Haro sur les bouffecrates de la Rue publique

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Pour l’écrasante majorité de nos concitoyens, les festivités du cinquantenaire offrent, aux bouffecrates de la Rue publique l’occasion de se ragarnir la panse, déjà, trop pleine.

 

Les dieux ne sont, peut –être, pas tombés sur la tête ; mais les Maliens ont, manifestement, vue le ciel s’écraser sur leur crâne. En cette période où, l’écrasante majorité de nos concitoyens peinent à se procurer trois repas par jour, les Princes qui nous gouvernent annonce, à grand renfort de publicité, la célébration du cinquantenaire de l’accession de notre pays à l’indépendance.

Estimé à plus de 7 milliards CFA, le budget destiné aux festivités du cinquantenaire sera revu à la baisse. Du moins, si l’on en croit Sa Majesté.

 

Mais pour les « Maliens d’en bas », rien ne justifie ces dépenses princières. Surtout, en ce début de Ramadan où, sept Maliens sur dix tirent le diable par les poils de la queue. « 50 ans après le départ du colon français, nous ne sommes ni indépendants, ni souverains. Excepté Modibo Keïta, tous les présidents qui se sont succédé à la tête de notre pays se sont révélés incapables d’assurer l’autosuffisance alimentaire. De 1968 à nos jours, le Mali n’est ni maître de sa politique extérieure, ni maître de sa monnaie », fait remarquer S.T, vieil enseignant à la retraite. Avant de s’interroger, la colère dans la voix : « Alors, quelle indépendance célébrons –nous ? ».

 

Interrogé, quelques mois après la nomination du Pr Oumar Hammadoun Dicko à la tête de la Commission nationale d’organisation du cinquantenaire, Amadou « Djicoronié », compagnon de feu Modibo Keïta rassure : « Ces 50 ans se déclinent en 8 ans d’indépendance et 42 ans de dépendance ». Car pour lui, l’indépendance du Mali a pris fin avec le coup d’Etat militaire de novembre 1968. Qui a mis fin à la première République. Mais aussi, à l’existence du légendaire « Franc malien ». « Durant ces 42 dernières années, le Mali n’a été, ni indépendant, ni souverain », conclut –il.

 

 

Le monument qui pèse plus d’un milliard CFA

Ce qui révolte, davantage, nos concitoyens c’est le coût du monument, dit du cinquantenaire. Mesurant plus de 100 mètres de haut, il coûtera la bagatelle d’un peu plus d’un milliard de nos francs.

 

Il se compose de deux calebasses. La première symbolise les cinquante ans de notre indépendance ; tandis que la seconde calebasse, les cinquante prochaines années. Certes, la symbolique est forte. La calebasse est au cœur de toutes les cérémonies en Afrique : naissance, baptême, mariage, sons de santé etc…

 

Mais de là à débourser plus d’un milliard CFA pour deux calebasses, il n’y a qu’un pas que les Maliens se gardent de franchir.

Le premier site prévu pour abriter ces « deux calebasses » était le flanc de la colline du pouvoir. Comme le Monument de la Renaissance Africaine du Président Wade. Avant que le site soit transféré sur les berges du fleuve Niger.

Ce qui choque nos concitoyens, c’est le prolongement des travaux dans le lit du fleuve. Bâti sur une superficie de 3 hectares, située entre le Pont Fadh et la Brigade fluviale, le monument du cinquantenaire a, déjà, entamé le lit du fleuve. Les travaux de remblais réduisent, chaque jour qui passe, le lit du fleuve. Comme une peau de chagrin.

 

« Déjà le fleuve Niger est victime de toutes sorte d’agression : déchets industriels, animaux morts, eaux usées, ensablement, plantes aquatiques etc… Et comme si tout cela ne suffisait pas, c’est le gouvernement même qui prend la décision historique d’ériger ce monument dans le lit du fleuve », déplore A.K, un vieux pêcheur. Et de conclure : « Si ceux –là même qui sont censés protéger le fleuve Niger, qui y autorisent la construction d’un monument, il y a péril en la demeure ».

 

Pour l’écrasante majorité de nos concitoyens, les Princes qui nous gouvernent doivent l’économie de ces milliards, en s’inspirant de certains pays voisins. Notamment, le Niger ou la Côte –d’Ivoire qui, a regard de la conjoncture économique actuelle, ont décidé de célébrer leur cinquantenaire, sans tambour, ni trompette.

 

Contrairement à notre pays, accroc au spectacle au « m’as –tu vu ! », ces deux pays décident de réfléchir sur les voies et moyens, susceptibles de sortir leurs populations de la misère.

 

Pendant ce temps, nos Princes s’apprêtent à faire ce qu’ils savent faire le mieux : se servir des milliards du cinquantenaire pour mieux se servir.

Pauvres de nous !

 

Le Mollah Omar

 

 

A quoi bon célébrer, à coups de milliards, une indépendance qui n’en est pas une alors que le peuple crève de faim ?

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