La nouvelle a vite fait le tour du landerneau politique bamakois hier en début d’après-midi. Dans les milieux les mieux informés, elle était même donnée pour certaine avec force détails à l’appui dès la fin de la matinée. Renseignements pris au téléphone, c’est une réelle consternation qui a envahi Goundam, ville natale du ministre de la santé.
Cette démission du Gouvernement du deuxième vice président de l’Urd sera une certaine délivrance pour le Mali entier. Rarement notre pays a, en effet, été tenu en haleine par de soupçons de corruption aussi lourds que ceux qui ont pesé sur lui. On comprendra que ce ne fut pas simplement un ouf, mais bien un hourra de soulagement qu’a poussé l’ensemble de la classe politique nationale.
Depuis de longs, les médias d’ordinaire bien informés ont laissé suppurer des détails précis sur les accusations nombreuses portées contre le ministre de la santé. Du Fonds mondial de la santé au Fonds Gavi, multiples ont été les manquements de sa part pointés.
L’on aura même longtemps glosé sur l’insatiable appétit financier d’Oumar Ibrahim Touré et son penchant de plus en plus prononcé vers la bourgeoisie. De là à mentionner son château, d’aucuns ont plutôt parlé de son Palais, de 120 millions dans sa ville natale, ce n’était plus qu’un exercice banal. Bref, la chronique, sans doute quelque peu boursouflée par moment, a été méticuleuse en fait de révélations. Voilà, dans notre pays, la démission est perçue comme une suprême humiliation : on ne démissionne pas et on ne se fait pas démettre.
Le cas Oumar Ibrahim Touré restera très certainement dans les annales. Aujourd’hui, il lui appartient de faire la lumière sur tout ce qu’on lui reproche. Mais il revient tout autant à l’Etat d’élucider sans réserve tout ce qui est avancé contre lui. Après tout, il s’agit d’un grand commis de la République appelé à servir au plus haut niveau. Un niveau qui gère la santé publique, donc ce qui permet à chacun de nos compatriotes d’accomplir les devoirs qu’implique la satisfaction normale de l’individu et du citoyen.
Dans l’attente du devoir de vérité au sommet de l’Etat, des questions taraudent nombre de Maliens. Pourquoi avoir attendu tant de temps pour en arriver à la démission ? Première question que se partageront seulement Oumar Ibrahim Touré et Amadou Toumani Touré. Etait-il vrai que le ministre de la santé fut le mousquetaire, sorte d’arme secrète, pour déstabiliser à la fois Soumaïla Cissé et l’Urd , auquel cas on est légitimement fondé à croire que la justice immanente a rattrapé l’officier félon tapi dans les rangs ? L’affaire Oumar Ibrahim Touré relève-t-elle de la façon toute ATT de n’humilier jamais qui que ce soit ? La justice sera-t-elle libre d’apporter toute la lumière sur un cas qui n’a laissé personne indifférent ? Rappelons que pour peu que l’affaire du ministre de la santé, un ministre de la Transition, M. Camara, avait rendu le tablier afin que le gouvernement de la République respire sainement. C’était sous ATT premier.
Amadou N’Fa Diallo