Le président du Conseil national patronat du Mali (Cnpm), Mamadou Sinsy Couliblay, est très remonté contre certains fonctionnaires qui sont, selon lui, à la base de tous les problèmes de ce pays. Il ne porte pas de gant pour fustiger le comportement de ces agents de l’État. En effet, selon lui, « le premier nom des fonctionnaires le plus corrompu, le plus dangereux… c’est M. le président de la Cour suprême, Nouhoum Tapily ».
En réponse à la question d’un journaliste, lors d’une conférence sur la corruption, à dévoiler le nom de quelques fonctionnaires les plus corrompu du Mali, le président du Cnpm, Mamadou Sinsy Couliblay, ne s’est pas fait prier : «Je vais commencer par le premier nom des fonctionnaires le plus corrompu, le plus dangereux, un meurtrier reconnu de tous, un arnaqueur notoire, un racketeur qui a racketté nos entreprises, un individu infâme, la vertu, l’honneur et la dignité, il ne sait pas ce que sait. C’est Monsieur le président de la Cour Suprême, Monsieur Nouhoum Tapily. C’est le plus grand danger de la République».
Il va plus loin : «Il faut demander le point de vue des avocats, il a détruit le métier d’avocature dans ce pays, il faut demander les magistrats leurs points de vue sur son comportement. On va lui demander de partir de lui-même. S’il ne le fait pas, on a les moyens de le faire. Vous avez obligations de m’accompagner dans cette tâche, si j’échoue la corruption va continuer encore et il ne fera pas bon de vivre dans ce pays». Avant d’accuser l’Office central de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite (OCLEI). «J’accuse aussi l’Office central de lutte contre la corruption. Depuis qu’ils sont installés rien n’a été fait, à mes yeux ! Je veux qu’il mène des actions à court terme. On n’a pas besoin de rapports. On veut des résultats concrets, immédiate et tout de suite. Je demande à notre représentant du secteur privé à l’OCLEI, je veux parler de Mme Nènè Traoré, votre responsabilité historique est engagée, nous vous demandons de tout faire pour nous tenir informer régulièrement des résultats de vos enquêtes», exige-t-il.
Auparavant, dans une interview accordée au correspondant de VOA Afrique à Bamako, le président du patronat, M. Coulibaly, avait dénoncé « la prise en otage de tout le Mali par certains fonctionnaires. Au nombre de 1 600, qui sont à bannir… ».
«Les fonctionnaires ont pris en otage le secteur privé. Donc du coup, on est sous la coupe d’un certain nombre de fonctionnaires véreux, des fonctionnaires malpropres, des fonctionnaires qui ne pensent qu’à eux-mêmes», avait-t-il déclaré.
Selon Mamadou Sinsy Couliblay, ce sont 1 600 sur les 16 000 fonctionnaires qui prennent en otage le Mali. «Sur les 16 000, nous, nous pensons qu’il y a 1 600 fonctionnaires qui sont des gens à bannir du secteur public, des gens qui doivent disparaître de la sphère publique», affirmait-il. Avant d’ajouter : «Ces 1 600 personnes, c’est eux qui ont pris en otage la population malienne. Ils ont pris en otage le secteur privé».
«Moi je préfère parfois même être en face de Amadou Kouffa que d’être devant ces fonctionnaires malpropres qui sont en train de gérer la vie publique… On ne dit pas de les renvoyer, de les mettre dans la rue, mais qu’ils n’exercent plus de fonctions de responsabilité», laissait-il entendre.
À en croire Mamadou Sinsy, le secteur privé joue son rôle. Désormais, il luttera pour que les gouvernants de ce pays prennent des décisions pour leur débarrasser de ces «1600 fonctionnaires qui ont pris en otage» l’État malien.
Le secteur privé a menacé de prendre des dispositions si le gouvernement ne met pas à l’écart ces 1600 fonctionnaires. Le premier acte que compte poser le secteur privé, s’il n’est pas écouté, c’est de suspendre le paiement des impôts et taxes dans les jours à venir. Ensuite, M. Coulibaly menace de dire à tous les partenaires au développement du Mali, à tous ceux qui sont là pour le développement de ce pays : «voilà un certain nombre de fonctionnaires dont l’obtention de leur visa dans les chancelleries est conditionnée à la justification de l’origine des fonds qui vont servir à acheter le billet, et à payer les frais d’hôtellerie et de restauration en Occident».
Autre mesure envisagée par le patronat ? Demander aux fonctionnaires maliens qui envoient leurs enfants étudier à l’étranger, de justifier la provenance des fonds et comment ces fonds ont été acquis. «On va demander à ce que tous les fonctionnaires dont les enfants sont scolarisés dans les lycées français ou les lycées américains justifient l’origine de leurs fonds».
Une autre action que le secteur privé malien prévoit, c’est de passer dans chaque assemblée nationale de l’Occident, écrire à tout le monde, pour leur dire ce qu’on fait avec les fonds qu’ils attribuent au Mali pour la réalisation d’un certain nombre de projets. «On a tellement de choses à faire qu’on peut débarrasser ce pays de ces 1600 fonctionnaires qui sont malhonnêtes vis-à-vis de leurs populations, qui sont malhonnêtes vis-à-vis des gens qui les ont nommés à leurs postes»…
Mohamed Sylla