Détournement au Fonds mondial au Mali : ATT et Michel Sidibé de l’ONUSIDA ont le moral atteint

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Le président de la République, Amadou Toumani Touré l’a fait savoir la semaine écoulée au cours d’un entretien avec des confrères de la presse internationale. Quant à Michel Sidibé, lui a manifesté sa colère hier lundi 27 septembre à la Maison de la presse à travers un point de presse tenu à pas de course.


La semaine  dernière, le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré- au cours d’une émission  intitulée international (RFI, TV5 et journal le Monde)-où le temps lui a manqué de dire tout ce qu’il pense de la rocambolesque affaire de détournement au fonds mondial  au Mali, exprimait sa grande déception par rapport à cette attitude des prédateurs de la République. A la question de savoir pourquoi il préfère se retirer du pouvoir après son second et dernier mandat en 2012, Amadou Toumani Touré s’était montré très touché par cette affaire qui ternit une fois de plus l’image de notre pays. «

 Je vous avoue que ce n’est pas une vie (ndlr : la Présidence de la République). Je préfère me retirer dans ma région pour m’occuper de mes petits fils. Vous imaginez que des gens se sont permis de détourner des fonds mis à la disposition de notre pays pour lutter contre ces maladies comme le Sida, la tuberculose et le paludisme…… ». C’est sûr que cette réaction vigoureuse d’ATT (resté jusque-là discret dans cette tumultueuse affaire) témoigne de sa détermination à faire toute la lumière autour de ce dossier. C’est sous son instigation que le ministère de la santé a été sommé de rembourser les 140 millions de nos francs détournés par le comptable du fonds de lutte contre la tuberculose, Issiaka Diallo, et de porter plainte contre l’intéressé. Ce qui fut fait avec comme résultat l’inculpation du coupable.

Mais l’affaire était loin de connaître son épilogue, car, quelques jours après c’était une valse d’arrestations au niveau du ministère de la santé consécutif à un rapport d’étape transmis à la justice par le fonds mondial où d’autres pratiques mafieuses ont été dénoncées. Le ministre de la santé dans l’antre duquel se trouve logés les fonds de lutte contre le paludisme et la tuberculose, Oumar Ibrahim Touré, dû envoyer une lettre de protestation au directeur du fonds mondial pour dénoncer le fait qu’il s’est permis de  saisir notre justice avec un rapport qui n’a pas été au préalable envoyé aux autorités de notre pays. Le ministre était allé jusqu’à douter si ce n’est pas ATT qui avait reçu et transmis ledit rapport à la justice sans l’informer avant. Des soupçons  auxquels le procureur anti-corruption Sombé Théra avait apporté en son temps des éclairages.

Pendant que cette affaire de détournement au programme de lutte contre la tuberculose battait son plein, le fonds a aussitôt envoyé une équipe d’experts pour enquêter minutieusement sur le programme Sida. Cette attitude soudaine a surpris plus d’un au Mali, car, en novembre 2009, une autre équipe de ce même fonds avait devant la presse reconnu les mérites de la gestion du fonds alloué au Sida. C’était à l’hôtel Nord-Sud de Bamako. Ces limiers de nouvelle équipe sont toujours dans nos mûrs et est en train de fouiller les coins et recoins de la gestion du fonds Sida. C’est dans cette atmosphère que le secrétaire exécutif de l’Onusida, notre compatriote Michel Sidibé est arrivé à Bamako pour un bref séjour. Après avoir rencontré le président de la République, Amadou Toumani Touré et le Premier Ministre Modibo Sidibé, le secrétaire exécutif de l’Onusida a, à pas de charge, accordé un point de presse hier aux hommes de médias à leur QG sis à Médina-coura où on a pu comprendre qu’il a été touché par le fait que ces malversations se passent dans son pays.

« Je ne peut pas accepter que ce fonds qui a transformé la lutte contre ces trois maladies (paludisme, Sida, tuberculose) soit détourné de la sorte. C’est ce fonds qui nous permet d’atteindre les populations et dont la gestion nous impose des résultats. Je vous avoue que je serai le dernier à concevoir cet état de fait. Je serrais parmi ceux qui n’allaient pas accepter que ce soit le chef de l’Etat lui-même qui soit amené à reconstituer ledit fonds. Mais que faire…..Après mes entretiens avec le chef de l’Etat et le Premier Ministre, j’ai pu constater leur détermination à ce que la transparence soit de règle dans la gestion dudit fonds ».

Voilà donc des réactions aussi empreintes de colère qui doivent donner des soucis à deux fidèles du Président de la République : le ministre de la santé Oumar Ibrahim Touré, qui a été un pion stratégique du soutien de son parti l’URD à la réélection d’ATT en 2007 et le secrétaire exécutif du Haut conseil national de lutte contre le Sida, Malik Sène. Pour le premier, des sources annoncent que sa responsabilité est déjà établie et qu’il ne reste à la justice d’exécuter la procédure comme ça se doit, c’est-à-dire en demandant au conseil de ministre de lui autoriser à entendre le ministre Touré. Ce dernier aurait commis le risque de signer un document d’appel d’offre aussi compromettant.

Quant au Haut conseil national de lutte contre le Sida, service directement rattaché à la Présidence, son secrétaire exécutif, Malik Sène qui était jusque-là en sainteté avec le chef de l’Etat, risque de voir ses illusions s’évaporer comme du fumée. Lui que certains annonçaient comme possible Premier ministre de notre pays. Mais jusque-là il peut toujours serrer les dents en espérant que la présente d’équipe d’enquête du fonds mondial ne découvre aucune anomalie dans sa gestion.

Abdoulaye Diakité


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