L’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (Oclei) et le Projet d’appui à la lutte contre la corruption pour et par l’égalité des genres (Luceg) ont compris que les femmes ont un grand rôle à jouer dans la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite. C’est ainsi qu’ils ont organisé le jeudi 2 mai 2024 à l’hôtel Radisson Collection une formation sur les pratiques de corruption à l’endroit des communicatrices de l’Association des professionnelles africaines de la communication (Apac). Le thème de cette formation était “Combattre la corruption pour une gouvernance inclusive, garante d’un bien-être collectif”.
Selon Mme Bello Rokiatou Touré, chargée du genre à l’Oclei, l’atelier organisé en partenariat avec le Luceg et l’Apac-Mali, vise à sensibiliser les femmes communicatrices sur les pratiques corruptives et à renforcer leur engagement dans la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite. Pour elle, l’atelier est une opportunité de partage des connaissances sur le fléau, d’identifier les défis et de proposer des solutions pratiques pour un Mali plus juste et transparent.
“Ensemble, nous pouvons faire la différence. Ensemble, nous pouvons créer un environnement où la corruption n’a pas sa place. Car la corruption est un fléau qui entrave le développement économique et social de notre pays. Et lorsque nous envisageons l’impact de la corruption sur les femmes, nous devons reconnaitre les défis et les vulnérabilités uniques auxquels elles sont confrontées. Les femmes, en particulier en Afrique, sont touchées de manière disproportionnée par des pratiques de corruption qui leur bloque l’accès aux opportunités, aux ressources et une participation égale aux processus de prise de décision. Il est impératif que nous agissions avec détermination pour éradiquer la corruption. Le Mali, en ratifiant divers accords internationaux, a pris des engagements fermes dans la lutte contre ce fléau. Les missions de l’Oclei témoignent de notre volonté de combattre l’enrichissement illicite sous toutes ses formes. Nous devons sensibiliser et mobiliser toutes les couches de la population, en particulier les femmes qui sont souvent victimes de la corruption”, a-t-elle indiqué.
Mme Diaby Makoro Camara, présidente de l’Apac-Mali, a déclaré que les communicatrices de son organisation sont les mieux indiquées pour accompagner l’Oclei dans la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite au Mali. Elle a réaffirmé l’engagement de son organisation à accompagner l’Oclei.
Dans son intervention, Jean Paul Riverain de Luceg a rappelé que le rôle des journalistes ne se limite pas à rapporter des faits. Elles ont la capacité de façonner les perceptions, destimuler le débat public et d’encourager un changement de comportement au sein de la société. “Les femmes journalistes sont à l’avant-garde de la sensibilisation, armées de vos plumes, de vos voix, et de votre engagement indéfectible envers la vérité et la justice. La corruption, dans ses multiples facettes, est un obstacle majeur à l’égalité des chances, à la justice sociale et au développement durable. Elle affecte de manière disproportionnée les femmes, limitant leur accès à l’emploi, à l’éducation, et à des services de santé de qualité. En tant que journalistes, vous avez le devoir et le pouvoir de mettre en lumière ces injustices, d’exposer les pratiques corruptives et d’en exposer les causes. La corruption est un fléau qui sape les fondements de nos sociétés. Elle détourne les ressources des services publics essentiels, creuse les inégalités et entrave le développement économique. Les femmes, souvent les plus vulnérables dans nos sociétés, subissent de manière disproportionnée les conséquences de la corruption. Elle limite leur accès à l’éducation, à la santé et à l’emploi, entravant ainsi leur autonomisation et leur capacité à contribuer pleinement au développement de nos communautés”, a-t-il fait savoir.
D’une part, il s’agit de sensibiliser sur les pratiques corruptives, comprendre leur fonctionnement, leur impact destructeur. Et d’autre part, de souligner le rôle crucial que les femmes communicantes peuvent jouer dans la lutte contre ce fléau. “Votre profession vous donne une voix et il est de votre responsabilité d’utiliser cet outil puissant pour éclairer, éduquer et mobiliser. Vous avez le pouvoir de changer les perceptions, d’encourager la transparence et de promouvoir l’intégrité. En mettant en lumière les cas de corruption et en célébrant les histoires de résilience et de lutte contre l’enrichissement illicite, vous pouvez contribuer à créer une culture de l’intégrité et de la responsabilité.
C’est ainsi que vous pourrez non seulement protéger les droits et les opportunités des femmes mais aussi renforcer l’efficacité de la lutte contre les pratiques corruptives dans votre pays. Par vos reportages, vos enquêtes et vos prises de parole, vous pouvez contribuer à forger une génération de femmes leaders, engagées et résilientes, prêtes à relever les défis de demain. L’engagement des femmes et des filles est essentiel pour une lutte efficace contre l’enrichissement illicite.
En tant que communicantes, vous avez le devoir de faire entendre leur voix et d’inspirer leur action. Votre rôle est d’autant plus crucial aujourd’hui, dans un contexte où les femmes aspirent à une plus grande égalité et à une participation accrue dans tous les aspects de la vie économique, sociale et politique”, a-t-il déclaré.
En ouvrant l’atelier au nom de Dr. Moumouni Guindo, président de l’Oclei, Seidina Oumar Diarra a fait remarquer que la corruption est un problème omniprésent qui porte atteinte aux valeurs d’intégrité, de transparence et de responsabilité des institutions et de des communautés. “Et lorsque nous envisageons l’impact de la corruption sur les femmes, nous devons reconnaître les défis et les vulnérabilités uniques auxquels elles sont confrontées. Les femmes en particulier en Afrique, sont touchées de manière disproportionnée par des pratiques de corruption qui leur refusent des opportunités, un accès aux ressources et une participation égale aux processus de prise de décision. Elles subissent souvent le poids de la corruption sous diverses formes, notamment les pots-de-vin, le népotisme le harcèlement et l’exploitation. Cela perpétue non seulement l’inégalité entre le genre mais aussi les cycles de pauvreté, de violence et d’injustice.
Aujourd’hui, alors que nous nous réunissons pour discuter et élaborer des stratégies sur la manière de lutter contre les pratiques de corruption à l’égard des femmes, nous devons reconnaître l’importance d’amplifier les voix, les expériences et le leadership des femmes dans les efforts de lutte contre la corruption. Il est crucial d’écouter leurs histoires, de leur donner les moyens de s’exprimer et de soutenir leur agence dans ses revendications de responsabilité et de justice.
Notre atelier vise à mettre en lumière la manière dont la corruption recoupe la dynamique de genre, perpétue la discrimination et la violence à l’égard des femmes et entrave leur participation aux sphères économiques, politiques et sociales. Nous explorerons également des stratégies et des solutions pour promouvoir des politiques anti-corruption sensibles au genre, donner aux femmes les moyens de résister à la corruption et favoriser une culture de transparence et d’intégrité”, a-t-il développé.
Il a exhorté les participants à l’atelier à travailler ensemble pour que les droits des femmes soient respectés, que leurs voix soient entendues et que leurs expériences soient valorisées dans les efforts pour lutter contre les pratiques de corruption et construire un avenir meilleur pour tous. L’atelier était animé par Seybou Kéita, Ibrahima Coulibaly, Mme Mama Koïta et Siriman Sackho.
Siaka Doumbia