Le conseil national de la société civile et le pôle économique et financier ont émis l’idée de travailler mutuellement, en mettant en place un comité de veille dans le cadre de la lutte contre la corruption. C’était lors d’un atelier d’échanges organisé, hier mercredi, par le projet Cowater Sogema pour la redevabilité publique et participation des femmes au Mali.
-Maliweb.net- Pour la première fois au Mali, le Procureur du pôle économique et financier, Mamadou Diawara et les responsables des organisations membres du Conseil national de la société civile (CNSC) sont parvenus à s’unir autour d’une même table et d’évoquer la question de la corruption qui sape tous les efforts de développement. En présence de la presse, les deux structures ont débattu sans ambages les manifestations de la corruption et ses conséquences sur le développement de notre pays avec des exemples.
D’emblée, le Procureur Mamadou Diawara s’est réjoui de la rencontre d’échanges avec la société civile en indiquant que les populations craignaient de rencontrer le pôle économique et financier qui, selon lui, n’était pas également ouvert aux gens. Toute chose que sapent les efforts de lutte contre phénomène de la corruption. « La justice doit rassurer la population. La lutte contre la corruption n’est pas seulement du ressort de la justice. Elle doit être inclusive. C’est-à-dire une coopération entre les différentes structures chargées de lutte contre le phénomène », a-t-il affirmé.
Evoquant les manifestations de la corruption au Mali, le Procureur du pôle économique s’est insurgé contre l’article 95 de Constitution du 25 février. En effet, cet article prévoit que ‘’ … La mise en accusation du Président de la République et les Ministres est votée par scrutin public à la majorité des 2/3 des Députés composant l’Assemblée Nationale. La Haute Cour de Justice est liée par la définition des crimes et délits et par la détermination de peines résultantes des lois pénales en vigueur à l’époque des faits compris dans la poursuite’’. Pour lui, cette disposition de la loi fondamentale est un frein contre la corruption, car elle protège les membres de l’exécutif contre les poursuites en cas de crime financier. Alors que, dit-il, le gouvernement du Mali exécute 98 % du budget annuel, ‘’ l’article 95 ouvre la voie à la concussion, aux surfacturations, les cas de faux et usages de faux. Ceux qui détournent les fonds publics se sont les mêmes qui sont les enfants bénis qui font des dons dans les mosquées et les églises’’.
Et d’ajouter, ‘’ c’est une gouvernance opaque, car la politique est devenu un moyen d’ascension sociale. Les fonds détournés lors des retro-commissions et de surfacturations sont utilisés lors des élections pour battre campagne’’. Le pôle économique et financier et le Conseil national de la société civile sont convenus de mettre en place un comité de veille dans le cadre de l’ouverture et le suivi des dossiers de crime financiers. Toute chose que a insisté le Président du CNSC, Boureïma Allaye Touté, a déclaré : ‘’ si on se lève pas contre le phénomène de la corruption, c’est l’existence du pays que va disparaître. Car nous n’y aurons plus de d’école, de centre de santé …’’.
Au Mali, le niveau très élevé de la corruption a affecté grandement l’efficacité du système public et la livraison des services aux populations à la base. La mauvaise gestion de l’argent public est un facteur aggravant des inégalités du genre dans tous les secteurs de développement. Notre pays est classé 95ème nation 167 selon le rapport 2015 de l’indice de la perception de la corruption, 122ème sur 180 pays sur le rapport de transparency international et 182ème sur 189 selon le rapport de l’indice de développement humain et l’indice de l’égalité entre les genres et le développement du genre
Siaka DIAMOUTENE/ Maliweb.net