Le PRRE ploie sous la mauvaise gestion : Des travailleurs témoignent !

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Le contrôle financier effectué par le Bureau du Vérificateur Général au niveau du Projet de Reconstruction et de Relance Économique (PRRE) est édifiant : la gabegie du Coordinateur, M. Oumarou Camara et sa bande, a occasionné plus de 749 millions FCFA (749 612 155F) d’irrégularités financières, pendant les exercices 2018, 2019 et 2020.

« Nous avons honte, aujourd’hui, de dire que nous sommes des travailleurs du PRRE ; car, la gestion du projet et du Plan de Sécurisation Intégré des Régions du Centre (PSIRC) a perdu son prestige d’antan. À la mauvaise gestion des fonds, s’ajoute un désintéressement quasi-général pour le  travail d’agent du PRRE. Sans compter les scandales, qui ne finissent pas de finir au sein du projet… ». Les gestes hauts et forts, un travailleur du PRRE résume, en ces termes, la situation désastreuse de sa structure. Avant d’ajouter, ému : « tout ce que nous demandons, à nos autorités, c’est de traduire les auteurs de ces irrégularités financières devant la justice. Et à défaut, de nous débarrasser de notre encombrant Coordinateur Oumarou Camara qui a précipité le PRRE dans l’abîme ».

Selon nos sources, le PRRE est dans l’agonie. Mauvaise gestion à la pelle, corruption, népotisme… seraient à l’origine de la mort prématurée de ce projet, pourtant promu à un bel avenir.

D’abord, la mauvaise gestion. À en croire nos sources, elle va de mal en pis. Et aujourd’hui, de pis en pire.

La preuve des épreuves

Pendant les exercices 2018, 2019 et 2020, expliquent nos interlocuteurs, le sport favori du Coordinateur du projet a été « l’indiscipline budgétaire » qui s’est traduite par la gabegie. Sur la base de documents en main, un travailleur explique le dysfonctionnement du dispositif de contrôle interne du PRRE.  

En effet, il ressort de l’examen des comptes bancaires de l’UCP (Unité de Coordination du Projet) et des Maîtrises d’Ouvrage Délégué (MOD) ainsi que des pièces justificatives des décaissements effectués sur le compte d’intérêts de SOS-Sahel que le Coordinateur de l’UCP, Oumarou Camara, a autorisé l’ONG SOS-Sahel à effectuer trois (3)  prélèvements irréguliers sur le compte d’intérêt pour préfinancer des activités du financement additionnel du PRRE en attendant la mise à disposition des fonds. Le manuel de procédures du projet ne prévoit pas ces préfinancements, et le Coordinateur n’a pas demandé l’avis de non objection de l’IDA (Association International de Développement). Le montant total des trois décaissements effectués en avril, mai et juin 2019, au profit de l’AMAP pour la publication d’avis à manifestation d’intérêts dans le journal « L’Essor », s’élève à 1 937 700 FCFA. De plus, après réception des fonds depuis le 27 août 2019, SOS-Sahel n’a pas procédé au remboursement du préfinancement. Cependant, suite aux travaux de vérification, expliquent nos sources, l’ONG a effectué les remboursements dans le compte d’intérêt de l’UCP, notamment à travers les ordres de virement n°63/SOSSIF-PRRE2 MD-2020 de 1 722 450 FCFA et n°63/SOSSIF-PRRE2 MD-2020 de 215 250 FCFA, tous en date du 15 juillet 2022 et reçus par la banque le 2 août 2022.

Un service de mafieux pour des mafieux 

Autres gaffes relevées dans la gestion du PRRE, le Coordinateur de l’UCP, Oumarou Camara ; le Directeur Général de l’AGETIER, Zana Coulibaly, le Directeur Général de l’AGETIPE, Boubacar Sow et le Directeur pays de CARE International au Mali ont procédé aux règlements de marchés, sans exiger le paiement des droits d’enregistrement ou de la redevance de régulation.

Et le hic qui titille, selon nos interlocuteurs, c’est que le Coordinateur de l’UCP, Oumarou Camara, a payé les marchés n°0612CPMP/2019 relatif au recrutement d’une Agence de Communication et n°3592/CPMP/2019 relatif au suivi des activités déjà visitées par la tierce partie sans s’assurer de l’acquittement de la redevance de régulation pour des montants respectifs de 286 950 FCFA et 75 440 FCFA. Le montant total compromis s’élève à 362 390 FCFA.

Au même moment, le Directeur Général de l’AGETIPE, Boubacar Sow, ne s’est pas assuré du paiement de la même redevance sur 22 contrats de marché payés pour un montant cumulé compromis de 8 771 454 FCFA ainsi que deux (2) autres contrats réglés mais dont les droits d’enregistrement n’ont pas été payés pour un montant de 3 623 842 FCFA. La redevance de régulation n’a pas été acquittée pour un montant de 712 689 FCFA. Le montant compromis s’élève à plus de 13 millions FCFA (13 107 985F). Pire, le Vérificateur a constaté que le Directeur Général de l’AGETIER, Zana Coulibaly, ne s’est pas assuré du paiement de la redevance de régulation sur le contrat n°F1-BFEO-280-02-09/ pour un montant de 78 538 FCFA.

En outre, le Directeur pays de CARE International au Mali ne s’est pas assuré du paiement de la redevance de régulation sur cinq (5) contrats payés pour un montant total compromis de 1 180 514 FCFA. Le montant total compromis s’élève à 14 729 427 FCFA dont 3 623 842 FCFA pour les droits d’enregistrement et 11 105 585 FCFA pour les redevances de régulation.

Alerte aux scandales

Le Coordinateur de l’UCP, Oumarou Camara et le Directeur Général de l’AGETIPE, Boubacar Sow, ont ordonné le paiement de contrats revêtus de faux cachets d’enregistrement. Il ressort du rapport d’enquête du Vérificateur que le Coordinateur de l’Unité de Coordination du Projet reconstruction et de relance Économique a payé trois (3) marchés revêtus de faux cachets d’enregistrement. Le montant total compromis s’élève à plus de 69 millions de nos francs (69 252 900 FCFA) dont 59 359 629 FCFA au titre des droits d’enregistrement et 9 893 271 FCFA au titre de la redevance de régulation.

Comme si cela ne suffisait pas, nos sources révèlent que le dirlo de l’AGETIPE, Boubacar Sow, a payé quatorze (14) contrats revêtus de faux cachets d’enregistrement. Le montant total compromis s’élève à 59 833 642 FCFA dont 51 285 979 FCFA au titre des droits d’enregistrement et 8 547 663 FCFA au titre de la redevance de régulation. Ce n’est pas tout.

Le Coordinateur Oumarou Camara du PRRE et le Spécialiste en Gestion Financière du projet ont effectué des décaissements irréguliers sur les intérêts créditeurs générés par les comptes bancaires.

De janvier à juillet 2022, indiquent nos interlocuteurs, ils ont effectué, sur le compte d’intérêts de l’UCP, 81 décaissements pour un montant total de plus de 132 millions FCFA (132 135 926F) alors qu’aucune dépense sur les intérêts générés n’a été prévue dans le PTBA (Plan de Travail et de Budget Annuel) 2022. De même, ils ajoutent que les deux responsables de l’UCP ont procédé au remboursement d’un montant total de 123 578 849 FCFA dont 71 498 359 FCFA en juin 2022 et 52 080 490 FCFA en août 2022. Le reliquat non remboursé s’élève à 8 557 077 FCFA. Au cours de la mission de vérification financière et avant la séance du contradictoire, l’UCP a procédé au remboursement des intérêts créditeurs utilisés d’un montant de 8 557 077 FCFA à travers l’ordre de virement n°35/2022/FA/Compte PRRE du 07 septembre 2022 et déchargé par le service courrier arrivée de la BNDA, le 14 septembre 2022.

Outre, cette mauvaise gestion, nos sources révèlent que l’Unité de Coordination du PRRE est malade. Malade de son Coordinateur Oumarou Camara, dont les magouilles sont de notoriété publique. Malade, aussi, de la corruption et du népotisme, érigés en mode de gestion. Les maux du PRRE se résument en peu de mots : affairisme, détournement de fonds et  gestion clanique des ressources humaines et financières de la boîte.

La preuve : plus de 726 millions de francs CFA manquent à l’appel de la caisse. D’où la recommandation du vérificateur général de transmettre le dossier à la justice.

Jean Pierre James

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