L’Université de Bamako : Quand un sac de ciment est facturé à 35 000 F CFA

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Universite de Bamako
Universite de Bamako

Bamako le 2 mai 2014-Conformément aux dispositions de la Loi n°2012-009 l’instituant, le Vérificateur Général a effectué une mission de vérification financière portant sur les opérations de recettes et de dépenses effectuées par l’Université de Bamako (UB) pendant les exercices 2010, 2011 et 2012, avant sa scission en quatre universités distinctes. A l’issue des travaux de la séance contradictoire ayant permis la prise en compte des observations de l’UB, le rapport définitif de ladite vérification a été transmis au Président de la République, au Premier Ministre, au Président de l’Assemblée Nationale ainsi qu’au Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et au responsable de l’entité vérifiée.

Pendant la période sous revue, l’Université de Bamako a bénéficié de la part de l’Etat d’importantes subventions totalisant 35,06 milliards de FCFA, soit une moyenne annuelle de 11,68  milliards de FCFA ; en plus des recettes propres qu’elle génère elle-même.

Cependant, selon le Vérificateur Général « cet effort financier contraste avec les dysfonctionnements importants relevés en termes d’insuffisances et d’irrégularités financières, aussi bien dans le processus de contrôle interne et dans la collecte des recettes, que dans l’exécution des dépenses ». En effet, la vérification des opérations de recettes et de dépenses de l’UB a mis en évidence « l’importance et l’intérêt de la maitrise, par les organes dirigeants, des outils et instruments de gestion moderne, la valeur et la portée du contrôle  hiérarchique et du contrôle a priori. Ainsi, les graves irrégularités constatées sont essentiellement frauduleuses et n’ont pu se réaliser que par l’inefficacité et l’ineffectivité  du contrôle interne public, un outil de management indispensable pour s’assurer que cet établissement supérieur de formation et de recherche est dans une logique d’atteinte des résultats », a-t-il ajouté.

Il a précisé que « les constatations  auxquelles sont parvenus les travaux de cette vérification ont fait l’objet d’analyses approfondies par des méthodes et techniques éprouvées ». Elles restent d’autant plus inquiétantes qu’ « elles surviennent au moment où la gestion universitaire et post-universitaire demeure au cœur des préoccupations des pouvoirs publics, comme en témoignent les récentes concertations nationales sur l’avenir de l’enseignement supérieur » a déploré le Vérificateur Général.
En guise d’illustration, sur la période 2010-2012, l’Etat a consenti à l’UB un montant de 5,73 milliards de FCFA au titre des heures supplémentaires dont la gestion n’a été entourée d’aucun texte juridique. Au demeurant, aucune pièce justificative ne supporte l’effectivité de ces heures supplémentaires. Ainsi, un Doyen de Faculté a pu bénéficier de 56 heures supplémentaires par semaine pendant 36 semaines, soit 11 heures  supplémentaires par jour, et ce, malgré ses obligations administratives quotidiennes et ses travaux de recherches. Il y a lieu de rappeler que ces frais d’heures supplémentaires sont versés aux bénéficiaires sans prélèvement des Impôts y afférents.

Outre la mauvaise gestion constatée autour des heures supplémentaires, les irrégularités révélées par cette vérification ont coûté à l’Etat et aux contribuables des pertes financières se chiffrant à 2,40 milliards de FCFA dont 533,83 millions de FCFA au titre de la fraude. On entend par fraude des montants dus mais non perçus en raison notamment d’usage de faux, de détournement, de dépenses sans pièces justificatives, etc.

A titre d’exemple, dans le cadre du paiement d’une prestation de service, l’UB a payé les frais d’aménagement du jardin de la cour de la Faculté des Sciences et Techniques avec une facturation du sac de ciment à 35 000 FCFA l’unité,  malgré le rejet de l’engagement par le Contrôleur Financier.

Selon le Vérificateur Général, « ces faits révèlent la forte dichotomie entre les orientations stratégiques, basées notamment  sur la promotion d’un espace éducatif et formateur accessible, et les mauvaises pratiques qui s’exercent dans une sphère censée former l’élite malienne ».

Pour lui, « les conclusions de cette vérification appellent à une prise de conscience générale dans le sens où il n’est pas rare d’entendre la population active se plaindre du niveau de nos étudiants. Avec un tel gâchis de ressources financières, ils sont condamnés à ne pas recevoir un enseignement de bonne qualité. Il s’agit là d’une perte à deux niveaux. D’une part l’Etat perd une quantité inestimable de ressources qui auraient pu servir à renforcer d’autres secteurs de développement prioritaires, et d’autre part, l’avenir de la future génération se trouve hypothéqué par de tels comportements irresponsables dans la gestion des deniers publics. Toutefois, à travers les entretiens réalisés pendant les travaux de vérification, il est heureux de constater que, malgré tout, certains  professeurs restent en marge de ces différents écarts ».

Le Vérificateur Général tient à remercier les autorités de la République du Mali ainsi que les responsables de l’Université de Bamako et les invite à la mise en œuvre des différentes recommandations formulées afin de contribuer, tous ensemble, au renforcement de la réforme en cours concernant l’enseignement supérieur au Mali. Il a rappelé que les responsables des cas de fraude signalés sont clairement identifiés et feront l’objet de dénonciations, par ses soins, au Procureur de la République en charge du Pôle Economique et Financier de Bamako qui appréciera les suites à donner.

Université de Ségou
878 millions payés pour des livraisons et des prestations non effectuées (NDLR : le titre est la rédaction)
Bamako le 2 mai 2014-Conformément aux dispositions de la Loi n°2012-009 l’instituant, le Vérificateur Général a effectué une mission de vérification financière portant sur les opérations de recettes et de dépenses effectuées par l’Université de Ségou (US) pendant les exercices 2011, 2012 et le 1er trimestre 2013. A l’issue des travaux de la séance contradictoire ayant permis la prise en compte des observations de l’US, le rapport définitif de ladite vérification a été transmis au Président de la République, au Premier Ministre, au Président de l’Assemblée Nationale ainsi qu’au Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et au responsable de l’entité vérifiée.

Conçue comme une réponse au retard accusé dans le maillage territorial en matière universitaire, la création de l’Université de Ségou  porte en elle, de par la spécialité de ses facultés, de sa situation territoriale, de son histoire (première Université hors de Bamako) toute l’opportunité politique de la stratégie gouvernementale d’un processus d’accélération de création d’universités ou autres Institutions de formation supérieures et/ou de recherches dans les autres capitales régionales qui en ont tant besoin.

A ce titre, l’Université de Ségou, pendant la période sous revue, a bénéficié de la part de l’Etat d’importantes subventions totalisant environ 3,63 milliards de FCFA, avec un accroissement substantiel des ressources humaines : 101 professeurs en 2012-2013 contre 49 en 2011-2012, pour des effectifs  respectifs de 368 et de 600 étudiants.

Cependant, selon Monsieur Amadou Ousmane Touré, Vérificateur Général du Mali, « Cet effort financier contraste avec les dysfonctionnements importants relevés en termes d’insuffisances et d’irrégularités financières, aussi bien dans le processus de contrôle interne et dans la collecte des recettes, que dans l’exécution des dépenses ». Les irrégularités financières décelées se chiffrent à 1,73 milliard de FCFA dont 1,72 milliard au titre de la fraude, c’est-à-dire des montants dus mais non perçus en raison notamment d’usage de faux, de détournement, de dépenses sans pièces justificatives, etc ».

Le Vérificateur Général a déploré le fait que « les graves irrégularités financières constatées soient essentiellement frauduleuses et représentent plus de la moitié de l’ensemble de la subvention accordée par l’Etat à l’Université de Ségou pendant la période sous revue », avant de souligner que « ces mauvaises pratiques de gestion, qui s’exercent dans une sphère censée former l’élite malienne, se trouvent à l’origine des principaux goulots dont sont victimes l’enseignement supérieur et la recherche scientifique en République du Mali. Elles restent d’autant plus inquiétantes qu’elles surviennent à une période où la gestion universitaire demeure au cœur des préoccupations des pouvoirs publics, comme en témoignent les récentes concertations nationales sur l’avenir de l’enseignement supérieur ».

 
Pour illustration, l’US a ordonné le paiement de 878,01 millions de FCFA pour des livraisons et des prestations non effectuées. En outre, il a, par contrats simplifiés, effectué d’autres dépenses fictives comme dans le cadre de l’installation et de l’entretien des réseaux téléphonique, informatique et de connexion à internet dont le montant total qui s’élève à 41,93 millions de FCFA a été intégralement payé. La preuve de l’existence ou de l’utilisation des différents matériels objets du contrat n’a pas été fournie à la mission de vérification.

Selon le Vérificateur Général, « un sursaut national gagnerait à tenir compte de ces alertes suffisamment pertinentes  dans le sens où il n’est pas rare d’entendre la population active se plaindre du niveau de nos étudiants. Avec un tel gâchis de ressources financières, ils sont condamnés à ne pas recevoir un enseignement de bonne qualité. Il s’agit là d’une perte à deux niveaux. D’une part, l’Etat perd une quantité inestimable de ressources qui auraient pu servir à renforcer d’autres secteurs de développement prioritaires, et d’autre part, l’avenir de la future génération se trouve hypothéqué par de tels comportements irresponsables dans la gestion des deniers publics. Toutefois, à travers les entretiens réalisés pendant les travaux de vérification, il est heureux de constater que, malgré tout, certains professeurs restent en marge de ces différents écarts ».

Le Vérificateur Général tient à remercier les autorités de la République du Mali ainsi que les responsables de l’Université de Bamako et les invite à la mise en œuvre des différentes recommandations formulées afin de contribuer, tous ensemble, au renforcement de la réforme en cours concernant l’enseignement supérieur au Mali. Il a rappelé que les responsables des cas de fraude signalés sont clairement identifiés et feront l’objet de dénonciations, par ses soins, au Procureur de la République en charge du Pôle Economique et Financier de Bamako qui appréciera les suites à donner.

(NDLR: le titre est de la rédaction)

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1 commentaire

  1. Merci le vérificateur Général , rien n’à dire ! la population analphabète ne comprend pas non plus ce qui se passe dans ce pays, c’est les immeubles qui bouffent tous, des logements plus couteux que le palais présidentiel mais qui sont habités par des fonctionnaires maliens qui ne touchent que 150 000F par mois ; incroyable mais vrai ! nos enfants n’auront jamais de niveau avec ce résultat, mieux vaux recruter des enseignantsen provenance des pays voisins sans complexe , engager des cabinets d’audits qui vont travailler avec l’université du Mali afin de limiter le vol , le détournement, , bref que Dieu protège les maliens

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