Inculpation de Oumar I Touré : La ténacité du Fonds mondial a eu raison de la protection présidentielle

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Le procureur général près la Cour suprême du Mali, par un communiqué publié le 2 juin 2011, porte à la connaissance du public, que l’ancien ministre de la Santé, Oumar Ibrahim Touré, a été inculpé le même jour et placé sous contrôle judiciaire. A la différence des autres prédateurs de la République, le ministre Oumar Ibrahim Touré et ses compagnons d’infortune ont malheureusement poussé trop leur audace en s’attaquant aux ressources allouées par le Fonds mondial.

La ténacité des donateurs du Fonds mondial vient d’avoir raison en partie de la dure protection présidentielle.

Notre rédaction souligne pour ses lecteurs que le Président Amadou Toumani TOURE, devant assister, le 8 juin prochain à Génève, au Conseil d’Administration du Fonds mondial, est obligé de poser cet «acte majeur», qui n’est ni plus ni moins «qu’une fuite en avant» ; pour combien de temps encore ?

Inculpation pour inculpation, à l’opposé des autres agents de l’Etat, qui croupissent entre les quatre murs de la prison, depuis août 2010, le ministre Oumar Ibrahim Touré bénéficierait toujours d’une protection «divine», car même inculpé ce dernier dormira à domicile, circulera librement au volant de sa voiture et vaguera à ses occupations.

L’opinion se rappelle certainement du même bras de fer, qui a opposé Henri Konan Bédié dans les années 2000 dans l’affaire du financement des projets de santé publique par l’Union Européenne, autour de 18 milliards.

Le procureur général près la Cour suprême du Mali, par un communiqué publié le 2 juin 2011, porte à la connaissance du public, que l’ancien ministre de la Santé, Oumar Ibrahim Touré, a été inculpé le même jour et placé sous contrôle judiciaire.

A ce niveau, il est bien clair que ce communiqué, qui ne respecte ni les normes juridiques ni l’éthique, ne se justifiait pas et ne concerne aucunement le public, dans la mesure où nous sommes dans le domaine du droit commun et non dans le domaine de la politique.

Le ministre Touré est poursuivi pour des faits, qui constituent depuis, le quotidien de l’administration publique. Il est inculpé pour crime d’atteinte aux biens publics, détournement de deniers publics, faux, usage de faux, favoritisme et complicité de favoritisme ; toutes choses pour lesquelles la poursuite judiciaire est une exception sous la gouvernance du président Amadou Toumani Touré.
A la différence des autres prédateurs de la République, le ministre Oumar Ibrahim Touré et ses compagnons d’infortune ont malheureusement poussé trop leur audace en s’attaquant aux ressources allouées par le Fonds mondial.

Il n’est un secret pour personne, pour ce qui concerne les ressources allouées par le budget d’Etat, que si par extraordinaire le juge est saisi pour des faits similaires, très peu de ces saisines sont poursuivies et rarement elles aboutissent à des condamnations, quand ce n’est pas que ces dossiers sont subtilement retournés contre l’Etat, qui, lui, est souvent condamné à payer de fortes sommes d’argent à ces mafieux.

L’ancien président de la Cellule d’appui aux structures de l’administration (CASCA), Bréhima Diallo, ne pouvant se contenir lors de la remise du rapport 2007 de la structure, déplorait l’indifférence des pouvoirs publics face au fléau de la corruption, de la malversation et autres délinquances financières.
Dans cette intervention, qui a été d’ailleurs sa dernière au palais de Koulouba, M. Bréhima Diallo a souligné que «…Si l’administration fait l’objet de tant de récriminations, c’est par ce qu’elle ne fonctionne plus selon les règles et procédures dont la mise en œuvre ordonnée et coordonnée fait sa force. Aujourd’hui, tout se passe comme si les responsables administratifs, à quelque échelon qu’ils se trouvent, avaient renoncé à exercer les prérogatives qu’ils tiennent de la loi». Sans commentaire.

Il n’y a aucun doute que les donateurs du Fonds mondial ont gagné une première bataille, en faisant mettre aux arrêts une vingtaine de cadres maliens, mais surtout, malgré cette solidarité gouvernementale mal inspirée et aussi ce mécontentement présidentiel incompris, à faire inculper et placer sous contrôle judiciaire un ministre de la République.

La deuxième bataille est le respect d’une conditionnalité essentielle en ce qui concerne le remboursement de la totalité des fonds frauduleusement soustraits. Ces fonds, qui seraient estimés à plus de 2 milliards FCFA, seront restitués par le Trésor public, en clair, sur les fonds des contribuables maliens déjà exténués.
Safounè KOUMBA

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