Notre rédaction l’a dit plus d’une fois et ne se lassera jamais de le répéter : les peuples, en Afrique, laissent tout faire, acceptent tout et ferment les yeux sur tout, sans se soucier que la reprise en main deviendra plus difficile ; car il y a l’échec et les conséquences de l’échec.
Nul doute que la passivité des Maliens renforcée par l’adhésion de toute la classe politique à cette gouvernance de «consensus», qui n’était ni plus ni moins que de la forfaiture, ont été un terreau pour l’émergence de cette gouvernance minée, d’une manière vicieuse et pernicieuse, par la corruption et la délinquance financière ; un Etat en déconfiture.
A la suite de la lettre que l’ancien ministre N’Diaye Bah, désormais sous mandat de dépôt, nous publions également la lettre confidentielle n° 1187/MEF-SG du 29 décembre 2006 du ministre Abou- Bakar Traoré ; cela à cause des nombreux coups de fil de nos lecteurs sidérés par ce détournement crapuleux.
Pour rappel, c’est à la faveur d’une transaction entre deux personnes privées, portant sur la vente de l’hôtel en chantier «Mariétou Palace», que ces deux anciens ministres se sont donné la liberté, en violation de la loi n° 02-015 du 03 juin 2002, de procéder à un détournement de destination de fonds publics portant sur 450 millions F CFA.
Pour arriver à leurs fins, N’Diaye Bah, ministre de la République, poussera l’audace jusqu’à demander, en lieu et place d’une société anonyme unipersonnelle, une exonération de droits, alors que cette dernière avait déjà consenti à les payer comme le confirme l’acte notarié.
Et le second acteur, Abou- Bakar Traoré se donnera la liberté d’outrepasser ses prérogatives en accordant cette dispense ; comme il le confirme en des termes bien à propos «à titre exceptionnel». Dès lors, comment ne pas retenir qu’il s’agissait bien là d’une préméditation, fort de la protection présidentielle, comme dans d’autres cas ? Et instruire la récupération de ces fonds publics évadés, peut-il est assimilé à une chasse aux sorcières ou à un règlement de compte politique ?
Comment notre pays pourra-t-il se passer de l’aide extérieure, lorsque des crapules, pour des raisons inavouées, continuent à détourner d’une manière éhontée les recettes intérieures ?
Il n’est un secret pour personne que les présidents Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré ont sciemment omis, vingt ans durant, de mettre en place la Haute Cour de Justice, une institution compétente pour juger le président de la République et les ministres mis en accusation devant elle pour haute trahison ou à raison des faits qualifiés de crimes ou délits commis dans l’exercice de leurs fonctions.
Aujourd’hui, il s’agit pour le peuple malien de faire face aux conséquences de l’échec ; échec de toutes ces politiques mal pensées, mal élaborées et ou mal appliquées autour de l’école, du foncier, de la santé, de la privatisation, de l’investissement, de l’endettement, etc., dont les conséquences, sans nul doute, nous ont conduit à un pays de non droit bouleversant l’ordre social et aplatissant l’Etat ; un Etat dégradé et désagrégé.
Il ne serait pas inutile de revenir sur cette intervention de l’ancien président de la Cellule d’appui aux structures de l’administration (CASCA). M. Bréhima Diallo, ne pouvant se contenir lors de la remise du rapport 2007 de ladite structure, déplorait l’indifférence des pouvoirs publics face au fléau de la corruption, de la malversation et autres délinquances financières.
Dans cette intervention, qui a été d’ailleurs sa dernière au Palais de Koulouba, M. Bréhima Diallo a souligné que «… Si l’Administration fait l’objet de tant de récriminations, c’est parce qu’elle ne fonctionne plus selon les règles et procédures dont la mise en œuvre ordonnée et coordonné fait sa force. Aujourd’hui, tout se passe comme si les responsables administratifs, à quelque échelon qu’ils se trouvent, avaient renoncé à exercer les prérogatives qu’ils tiennent de la loi».
Sans commentaire.
Safounè KOUMBA
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