paralysie sans précédent due à ce même vice.
La tentative de corruption et le trafic d’influence sont tombés en désuétude : c’est donc la consécration sans réserve des « pots-de-vin » et « des bras longs ».
En d’autres termes, pour prétendre à n’importe quel service ou autre prestation, il faudra mettre la main à la poche.
Comment prétendre développer un pays, quand l’argent et les « amitiés » se substituent aux principes règles de l’art ?
De la justice elle-même, aux appels d’offre en passant par l’attribution des marchés publics et la délivrance des permis, passeport et visas, des affaires, on en traite partout.
L’impunité est pourtant un danger réel, car tout d’abord elle encourage la délinquance. Pire, souvent, l’impunité pousse à la révolte à la désobéissance civile souvent même à l’incivisme car la légitimité des institutions chargées de la combattre serait remise en cause.
Combattre l’impunité serait franchir un grand pas pour notre démocratie. Cela passe par la répression sans réserve de toutes les infractions prévues par nos textes et le renforcement de l’autorité de l’Etat dans nos différents services administratifs et judiciaires.
A. Daou