"La décision de suspendre les subventions accordées au Mali intervient à la suite d’une enquête menée par l’Inspecteur général du Fonds mondial qui a permis de mettre au jour le détournement d’environ 4 millions de dollars US. L’enquête a permis d’établir que de hauts responsables chargés de la mise en œuvre des subventions avaient émis de fausses factures, de faux documents d’appel d’offres et étaient à l’origine d’une surfacturation de biens et services, notamment pour ce qui concerne les activités de formation…Le Fonds mondial ne tolère aucune…". Voilà, en substance, ce que dit le Communiqué officiel diffusé par le Fonds mondial, relatif à l’affaire de détournement qui vient de coûter son poste au ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré.
près la sortie du gouvernement du ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, le 5 décembre 2010, le Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Michel Kazatchkine, a déclaré que "Le Fonds mondial ne tolère aucune fraude et il nous incombe d’agir immédiatement pour y mettre fin, récupérer les fonds détournés et établir les moyens les plus fiables pour acheminer les ressources vers les personnes qui en ont le plus besoin … La suspension de subventions est, pour le Fonds mondial, le moyen de faire comprendre aux parties concernées que les détournements de fonds ne sont pas acceptables. Il s’agit, ensuite, de travailler de façon constructive avec les pays pour résoudre les problèmes et concentrer nos efforts pour sauver des vies. Je salue le président du Mali, Amadou Toumani Touré, pour la fermeté dont il fait preuve dans la lutte contre la corruption".
Comme on le voit, la décision du président de la République de se débarrasser de son désormais ex-ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, a été saluée, à sa juste valeur, par le Fonds mondial qui en avait fait une condition de la poursuite se son partenariat avec notre pays. Mais cette décision, de même que l’incarcération d’une quinzaine de cadres et d’agents de la Santé n’a, pour autant, pas empêché l’institution onusienne de sanctionner notre pays. Elle a "suspendu avec effet immédiat le financement de deux subventions sur le paludisme au Mali et a mis fin à une troisième subvention destinée à la lutte contre la tuberculose après avoir recueilli des preuves de détournements de fonds et de dépenses injustifiées. La gestion des subventions suspendues sera confiée à un nouveau récipiendaire principal. Le Gouvernement malien a condamné ces détournements et travaille avec le Fonds mondial à ce que les programmes liés aux subventions suspendues puissent reprendre au plus vite. Outre la suspension du versement des subventions accordées au Mali, le Fonds mondial a placé les subventions octroyées à cinq pays sur une liste dont les contrôles vont être renforcés, leurs activités examinées plus en détail et certaines restrictions imposées à leur mouvement de trésorerie. Ces cinq pays sont la Côte d’Ivoire, Djibouti, le Mali, la Mauritanie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Le Fonds mondial met également en place un certain nombre de mesures destinées à empêcher et a détecter une éventuelle utilisation abusive de crédits alloués à des programmes de formations dans les 144 pays qui bénéficient de financements du Fonds mondial. Ces mesures ont été adoptées, suite à des éléments de preuve indiquant que des dépenses liées à des programmes de formation et à l’achat de médicaments pourraient être sujettes à des détournements dans le cadre de financements du secteur de la santé par les donateurs internationaux".
C’est dire qu’on est loin des 143 millions FCFA que le ministère de la Santé a longtemps évoqué comme étant le montant des sommes détournées.
Pour la première fois également, le Fonds mondial accuse directement de hauts responsables de la Santé au Mali et donne les raisons qui ont motivé cette mesure de suspension : "La décision de suspendre les subventions accordées au Mali intervient à la suite d’une enquête menée par l’Inspecteur général du Fonds mondial qui a permis de mettre au jour le détournement d’environ 4 millions de dollars US. L’enquête a permis d’établir que de hauts responsables chargés de la mise en œuvre des subventions avaient émis de fausses factures, de faux documents d’appel d’offres et étaient à l’origine d’une surfacturation de biens et services, notamment pour ce qui concerne les activités de formation.
Les trois subventions concernées par cette décision au Mali sont : une subvention contre le paludisme d’un montant de 14,8 millions de dollars US pour l’achat et la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide ; une subvention d’un montant de 3,3 millions de dollars US pour l’achat de médicaments antipaludéens et une subvention d’un montant de 4,5 millions de dollars US destinée à la lutte contre la tuberculose, ciblant entre autres les détenus, les communautés minières et les patients atteints de tuberculose multirésistante. D’autres subventions octroyées au Mali font également l’objet d’une enquête. Toutes les mesures nécessaires ont été prises pour éviter une interruption des traitements indispensables financés par le Fonds mondial".
On se demande maintenant sans subvention comment les malades pourront recevoir des traitements.
Déjà on parle de manque de médicaments antituberculeux dans certaines localités du pays. C’est dire que l’Etat est maintenant obligé de faire face à ses obligations vis-à-vis des malades.
Comme le président de la République l’a, d’ailleurs, toujours soutenu : "Les malades ne seront jamais les laissés-pour-compte".
Espérons-le.
Mamadou FOFANA