La grande corruption s’installe lorsqu’il y a faiblesse de l’État, absence de sentiment national, précarité du régime politique. Chaque homme politique, ou chef militaire tend absolument à se servir et à servir sa base ou les intérêts des siens. Cela se voit, se sent même à travers les différentes décisions ou différents débats officieux en dehors des institutions.
La corruption est à la fois cause et effet de mauvaise gouvernance. Les Nations-unies estiment que «la corruption demeure le défi le plus redoutable pour l‘élimination de la pauvreté, la création d’un environnement prévisible et favorable à l’investissement».
Selon un rapport officiel de l’Organisation des Nations unies (ONU), la corruption atteindrait des proportions alarmantes dans de nombreux pays africains: «Si cette tendance se poursuit, une corruption de grande envergure et institutionnalisée pourrait rapidement anéantir le discours sur une Afrique émergente et les objectifs de la transformation structurelle du continent».
La corruption a un effet dévastateur sur le développement. Il faut combattre l’accaparement des rentes par un clan et c’est ce que l’on voit se produire au Mali. Pour la politique d’éradication de la corruption et de la délinquance financière, le président Amadou Toumani Touré (ATT) a fait ratifier en 2004, la Convention de l’Union africaine (UA) sur la prévention et la lutte contre la corruption. Il s’était ainsi engagé à renforcer les instruments juridiques de lutte que sont la Cellule d’appui aux structures de contrôle de l’administration (CASCA) et le Bureau du Vérificateur général (BVG) au Mali. Malheureusement, le régime d’ATT (2002-2012) n’a pas démontré une vraie volonté politique d’éradiquer ces fléaux, qui s’étaient généralisés à tous les niveaux de la société à travers des détournements de deniers publics, des vols, des pratiques de concussion et des trafics d’influence que Amadou N’Fa Diallo, du quotidien L’Indépendant, écrit: «Le Mali est un pays immensément riche, mais un pays volé, pillé, violé et violenté dans sa marche vers le progrès».
Depuis 2014, déclarée par le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), année de la lutte contre la corruption, il n’a pas non plus démontré une vraie volonté politique d’éradiquer ces fléaux qui ont pris une ampleur sans précédent, se contentant de recevoir et d’apprécier les divers rapports annuels d’investigations de ces deux (02) instruments juridiques (CASCA, BVG) sans que ceux-ci aboutissent à une poursuite judiciaire et pénale. Conséquence ? Il créa une autre structure Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI).
Depuis 2005, des institutions internationales indépendantes d’évaluation de la corruption ont interpellé le Mali sur son niveau trop élevé de corruption et demandé aux autorités plus de transparence et d’efficience dans la gestion des richesses et des deniers publics. De son côté, l’Organisation non-gouvernementale (ONG) Oxfam American a dénoncé dans son rapport 2006 (intitulé: Trésor caché ? À la recherche des revenus de l’exploitation aurifère au Mali), le manque de transparence du gouvernement malien dans la gestion de revenus tirés de l’or, tout en invitant les compagnies d’exploitation à publier leurs comptes bancaires.
La grande corruption s’installe lorsqu’il y a faiblesse de l’État, absence de sentiment national, précarité du régime politique. Dans son rapport 2005-2006, la CASCA a signalé que quarante-huit (48) dossiers sur les cent soixante-seize (176) qu’elle a examinés, méritaient d’être soumis à la justice, du fait des actes graves de corruption et de délinquance financière décelés (détournements de deniers publics, fractionnement illégal de dossiers d’Appel d’offres en violation du Code des marchés publics, argent volatilisé, facturations malhonnêtes.
Le rapport 2009 du BVG (le cinquième du genre), une synthèse de quarante-trois (43) rapports portant sur la vérification de quarante (40) services publics travaillant dans les domaines du développement rural, infrastructures, assiette et recouvrement, santé, solidarité, recherche scientifique, emploi, formation professionnelle, finances publiques, élection et justice, publié en 2010, a décelé un manque à gagner (détournement) de 112 milliards de francs CFA pour l’État.
En effet, le régime d’IBK a été caractérisé depuis 2014 par son réel manque de volonté politique en matière de lutte contre ces fléaux, empêtré qu’il était dans des affaires douteuses: marché opaque des véhicules pickups destinés au Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) de l’Accord d’Alger; contrat d’armement de gré à gré s’élevant à 108 milliards de francs CFA, achat opaque de l’avion présidentiel, ayant coûté entre 17 et 20 milliards de francs CFA, selon les sources contradictoires de différents départements ministériels; gestion non transparente du filet social destiné aux couches sociales les plus vulnérables du Mali; gestion non transparente des fonds d’aide destinés aux populations du Nord; gestion opaque du projet de fibres optiques.
Le Centre de recherche et d’analyses politiques, économiques et sociales du Mali (CRAPES) a montré que malgré l’augmentation régulière du budget, ces dernières années, la situation sociale au Mali reste désastreuse. Le Centre souligne en outre que la réduction du train de vie de l’État reste la seule alternative crédible en vue d’une discipline budgétaire rigoureuse (où va l’argent public et à quoi il sert ?; pourquoi dépenser six (06) milliards de francs CFA pour le carburant des administrations publiques alors qu’on peut construire des infrastructures ?
Les chiffres de la grande délinquance financière au Mali: 1991 à nos jours. Le tableau est sombre, les chiffres sont très élevés
- Sous Moussa Traoré (1968-1991): La somme qu’auraient détournée les dignitaires de l’ancien régime deux (02) milliards de dollars. Ils sont selon le quotidien L’Essor. L’ancien gouverneur du district de Bamako aurait placé 40 millions de francs CFA à Dakar. Une broutille, mais il venait d’arriver au «pouvoir». L’ancien ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, lui reconnaîtrait avoir détourné 165 millions de francs CFA en provenance de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Un général, ancien maire de Bamako, aurait reconnu deux (02) millions de dollars (l’équivalent au bas mot de 500 millions de francs CFA, sur le projet de construction du marché surélevé de Bamako (style Ouaga) pour les connaisseurs. Un autre docteur (ancien ministre des Affaires étrangères, docteur vétérinaire) aurait sur sa conscience, dixit L’Essor, trois (03) milliards de francs CFA plus d’autres fonds, dépensés à l’aménagement de certaines villas.
- Sous Alpha Oumar Konaré (1992-2002): En 1999, la Banque mondiale, dans un rapport, a décelé vingt et un (21) milliardaires au Mali pendant le second mandat d’Alpha Oumar Konaré dont seize (16) fonctionnaires et cinq (05) opérateurs économiques.
- Sous Amadou Touumani Touré (2002-2012): Au total sept cent vingt-trois (723) dossiers des services de contrôle. Le nombre de milliardaires a multiplié. Celui qui avait prévenu en ces termes: «Si tu bouffes, tu paies», a finalement laissé les cadres, les chefs militaires bouffer impunément sans coup férir. 2012: l’effort de guerre consentis par le peuple s’élevait à 10 milliards de francs CFA. Cette coquette somme a été retrouvée dans un compte bancaire individuel d’un président par intérim d’une des institutions du pays. Le pot-aux-roses aurait été découvert lors de la passation de pouvoir entre le nouveau président et celui sortant en 2013.
- Sous Ibrahim Boubacar Keïta (2013-2020): L’année 2014 a été déclarée par Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), année de la lutte contre la corruption. Mais hélas ! Le clientélisme politico-ethnique, facilité par le fanatisme et la corruption, fait que l’intérêt national de la Nation et l’avenir du pays ne préoccupent personne. Chaque homme politique, ou chef militaire tend absolument à se servir et à servir sa base ou les intérêts des siens. Cela se voit, se sent même à travers les différentes décisions, ou différents débats officieux en dehors des institutions.
Dossiers transmis à la justice
Le Procureur général de la Cour suprême dixit que 80 milliards de francs CFA ont été détournés des caisses de l’État durant la période 2012-2023. L’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) a transmis vingt-neuf (29) dossiers à la justice. Sur vingt-six (26) cas, six (06) enquêtes ont abouti à des rapports pour lesquels le conseil de l’OCLEI a donné son avis favorable à la transmission à la justice. Dans les six (06) dossiers d’enquêtes transmis à la justice, la valeur totale des biens identifiés est estimée à 2 716 643 302 francs CFA.
Le nombre de maisons d’habitations identifiés est de trente-sept (37), les parcelles sont au nombre de cent soixante-dix-huit (178) dont quatre-vingt-huit (83) concessions rurales totalisant 176 ha 10 a 21 ca. Le montant total des enquêtes sur les comptes bancaires s’élève à 2 588 943 620 francs CFA.
Dans la même période, les revenus légitimes des six (06) personnes s’élèvent à 317 033 470 francs CFA. Le montant des sommes à justifier par ces personnes s’élève à 261 5520217 francs CFA. Parmi eux, des maires, des inspecteurs de finances, un ancien ministre utilisant des prête-noms.
Safounè KOUMBA
@Ogoba: le Malikura c’est–Adieu la democratisation de la corruption d’Alpha Omar Konaré, adieu le partage du Gateau-Mali d’Amadou Toumani Touré et adieu ‘Ma famille d’ abord‘ de Boua le ventru IBK!
Pourquoi interrompre l’inventaire en 2020 ? La corruption ne s’est pas interrompue comme par miracle après l’usurpation du pouvoir par la junte militaire. Elle fleurit, en dépit des contrôles du vérificateur. Cette plaie de l’Afrique mettra du temps à guérir…
Parce que depuis 2020 le vrai nettoyage a commence avec l” arrivee au pouvoir d’ Assimi Goita et son equipe. Nous allons travailler pour le Malikura propre, prospere et patriotique plein de nationalistme. Adieu la democratisation de la corruption, adieu le partage du Gateau-Mali et adieu ‘Ma famille d’ abord ‘
« Plein de nationalisme » ? Patriotisme, je veux bien. Mais le nationalisme, c’est la guerre.