Tout observateur de la scène politique malienne ne peut qu’être frappé par l’attachement du président IBK à la bonne gouvernance. Ses différents discours sur fond de références au Coran n’ont pas réussi à convaincre les uns sur sa loyauté devant l’utilisation de la chose publique. D’ailleurs à plusieurs reprises, il est descendu de son piédestal pour demander à quiconque de montrer un moindre lopin de terrain lui appartenant, au-delà de son héritage paternel de Sébénicoro. C’est parce qu’il en parle peut être trop avec fierté, qu’on n’est pas prêt à le croire. Au-delà des signes extérieurs de son embourgeoisement, personne ni aucun organisme n’a pu réussir à apporter la preuve de la détention de sommes indues, aussi bien dans les comptes très secrets au Panama que dans ceux des banques de la place.
Sa vision n’a pas, certes, produit tous ses effets escomptés, mais l’espoir est permis que le nouvel office central de lutte contre l’enrichissement illicite en soit un outil précieux pour mettre en œuvre ses valeurs d’éthique. Car il constituera à coup sûr un garde-fou certain pour la gestion optimale des ressources publiques par une maîtrise de l’évolution du patrimoine des personnes en charge des affaires publiques. A son niveau seront reçues toutes les déclarations de biens en meubles et immeubles des assujettis. Et en cas de variations injustifiées de ces biens, cet office aura la latitude de saisir le Procureur de la République ou tout autre magistrat compétent. C’est ce rôle de dénonciation du fait d’enrichissement illicite qui doit inciter tout le monde à soutenir un tel instrument.
Cependant, la notoriété de cet organe viendra de ses premières actions. Comme dit un proverbe de chez nous, « pour faire peur aux vivants il faut commencer par fouetter les cadavres ». En la matière, on ne souhaite point que ce énième organe de lutte contre la délinquance économique et financière soit une centrale de règlements de comptes politiques ou un filet pour prendre le menu fretin, lissant les gros poissons s’échapper par ses mailles .
La réussite de sa mission donnera de la valeur à la promesse et aux propos que le président de la République tient à toutes les occasions, par rapport à la lutte contre la corruption. Car, à la différence des autres structures existantes l’office central de lutte contre l’enrichissement illicite pourra constituer un outil précieux pour la fracture sociale ; donc, un levier précieux de régulation de la justice sociale. Mais surtout un moyen de restaurer la confiance entre les gouvernés et les gouvernants, surtout, de celle que les premiers doivent exprimer et manifester à l’égard des seconds.
La lutte contre l’enrichissement illicite est un processus long et fastidieux mais pas impossible. Il est donc permis d’y croire.
Moustapha Diawara