Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a indiqué mardi qu’il avait suspendu le financement de deux projets au Mali et mis un terme à un troisième, avec effet immédiat, après avoir prouvé des détournements de fonds et des dépenses injustifiées.
Dans un communiqué, il indique que « le gouvernement du Mali a condamné » ces pratiques et « travaille avec le Fonds mondial pour résoudre les problèmes et s’assurer que les activités de subvention peuvent reprendre dès que possible ». Il salue « l’étroite collaboration des autorités maliennes », qui ont emprisonné 15 personnes et transmis l’affaire à un juge d’instruction. Il rappelle aussi que d’autres projets font actuellement l’objet d’enquête au Mali et que d’autres mesures pourraient être prises ultérieurement.
« Selon les principes de l’organisation, le Fonds exige le remboursement intégral des sommes détournées », souligne le communiqué, qui précise qu’à ce jour, « le Fonds mondial a débloqué 128 millions de dollars de subventions pour le Mali, dont 79 déjà décaissées ».
« Le Fonds mondial ne tolère aucune fraude, et nous prenons des mesures publiques pour les empêcher, récupérer l’argent perdu et établir de nouveaux canaux dignes de confiance afin que les ressources puissent atteindre ceux qui en ont besoin », a déclaré le Directeur exécutif du Fonds, Michel Kazatchkine.
Des projets subventionnés dans quatre autres pays – Côte d’Ivoire, Djibouti, Mali, Mauritanie et Papouasie-Nouvelle-Guinée – sont en effet aussi soumis à de nouvelles restrictions de mouvements de trésorerie et à une « Politique de garantie supplémentaire » prévoyant un examen plus approfondi des activités entreprises grâce aux subventions.
« La suspension de financement est la méthode utilisé par le Fonds pour informer clairement tous les intéressés. C’est une manière structurée de travailler avec les pays pour qu’ensemble, nous puissions laisser les problèmes derrière et nous concentrer sur les vies à sauver », a encore ajouté Michel Kazatchkine, avant de saluer « la position ferme du Président malien Amadou Toumani Touré dans la lutte contre la corruption ».
Dans son communiqué, le Fonds mondial explique que « la décision de suspendre des subventions au Mali intervient après une enquête menée par l’inspecteur général du Fonds, qui a constaté que près de 4 millions de dollars avaient été détournés ».
« L’enquête a mis en lumière une fraude organisée par des hauts fonctionnaires travaillant pour les exécutants de subvention, via des fausses factures, la création de faux documents, la surfacturation de biens et services, en particulier en ce qui concerne les activités de formation », décrit-il.
Les trois projets en cause sont une subvention de 14,8 millions de dollars pour l’achat et la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide aux femmes enceintes et aux enfants de moins de cinq ans, une subvention de 3,3 millions de dollars pour l’achat de médicaments anti-paludisme et une subvention de 4,5 millions de dollars pour des traitements contre la tuberculose à destination de prisonniers, de membres des communautés de mineurs et les malades multi-résistants.
Pour conclure, le Fonds mondial indique qu’il a également mis en place de nouvelles mesures dans les 144 pays qui reçoivent ses subventions, « afin de prévenir et détecter d’éventuels détournements de fonds dans les domaines des formations et des approvisionnements en médicaments, particulièrement propice à des malversations ».
Source : Centre d’actualité de l’Onu