Des escrocs chez le président de la République : ATT exige toute la lumière sur l’affaire et que justice soit rendue

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Non, la famille du chef de l’Etat malien n’encourage pas le trafic d’influence ni ne cautionne l’impunité. A preuve, cette rocambolesque affaire d’escroquerie qui devrait se conclure dans le logement du président de la République et surtout, au l’attitude du couple présidentiel face aux auteurs du délit lesquels se réclament de Madame Touré Lobo Traoré.

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« Le président de la République ne saurait encourager de telles pratiques. Que justice soit faite ! Faites donc votre travail ».  Telle fut la réaction du Conseiller à la communication du Président de la République M. Seydou Cissouma approché par nos soins pour les besoins de la cause. Idem pour Omotimbé, le chargé à la Communication de Madame Touré Lobo Traoré : « j’insiste, Madame est étrangère a cette histoire et désapprouve totalement les auteurs », a rétorqué M Omotimbé. Que s’est-il donc passé ?

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Pour une histoire  de poivre et…

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Il y a environ deux semaines, le Commissariat de Police du 3ème Arrondissement dirigé par Moussa Sissoko, à travers sa Brigade de Recherches, parvenait à mettre la main sur un réseau d’escrocs internationaux. L’enquête a été brillamment  menée par l’Inspecteur Principal Papa Mambi Keïta surnommé l’Epervier du Mandé que d’aucuns se plaisent à rebaptiser le « Sorcier du District » puisque ses actions d’éclats ne se limitent plus dans sa seule circonscription juridique de la Commune II.

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La méthode des escrocs en question était jusque là inédite. Il ciblait d’abord leurs victimes lesquels recevaient par la suite des coups de fil de l’étranger pour une proposition d’affaire alléchante. C’est ainsi que Boubacar Diakité, commerçant de son Etat se vit un jour joint au téléphone depuis Dubaï. Son interlocuteur lui proposait une affaire juteuse laquelle consistait à lui faire payer 200 kilogrammes de poivre d’une qualité qui ne se trouve qu’au Mali. Les restaurants et Hôteliers de Dubaï ne lésinaient pas sur les moyens pour se procurer cette denrée dont le kilogramme était cédé à 100.000 F CFA dans cet Emirat alors qu’il est de 35.000 F CFA sur le marché malien. L’inconnu, un malien résidant à Dubaï disait connaître le tuyau puisqu’il se trouve lui aussi dans les affaires. Rien de plus simple pour se procurer la denrée tant convoitée. Il avait lui même un fournisseur à Sikasso qui se chargeait de la lui apporter. Le commerçant n’avait donc qu’à payer avec lui et ensuite à joindre un preneur venu spécialement de Dubaï et logeant à l’hôtel WASSULU. Ce dernier paye ensuite cash la marchandise au prix de DubaÏ et notre commerçant s’en tirait avec presque le quatriple de son chiffre d’affaire. L’inconnu de Dubaï disait manquer lui même de liquidité en ce moment, raison pour laquelle, il faisait appel à tierce personne, à savoir notre commerçant à la disposition duquel, il mettait le numéro de téléphone du fournisseur de Sikasso et le contact de l’acheteur spécialement venu de Dubaï. En apercevant le numéro d’appel étranger qui s’affichait sur l’écran de son téléphone, l’interlocuteur malien perdait quelque peu sa méfiance. Ce qui reste du doute s’estompait après vérification du numéro d’appel en question : il s’agit bien d’un numéro de téléphone de Dubaï. Mieux, l’émissaire censé venir de là est déjà présent à Bamako ? Notre commerçant prit contact avec lui non sans se prémunir d’un échantillon de la marchandise. Il était bien là à l’Hôtel Wassulu. Il paya cash l’échantillon au prix de Dubaï soit 100.000 F CFA  le kilogramme et en demanda plus, à savoir les 200 kilogrammes demandés.  

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Rassuré, notre commerçant Boubacar Diakité, appela au numéro du fournisseur résidant à Sikasso répondant au nom de Alpha Sangaré. Ce dernier confirma. Il était bien celui qui fournit habituellement l’homme de Dubaï et il a en ce moment un stock disponible. Une fois l’affaire conclue, il se rendra à Bamako avec la marchandise. Affaire conclue ! Alpha Sangaré arriva effectivement le lendemain dans la capitale avec les 200 kilos. Le commerçant lui versa la somme de 9 millions F CFA et se précipita à l’hôtel Wassulu. Suprême déception ! Aucun étranger venu de Dubaï ne loge en ce moment dans cet hôtel. « Et l’homme qui occupait la chambre à l’étage et qui m’a reçut hier ? » interrogea le commerçant. Cet homme n’est pas venu de Dubaï. Il a pris la chambre juste pour quelques heures pendant lesquelles il s’est familiarisé avec le personnel, s’entendit-il répondre. Notre commerçant compris en ce moment qu’il venait d’être escroqué. Il ouvrit les sacs de poivre et n’y trouva que du son de mil, quelques grès de pierres et de la terre. 9 millions  F CFA pour çà ! Le malheureux courut alors chez le « Sorcier du District » pour porter plainte. Une enquête fut immédiatement ouverte. Nous sommes le 1er Octobre 2007.

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A partir des numéros de téléphone utilisés pendant l’opération par les membres de la bande, des investigations permirent, une semaine plus tard,  l’arrestation d’un Burkinabé répondant au nom de Boniface Yaméogo et en détention d’une carte d’identité malienne au nom de Alpha Sangaré. C’était bine le fournisseur de Sikasso. Il reconnut les faits et dénonça les autres membres du réseau dont le chef répondait au nom de AKAMANDA KOLY GEORGES de nationalité camerounaise et d’autres Maliens. Ayant pris connaissance de l’arrestation Boniface Yaméogo alias Alpha Sangaré, le groupe se disloqua et tout le monde disparut sans laisser de trace. C’était presque fini n’eut été la baraka qui accompagne visiblement le « Sorcier ».

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…. De platine plus cher que l’or

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Le mercredi dernier, l’inspecteur Principal de Police fut informé d’une transaction portant sur un métal précieux, la  platine, plus rare et donc plus cher que l’or. Un commerçant s’apprêtait à se procurer la marchandise au prix de 50 millions de nos francs. La similitude des deux affaires ne manqua pas de mettre la puce à l’oreille du «Sorcier de Bamako» lequel décida personnellement de le faire accompagner sur le lieu de transaction, non loin du domicile du Président la République à l’ancienne base aérienne. Arrivé sur place et comme convenu, le commerçant qui avait accepté coopérer appela  le fournisseur  au téléphone. Ce dernier arriva quelques instants plus tard accompagné d’un militaire. Il fut immédiatement arrêté. Dans une ultime tentative désespérée, il tenta de se faire passer pour un militaire en civil. Interrogé, son accompagnateur militaire se garda de le couvrir. Il indiqua en ce moment être de mèche avec le cousin de Lobo qui attend son retour en ce moment dans le logement du président. Le militaire proposa de faire sortir le suspect et de le mettre à la disposition des policiers. C’est ce qu’il fit avec l’accord de ses camarades en faction.

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Au commissariat, les deux individus furent vite identifiés. Ils répondent aux noms de Youssouf Diallo et de Sékou Boly lequel se réclame de la famille présidentielle. La suite fut un jeu d’enfants pour le «Sorcier». Il parvint à dénicher les autres membres du réseau dont le camerounais AKAMANDA Georges Koly, cerveau du groupe, Mohamed Abdel Aziz Diallo, Kenneth Ngock, Amadou Tanko, Djibril Diallo, Youssouf Doumbia. Ils ont été tous appréhendés et mis à la disposition de la justice.

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A la suite des interrogatoires, il s’avère que les escrocs utilisaient des puces téléphoniques de Dubaï et un roaming étant bien entendu à Bamako. Le numéro d’appel qui s’affichait sur l’écran du correspondant faisait ainsi croire à ce dernier qu’il s’agissait d’un appel émanant de l’étranger. Tout commençait et se terminait ici à Bamako. Pas d’émissaire venu de Dubaï, de fournisseur de Sikasso… Toute l’affaire était donc élucidée ? Non, restait encore un point pour le moins délicat  (lire encadré)

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B.S. Diarra

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La maison du Président de la République ?

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Vérification faite, il s’avère que le sieur Boly a bien une attache avec la famille présidentielle à Mopti. Le choix du lieu de la  transaction avait initialement pour but de balayer la méfiance des clients.

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A l’annonce de son arrestation, ce fut presque le tollé général dans certains milieux. Des responsables zélés firent le tour du commissariat. La hiérarchie de la police était quelque peu perplexe. Que venait donc de faire l’impénitent Inspecteur Principal, Papa Mambi Keïta ? Jusque dans la famille du Président ! Sa prochaine affectation sera peut-être Kidal ou Ambidedi  ou quelque part dans un trou perdu du territoire. Mais les choses se passèrent autrement. Informé de la situation, le couple présidentiel ne cacha pas son admiration face au jeune Inspecteur de Police et sa vive  indignation à l’endroit des délinquants qui se réclament de lui. De bonnes sources, le président de la République en personne a mis en garde toute personne de son entourage à faire interférence dans le dossier à fortiori, demander la libération du présumé cousin. Il s’est montré intraitable sur la question. Approché par nos soins, M Seydou Cissouma, Chef de la Cellule de Communication de la Présidence de la République abonde dans le même sens : « le président se met  au dessus de telles bassesses. Il n’a strictement rien à voir, ni de près ni de loin avec ces personnes. Que justice soit rendue ! ».

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Quant au chargé à la Communication de Madame la Présidente, il n’en pense pas moins : « Nous savons que des individus sans foi ni loi posent tous les jours des actes répréhensibles ou disent agir au compte de Madame la Présidente. Il n’en est rien. Madame ne protège personne, encore moins des délinquants. Que tout le monde se le tienne pour dit».

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Qui disait déjà ceci : il faut que çà change, çà doit changer et çà va changer !                      
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