Kokadjé : Une initiative tardive et non convaincante

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Depuis la mise en place du gouvernement Cissé Mariam Kaïdaman Sidibé, le président de la République Amadou Toumani Touré a, seulement à une année de la fin de son 2è quinquennat, procédé à une série de limogeages. Ont été frappés en premier lieu, les Directeurs des finances et du matériel (DFM) puis les Directeurs nationaux. Si ces actions s’inscrivent dans le cadre d’une opération de lutte contre la magouille, on est bien loin du compte.

La délinquance financière et l’impunité ont déjà gangréné le Mali. elles ont pris de l’ampleur au cours du 2è quinquennat du président ATT qui s’est fait entouré d’hommes ambitieux et gourmands pour une prétendue ouverture politique dans le but de mettre fin à l’opposition.

On est finalement dans une forme de gouvernance calamiteuse caractérisée par des détournements de fonds, des arnaques foncières et des abus de pouvoirs. Les rapports de l’ancien Végal Sidi Sosso Diarra et de la CASCA sont édifiants. Les dossiers des gros poissons sont mis dans le tiroir au nom du respect de la dignité humaine. Pourtant, des petits poissons croupissent dans des prisons et font la Une des journaux.

Le cas s’est produit lors de l’affaire du Fonds mondial. Comment peut-on lutter contre la délinquance financière et punir les auteurs si l’on doit faire cela en deux poids deux mesures? Les vérifications visant le sommet sont vouées à l’échec. Beaucoup de ministres ont pu se défaire de la vigilance de la justice. On peut citer entre autre, Ahmed Diane Séméga avec sa facture du thé s’élevant à 11 millions de Cfa, l’ancien ministre du commerce et de l’industrie Mamadou Abdoulaye Diallo avec ses marchés et exonérations illégaux. Il faut aussi noter le réseau de vautours installé ces dernières années pour ‘’piquer’’ dans les caisses de l’État. Il s’agit des fourre-tout qui se disent aussi proches du président ATT.

Ceux-ci sont à la fois responsables d’institutions, leaders de la société civile, dirigeants politiques, opérateurs économiques. Parmi eux, Jeamille Bittar président de la CCIM et du Conseil Economique, Social et Culturel, Bakary Togola président de l’APCAM et actionnaire dans une entreprise fournisseur d’engrais, Diadié Ba DG de l’entreprise Gnouman SA. Plusieurs preuves de malversations seraient mises à jour contre ces hommes. Mais rien n’est fait. Beaucoup de gens pensent que les 32 dossiers de la CASCA remis à la justice pourraient faire tomber certaines grosses sangsues. Ces documents seront-ils mis dans les tiroirs comme tant d’autres?

Jeamille Bittar serait mouillé avec plus de 100 millions de manque à gagner. Beaucoup d’autres cadres sont concernés comme certains en charge de l’initiative riz, la Délégation générale aux élections, l’université de Bamako et plusieurs ministères dont celui de l’économie et des finances. Seront-ils punis selon les dispositions de la loi?

En tout cas, le doute plane dans la mesure où les sanctions immédiates n’ont jamais prévalu à ce niveau. Pour l’instant, le président ATT se balade avec son balai dans les directions. On ne voit que des limogeages et non des sanctions. C’est pour dire que toutes ces manœuvres servent à donner une impression de sa sincérité par rapport à la lutte contre l’impunité et la délinquance financière.

Issa Santara

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