Remercié du gouvernement à la faveur du dernier remaniement, l’ancien ministre de l’Artisanat et du Tourisme doit faire face à une mission de contrôle sur sa gestion financière pendant son passage au gouvernement. Demandée par son successeur, Mohamed El Moctar, l’arrivée de cette mission fait débat. Et les avis sont divergents sur l’utilité d’une telle démarche.
Nommé en avril dernier à la tête du ministère de l’Artisanat et du Tourisme, en remplacement de N’Diaye Bâh, Mohamed El Moctar a décidé de faire la lumière sur la gestion des fonds au département. L’information nous a été révélée par de sources bien informées. Qui annoncent l’arrivée, aussitôt après sa prise de fonction, des agents du Contrôle général d’Etat.
Depuis, la nouvelle a vite fait le tour des milieux politiques, et on ne comprend pas comment El Moctar, qui est camarade du même parti (PDES) que N’Diaye Bâh, chercherait des poux dans la tête de son prédécesseur ?
Mais selon des cadres de l’entourage du ministre Mohamed El Moctar, l’initiative n’est pas forcément une cabale enclenchée contre N’Diaye Bah. Car, nous expliquent-ils, il est de tradition chez El Moctar, après sa prise de fonction, de faire l’état des lieux de la gestion financière avant tout nouveaux chantiers. Nos interlocuteurs nous indiquent qu’en octobre 2007, il avait procédé au même exercice au ministère de la Culture, lorsqu’il a remplacé Cheick Oumar Sissoko. « Sa démarche n’est pas méchante, elle ne vise pas forcément à créer des problèmes. Mais j’ai compris que c’est un homme de principe. Il veut savoir ce qu’il en est des finances avant de commencer », nous a confié un ancien collaborateur du ministre El Moctar, qui partage l’initiative. Mais de l’avis d’un haut fonctionnaire de défense, cette démarche peut être sujette à polémique. Pour lui, « Tout cadre qui entend que son successeur vérifie, à travers les services de contrôle, sa gestion financière, pourrait le prendre en mal. Surtout qu’au Mali, le moindre sujet de ce genre fait place aux spéculations ».
La peur au ventre ?
Si l’initiative du ministre El Moctar n’est pas forcément d’incriminer son prédécesseur, l’annonce de la nouvelle peur couper le sommeil à l’intéressé. Pour un ministre qui a dirigé pendant des années ce département. Il faut donc attendre de pied ferme les conclusions de ce rapport de contrôle.
Si N’Diaye Bâh n’a été autant épinglé par les rapports du Vérificateur général ou de la Casca, la gestion des fonds de certaines grandes manifestations reste encore non clarifiées. Il s’agit, entre autres, de la participation du Mali au folklive de Washington, les différentes éditions du Salon international de l’artisanat et du tourisme à Paris…
Dans un pays fortement affecté par la corruption et la délinquance financière, la gestion des fonds en ces genres de manifestations peut être à l’origine de nombreux scandales. Mais en attendant, les proches de N’Diaye Bâh précisent qu’il reste serein et comprend parfaitement que sa geste se prête au contrôle d’une structure de l’Etat qu’il a toujours servi. Comme pour ironiser, ses proches nous déclarent que c’est cela sa différence avec Tiéblé Dramé. Qui a été ébranlé après la mise en place d’une mission de contrôle des fonds du 23e Sommet Afrique-France, dont il était le président de la Commission d’organisation.
Issa Fakaba Sissoko