Devant le refus du juge de leur accorder une liberté provisoire :Des hauts cadres détenus dans l’affaire du Fonds mondial saisissent la Cour d’Appel

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Depuis la maison centrale d’arrêt de Bamako où ils sont internés depuis leur arrestation en août 2010, dans l’affaire du Fonds mondial, certains cadres et agents du ministère de la Santé ne cessent de clamer leur innocence. C’est pourquoi, ils ont, à maintes reprises, sollicité le juge Samba Sarr afin que dernier puisse leur accorder une liberté provisoire. En vain. De guerre lasse, certains d’entre eux s’apprêtent maintenant à saisir la Cour d’Appel pour l’obtention de cette faveur en attendant leur procès. Si procès il y aura. Car, aux dires d’un détenu qui nous a confié son exaspération face à cette situation qu’il qualifie d’injuste dans un pays démocratique, le principal suspect dans cette affaire de malversation des subventions du Fonds mondial, à savoir l’ancien ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, se la coule douce entre Bamako, Paris et les pays du Maghreb. C’est dire qu’un procès n’est pas pour maintenant. d’où cette énième saisine des autorités judiciaires par des détenus afin qu’ils puissent recouvrer la liberté provisoire.
Ils sont près d’une vingtaine de hauts cadres et d’agents du ministère de la Santé à passer leurs journées et nuits entre les quatre murs de la prison centrale de Bamako. Tous étant présumés coupables de malversations et de détournements au niveau du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme logé au ministère de la Santé. C’est vrai que certains y sont également dans l’affaire du Fonds GAVI où le préjudice serait plus de 2 milliards F CFA également. S’agissant du Fonds mondial, selon le responsable du contrôle interne de cette institution, John Parsons, au ” Mali, sur les 11 millions de francs suisses contrôlés, 4 millions ont été dilapidés ” en notes de frais, voyages d’agrément ou nuits d’hôtel ” et ” au moins 70 % des factures révisées présentent des preuves de fraude. Les chiffres définitifs ne seront connus qu’en avril 2011 “. C’est-à-dire plus de 2 milliards F CFA détournés à des fins personnelles.
Cela voudra-t-il dire que les cadres et agents en prison, depuis fin 2009, pour certains, devront attendre encore plusieurs mois avant d’être fixés sur leur sort ? C’est face à cette probabilité que des détenus se battent comme de pauvres diables, en faisant le pied de grue devant le bureau du juge avec une demande de liberté provisoire. Peine perdue.
C’est vrai que nous faisons face à une affaire des plus complexes. Le juge et le procureur étant tous conscients de la délicatesse du problème qui dépasse, en effet, les frontières mêmes de notre pays. En effet, ce sont le Mali, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie et la Zambie qui sont sur le banc des accusés dans cette affaire de détournement de plus de 20 milliards F CFA de subventions que le Fonds mondial a accordées à ces pays dans la cadre de la lutte contre les trois fléaux les plus dévastatrices de la planète que sont le sida, la tuberculose et le paludisme.
Vers une confrontation avec Oumar Touré ?
Personne n’a contesté le fait que l’argent a été détourné. Ayant servi parfois à payer des frais de voyages ministériels, des frais de voyages d’agrément ou nuits d’hôtel, en formations fictives, surfacturation, etc. d’ailleurs, le ministère de la Santé s’est acquitté, en octobre 2009, d’une partie des fonds détournés par l’ex-comptable à la direction administrative et financière dudit département, Ichiaka Diallo. Mais, pour le Fonds mondial et qui, selon son Directeur exécutif, Michel Kazatchkine, ” applique la tolérance zéro en ce qui concerne la corruption et le détournement de fonds “, il faut que justice soit rendue. d’où l’arrestation, à partir du 4 août 2010, de l’ancien Directeur administratif et financier du ministère de la Santé, Ousmane Diarra, de Dr Diallo Alima Nako et de Mohamed Berthé, Coordinatrice et Coordinateur adjoint au Programme national de lutte contre la tuberculose, des comptables de la Direction nationale de la Santé et de la Direction régionale de la Santé du District de Bamako, Charles Sanogo et Youssouf Boré, des opérateurs économiques tels Mamadou Ousmane Ba et Issa Sow qui seraient impliqués dans des histoires de marchés fictifs ou surfacturés. Ce sont, en effet, ces personnes qui ont tous demandé, à un moment donné, introduit une ou plusieurs demandes de mise en liberté provisoire auprès du juge Samba Sarr, chargé du dossier. Et jusqu’à maintenant, ils furent tous débouté de leur requête.
Le retour au bercail, après trois mois fermes passés à l’extérieur, de l’ancien ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, permettra certainement au procureur d’être mieux édifié dans cette affaire où il est à craindre que la politique ne vienne se mêler aux affaires de la justice. C’est, en tout cas, l’impression de certains détenus.
En effet, ceux-ci continuent à ne pas comprendre que celui-là même qui a signé les contrats des marchés frauduleux et empoché, d’après certains, de substantiels dividendes, continue à circuler dans une voiture de fonction. Au moment où les personnes détenues (sans soutien politique ?) depuis plus de sept mois, continuent à broyer du noir dans une chaleur torride entre les quatre murs de la prison centrale de Bamako.
C’est pourquoi, à défaut d’un jugement imminent qu’ils souhaitent d’ailleurs de tous leurs vœux, ils sont aujourd’hui nombreux les détenus qui ont demandé à leurs avocats de saisir la Cour d’Appel afin de bénéficier d’une mise en liberté provisoire. Ce qui, jusqu’à maintenant, leur a toujours été refusé. Le dernier refus datant seulement d’une dizaine de jours. Une éventuellement confrontation des détenus notamment l’ancien DAF, Ousmane Diarra, avec l’ancien ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, permettra certainement de mieux cerner la part de responsabilité de tout un chacun. Car, dans un état de droit, personne ne devant être au-dessus de la loi.
Mamadou FOFANA

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