Même s’il se veut laconique, le contenu du fameux communiqué produit par le Parquet suite à l’arrestation de l’ancien ministre de la santé, tranche avec les promesses du président ATT consistant à ne pas humilier les présumés coupables. Il est également et désormais source d’antécédents.
Ce n’est pas la première fois, à l’image d’Oumar Ibrahim Touré, qu’un cadre, ayant occupé de hautes fonctions dans l’administration d’Etat est interpellé pour sa gestion. Mais c’est bien la première fois que la mise sous mandat de dépôt d’un suspect de ce rang fasse l’objet d’un communiqué diffusé à même par les médias d’Etat.
Il n’est évidemment pas dans l’habitude des autorités nationales de produire pareil communiqué suite à une affaire judiciaire. C’est dire que la nature du dossier et surtout la pression des donateurs ont été déterminantes dans la décision des autorités de la République.
Le Fonds Mondial s’est en effet montré très exigeant non seulement par rapport au remboursement intégral du montant détourné soit un peu plus de 2 milliards de nos francs, mais également par rapport à la répression de la faute. C’est à ces deux conditions que le Fonds de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme a été reconstitué en faveur du Mali.
En clair, la déclaration officielle relative à l’inculpation des présumés auteurs dont l’ancien ministre de la santé s’avérait bel et bien une des conditions édictées par les partenaires du Fonds Mondial.
Alors circulez, il n’y rien à voir ? Pas si simple que çà ! La décision porte en elle les germes d’un fâcheux antécédent.
Tous les suspects de détournement et malversations financières, avant d’être reconnus coupables par la justice, doivent donc désormais s’attendre à un communiqué officiel tenant presque lieu de verdict ou presque. Ce qui n’est pas sans violer quelques principes sacro-saints.
Par ailleurs, la possibilité pour des partenaires au développement d’imposer une ligne de conduite à l’administration judiciaire du pays laisse craindre une dépendance totale de l’institution judiciaire et au delà, une justice à deux leviers, selon la nature des fonds détournés.
En somme, le principe est susceptible d’être appliqué à la demande des partenaires étrangers, chaque fois qu’il s’agit de fonds étrangers ; et de passer sous silence selon que le bien détourné soit d’obédience nationale.
B.S. Diarra