Si l’Afrique reste le continent le plus touche par la
Corruption, trois institutions majeures sont en cause
Selon Transparency International qui a enquêté dans 107 pays en 2012 et sondé 114.000 personnes, sur les quatorze pays du monde les plus atteints par la corruption, onze sont africains. L’indice de risque de corruption pour l’année 2015 publié le 17 juin par le cabinet Verisk Maplecroft indique que les cinq pays les plus corrompus au monde se trouvent en Afrique subsaharienne. La principale cause ? Un sentiment d’impunité généralisée consécutif au fait qu’un grand nombre d’affaires de corruption impliquant le monde politique sont restées sans aucune sanction. Les institutions considérées comme les plus corrompues sont la police, la justice et les partis politiques. Si le courage ne vient pas à manquer, on sait par où attaquer. Le rapport Verisk impute cette forte propagation de la corruption à deux situations : la pauvreté et le manque d’institutions de lutte contre le fléau. Il épingle surtout les fonctionnaires, premiers bénéficiaires des pots – de – vin qui sont peu enclins à s’engager dans l’assainissement des finances publiques, ce qui contribue à anéantir les efforts déployés. Même si le Mali ne figure pas encore sur la shortlist des champions du monde de la corruption, cela ne signifie pas pour autant que les finances publiques y sont saines. Les différents rapports du Bureau du VEGAL sont là pour le rappeler et interpeller tout le monde.
Et pourtant, la corruption n’est pas une fatalité, ses ravages
Dans un pays étant proportionnels a la faiblesse du leadership
Devant le tableau fort affligeant de la mauvaise gestion des ressources publiques en Afrique, deux pays donnent des raisons d’espérer. En effet, le rapport Verisk 2015 indique également que le Botswana est le pays le moins corrompu du continent. En outre, l’édition 2014 – 2015 du rapport mondial sur la compétitivité de World Economic Forum (WEF) classe le gouvernement rwandais au 7ème rang des pays les mieux gérés de la planète. WEF explique ce classement par le niveau de gaspillage très bas des dépenses gouvernementales dans ce pays. « Au Rwanda, il y a un processus compréhensible en ce qui concerne la gestion et la reddition de compte », dixit le directeur du conseil rwandais de la gouvernance. Les rwandais ont ainsi accès à des informations cruciales sur l’action gouvernementale, les décisions de l’exécutif, notamment la façon dont celui-ci établit ses priorités et fait ses choix. Voilà comment ce pays a pu obtenir des résultats grâce à une démarche claire favorisant le contrôle citoyen de l’action gouvernementale. Demander à des fonctionnaires qui tirent manifestement profit de la corruption de mener une auto flagellation en s’en privant, c’est programmer l’échec sur l’autel de la connivence des élites. Cela revient à laisser le soin à un bébé gourmand d’organiser son propre sevrage. Tant qu’il y aura du lait dans le biberon, la tétée se poursuivra !
Vouloir faire de la corruption un phénomène résiduel est un engagement noble qui mérite respect et soutien. Pour cela, il faut des textes adéquats permettant d’agir à la fois sur les causes et les effets, une équipe pluridisciplinaire expérimentée disposant de larges pouvoirs d’investigation et de poursuite, un contrôle citoyen actif, des objectifs clairement définis, des moyens à la dimension du défi et, par dessus tout le bannissement du laxisme. La mission est d’autant plus noble que le fait de revenir aux bonnes pratiques de gestion permettrait un relèvement substantiel du niveau des salaires et la réduction de la pauvreté. A quand donc les premières mesures concrètes ?
Mahamadou Camara
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