Classement Transparency International 2010-10-28 : La corruption gagne du terrain au Mali

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L’Ong internationale Transparency International a publié, mardi 26 octobre à Berlin, son rapport 2010. Dans ce dernier classement, le Mali occupe la 116ème place sur 178 pays classés, avec un indice de perception de la corruption s’élevant à 2,7 sur une échelle de 10 points. Ce qui constitue un recul avec une perte de  5 places en comparaison du classement précédent où notre pays se plaçait au 111ème rang même si c’était sur 180 pays classés, avec un indice de perception de la corruption de 2,8%. Autant dire que le Mali est en train de s’enfoncer dans les eaux glauques de la corruption et de la mal gouvernance  socio-économique. A la grande joie des délinquants à col blanc requinqués par l’impunité ambiante. Si les pays occidentaux, ceux de l’Europe du Sud surtout, à la lumière du rapport, n’échappent à cette tendance fâcheuse, il n’en demeure pas moins que le phénomène annihile les efforts de lutte contre la pauvreté. Une raison suffisante pour lui livrer une guerre sans merci.

Selon l’indice de perception de la Corruption (IPC) 2010 de Transparency International dans un classement évaluant 178 pays en fonction de la perception du niveau de corruption affectant leur administration publique et classe politique, rendu public mardi 26 octobre à Berlin en Allemagne, près du trois-quarts des Etats sont gravement corrompus.

En publiant son rapport annuel, l’ONG Transparency International lance principalement une mise en garde aux gouvernements, estimant que la corruption pèse sur leurs efforts pour renflouer les marchés financiers, et lutter efficacement contre le réchauffement planétaire et la pauvreté. Car, sur les 178 pays étudiés, près des trois quarts affichent un indice de perception de corruption inférieur à la moyenne. L’indice est établi grâce à des sondages réalisés auprès d’hommes d’affaires et spécialistes. Il va de 10 pour un pays considéré comme "propre" à zéro pour un pays perçu comme gangrené par la corruption.

Dans un communiqué, la présidente de TI, Huguette Labelle, a fait un commentaire sévère. "Ces résultats montrent que des efforts bien plus importants sont requis pour renforcer la bonne gouvernance dans le monde", a-t-elle affirmé. "Accepter que la corruption perdure est inacceptable ; trop de personnes pauvres et vulnérables dans le monde continuent à souffrir de ses conséquences. Nous avons besoin de voir une mise en œuvre plus importante des règles et lois existantes", a-t-elle ajouté.

Parmi les pays africains qui ont fourni plus d’efforts dans la réduction de la corruption, le rapport note que le Botswana (33e), l’île Maurice (39e) et le Cap-Vert (45e) tirent leur épingle du jeu, arrivant en tête des pays africains perçus comme parmi les moins corrompus. Mais c’est surtout le Rwanda qui a réalisé une belle progression en passant de la 89e à la 66e place. Le Rwanda tient ces performances grâce à la mise en application scrupuleuse de la politique de " la tolérance zéro " contre la corruption.

Notre pays, qui occupe le 116ème rang, avec un indice de perception de la pauvreté de 2,7 sur une échelle de 10,  a reculé dans ce classement par rapport au précédent, celui de 2009, dans lequel il s’affichait au 111ème rang avec un indice de 2,8. Dans le classement 2008, il était au 96ème rang avec un indice de perception de la corruption de 3,1, soit une dégringolade de 15 places. Même si notre pays n’a perdu dans le dernier classement que 5 points comparativement au précédent, ce rang est loin d’être honorable pour le Mali.

En dépit du fait que, dans ce classement 2010, il devance, de loin, certains pays comme  Madagascar (123ème) l’Ouganda (127ème) le Nigeria (143ème) la Mauritanie (143ème) le Cameroun (146ème) la Côte d’Ivoire (146ème) la Libye (146ème) Congo Brazzaville (154ème) la RDC (164ème) le Tchad (171ème) le Soudan (172ème) et  la Somalie (178ème) qui ferme la marche dans le classement général.

Parmi les pays voisins, le Burkina Faso, le Sénégal et le Bénin occupent respectivement  les 98ème, 105ème et  110ème rangs.

Tout se passe dans le cas du Mali comme si, malgré l’existence du Bureau du Vérificateur Général et l’armada d’organismes de contrôle, l’organisation des Etats généraux de la lutte contre la corruption, ceux qu’on a l’habitude d’appeler les " mercenaires du statu quo " sont en train  de faire un pied-de-nez à ATT.

Ne voyant en face aucun empêcheur-de-frauder-en-rond, ils s’adonnent à cœur joie à leur peu honorable  besogne dans un climat d’impunité ambiante. La corruption tend à devenir un phénomène toléré, voire banalisé au Mali. Dans cette atmosphère délétère, la lutte anti-corruption apparaît comme le grand serpent des mers dont tout le monde parle mais que personne n’a jamais vu. Une situation qui aggrave la fracture sociale. En effet, pendant que certains préparent l’avenir de leurs arrière-arrière petits-enfants, il y en a dont les enfants n’ont même pas un morceau de pain à manger. Faut-il encore parler des " milliardaires de la démocratie " qui, du haut de leurs fortunes malhonnêtement amassées en si peu de temps, n’hésitent pas à narguer le bon peuple ?

Cette situation interpelle, au premier chef, le président de la République, Amadou Toumani Touré, car la lutte contre la corruption est, avant tout, une question de volonté politique. Elle risque de peser lourd dans le passif de son bilan, malgré les belles actions réalisées dans le domaine du développement socio-économique, sous son égide.

                             Yaya SIDIBE

 

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