Détournement au Fonds mondial du ministère de la Santé : Les marchés fictifs passés au crible

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L’étau continue à se resserrer sur des cadres et agents impliqués dans la gestion du Fonds Mondial . Aux dernières nouvelles, ce sont de nombreux  marchés fictifs qui auraient été montés sur le Fonds Mondial. Dégageant de grosses " ristournes ", équivalant à plusieurs centaines de millions FCFA, qui auraient été distribués de bas en haut de la hiérarchie.

Depuis l’arrestation, la semaine dernière, du directeur administratif et financier du ministère de la Santé, Ousmane Diarra, les langues commencent à se délier petit à petit. De même que la boîte de Pandore est en train de livrer, certes de manière parcimonieuse pour le moment, ses plus intimes secrets dans le cadre de l’affaire de détournement au Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Dans l’œil du cyclone, on retrouve toujours le Programme national de lutte contre la tuberculose (PLNT) qui aurait, dans cette affaire, enrichi plus de personnes qu’il n’a, en fait, soigné de malades. C’est dire que le nommé Mohamed Berthé, le coordinateur adjoint du PLNT,  a bien des raisons de choisir la fugue plutôt que la feinte. Même si, dans certains milieux, il se dit qu’on l’a obligé à fuir. Car au vu de la profondeur du trou creusé dans le Fonds Mondial et du nombre de personnalités ayant touché une part de " ristournes ", la présence de cet élément, essentielle à l’éclatement de la vérité,  compromettrait beaucoup. En effet, son chef hiérarchique, Dr Halima Naco, internée depuis en prison, lui aurait donné carte blanche dans la gestion de ce programme. Ce qui aurait permis à ce personnage effacé, mais astucieux dans le montage de marchés fictifs, d’agir à sa guise et sans contrôle aucun. C’est ainsi, qu’aux dires des personnes proches du dossier, il aurait fait signer des marchés, notamment de médicaments antituberculeux estimés à des centaines de millions F CFA, qui n’ont jamais été livrés.

La question que les enquêteurs se posent maintenant est de savoir si la DAF, où les chèques sont cosignés, et le cabinet, où lesdits marchés ont été signés, étaient au courant de cette situation qui, il faut le reconnaître, n’a pas commencé aujourd’hui. D’où l’incapacité d’une réelle évaluation du montant incriminé. Chose à laquelle s’attèle, et cela depuis longtemps, les inspecteurs du Fonds Mondial basés à Bamako, dans les locaux même du ministère de la Santé, et à Genève. Leur rapport devant être remis incessamment au président de la République. Si ce n’est déjà fait. Parlant du montant incriminé, on l’avait, d’abord, estimé à 500 millions FCFA. C’était, en fin 2009, quand le nommé Ichiaka Diallo, l’ex-comptable du Fonds Mondial auprès de la DAF, avait été cueilli, comme un oiseau de mauvais augure pour la prison. A l’époque, suite à la pression du Fonds Mondial, le ministère de la Santé avait opéré une coupe drastique sur son budget pour rembourser Genève à hauteur d’un peu moins de  200 millions F CFA, selon une communication parue dans la presse par le ministère de la Santé, en fin 2009.

A la même période, sous la pression et espérant bénéficier d’une liberté provisoire, Ichiaka Diallo aurait également mis en vente des TF (titres fonciers) et des véhicules afin de réparer, en partie, le préjudice causé à l’Etat. 

Une forte complicité d’opérateurs économiques

Les personnes récemment arrêtées doivent répondre, plus spécifiquement, aux délits de fractionnement de marchés et de marchés fictifs montés et encaissés avec la complicité active d’opérateurs économiques véreux. En plus, ces derniers se sont, parfois, transformés en porteurs de valises bourrées de sous à  distribuer, de porte à porte, de bas en haut de la hiérarchie. Tout cela prélevé des caisses du Fonds Mondial. Quelle sordide générosité ! Voilà pourquoi, les Blancs veulent voir beaucoup plus clair. Afin de pouvoir prendre des dispositions idoines en rapport avec les règles et principes des partenaires techniques et financiers.

C’est dire que ce ne sont pas les seuls cadres et agents de la santé qui sont impliqués. Il y a aussi des opérateurs économiques qui ont trempé dans la soupe. Pourquoi alors ceux-ci ne sont-ils pas inquiétés ? Alors qu’il se dit qu’un jeune opérateur économique, bien connu au PNLT, aurait beaucoup nagé dans le marigot des marchés fictifs, en tandem avec le fugitif Mohamed Berthé.

Qu’en est-il des marchés gré à gré de moustiquaires imprégnées, de CTA sirop et comprimés, où des milliards FCFA sont annuellement engloutis, sans réelle visibilité ? Sont-ils réels ou fictifs ? Quelle complicité d’enfer !

C’est vrai que la justice est libre, mais l’opinion nationale attendra, toujours d’elle, qu’elle aille jusqu’au bout. Sinon, il est incompréhensible, qu’aucun opérateur économique n’ait, jusqu’ici, été inquiété a fortiori arrêté. Certainement que leur tour viendra. Car, il reste encore beaucoup de mystères dans la boîte de Pandore qui restent à se faire décounrir. Patience, alors.

*Chroniqueur Politique

Mamadou FOFANA

 

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