On croyait Ladji Bourama spécialisé dans le latin, le grec et, surtout, les sciences coraniques. Le voilà qui se transforme, du jour au lendemain, en juge de paix à compétence étendue. L’expression “juge de paix” semble d’ailleurs inappropriée; il vaut mieux parler de “juge inversel” car Ladji Bourama envisage, non de faire régner une quelconque paix, mais de passer tout le pays en jugement et dans des délais record.S’il a un programme, c’est bien celui-là. A l’en croire, l’honneur du Mali et le bonheur des Maliens en dépendent. Après avoir passé tout le peuple adulte par le poteau d’exécution, notre grand chef ne craint pas de régner sur un désert. Ce sera sa façon de prendre, comme il l’a promis, le contrepied du “Vieux Commando” qui, avant sa fuite nocturne à dos d’homme, s’encombrait de beaucoup trop de monde.
Arrêté, le 27 novembre 2013, par un corps d’armée que ne désavouerait pas le conquérant Soundjata Kéita, le général Sanogo attend son jugement dans une cellule de gendarmerie. Le jugement n’engagera pas Sanogo seul, bien sûr; il va falloir, dans la foulée, interroger ses anciens subordonnés dont plusieurs continuent de festoyer tranquillement en haut lieu (suivez mon regard !). Je parie une mandibule d’abeille contre une quenouille de tisserand qu’après ce procès géant, nul ancien putschiste ne gardera la tête sur le cou. A moins que Ladji Bourama ne l’ait oublié, ce qui, statistiquement, relève de l’impossible.
Nul n’étant au-dessus de la loi et le bâton aveugle de Ladji Bourama étant ce qu’il est, le procès de Sanogo sera suivi de celui des bérets rouges. Ce sera l’occasion de leur demander pourquoi ils ont pris les armes contre les bérets verts et ce qu’ils espéraient faire du pouvoir s’ils l’avaient obtenu. Petite question de détail: Ladji Bourama s’étant appuyé sur les bérets rouges pour neutraliser les bérets verts, sur quel genre de bérets s’appuiera-t-il pour maintenir l’armée en état de marche après la condamnation successive des bérets rouges et des bérets verts ? S’appuiera-t-il sur des turbans ? En tout cas, je ne vois pas, après les bérets verts et les bérets rouges, d’autres hommes en armes que ceux enturbannés du MNLA et d’Ançar Dine !
Or justement, ces combattants-là, qu’ils soient séparatistes, jihadistes ou narcotrafiquants, Ladji Bourama entend les juger eux aussi. Histoire de leur faire regretter d’avoir coupé des pieds, des mains et des têtes et d’avoir violé les innocentes femmes du nord. Quand les juges leur auront mis le sabre sur le cou, Iyad Ag Ghali et les siens apprendront alors à distinguer le nord malien de l’Azawad et l’islam de l’islamisme.
Privé des bérets verts, des bérets rouges et des hommes enturbannés, notre pays devra se contenter, pour assurer sa sécurité, des policiers. Le hic, c’est que les chefs de police Siméon Kéita, Siriman Fané et autres croupissent eux aussi en prison en attendant leur jugement. Ladji Bourama leur reproche leur vieille proximité avec Sanogo. Or, pour un crime pareil, la peine n’a rien de bien réjouissant. Quant aux autres policiers, ils sont trop occupés à traire les usagers de la voie publique pour songer à la sécurité nationale.
Comme s’il n’avait pas encore assez de blé, pardon !, d’accusés à moudre, le premier magistrat malien ouvre un chantier tout neuf: le procès du “Vieux Commando”. Ladji Bourama vient de demander, mi-décembre, aux députés de traduire l’intéressé devant la Haute Cour de Justice. Pas pour y lire un discours mais pour haute trahison (excusez du peu!). Une grande première puisque jamais personne, sous nos tropiques, n’a comparu devant cette effrayante Cour. Pauvre “Vieux Commando” ! Père de la démocratie malienne, il avait atteint le fond après la perte du pouvoir et l’exil à Dakar; il pensait qu’avec l’avènement à Koulouba de son frère et ami Bourama, il rentrerait bientôt au bercail pour égrenner le chapelet à la mosquée de Mopti. Il retrouvait d’autant plus le sourire que ses tombeurs, les putschistes de mars 2012, prenaient, les uns après les autres, le chemin du bagne. Mais hélas ! Au lieu du retour triomphal espéré, c’est une solide potence qu’on lui prépare ! Le plus drôle, c’est qu’au moment où le “Vieux Commando” est appelé en justice pour avoir admis des rebelles sur le territoire national, Ladji Bourama les libère par camions entiers ! Il y a même deux éminents chefs rebelles élus sur la liste RPM à Kidal ! C’est vrai que les députés sont saisis du seul cas du“Vieux Commando” et qu’ils n’ont pas à regarder ailleurs…
Croyant qu’on vivait toujours à la belle époque de Dioncounda Traoré, l’apôtre de la non-violence, les barbus du MP22 ont déchanté bien vite.Après avoir fomenté une marche pour réclamer la libération du général Sanogo, le sieur Tabouré et la dame Rokia Sanogo, compagnons de route du Dr Oumar Mariko, ont atterri en taule malgré l’agilité de leurs jambes. Ce n’est là, au demeurant, qu’un avant-goût du sort que Ladji Bourama réserve aux politiciens en délicatesse avec la justice.
La justice ? Elle-même passera bientôt en jugement. De fait, une pleine cargaison de magistrats sont, depuis un mois, écroués pour des crimes divers. La juridiction la plus éprouvée par la rafle est sans conteste le tribunal civil de Mopti qui se voit, d’un coup, privé de son procureur, de son juge d’instruction, de son greffier et de son huissier ! Laissé seul dans ses bureaux, le président du tribunal a, un moment, observé le deuil en fermant les portes du tribunal. Malheureusement pour les détenus en robe noire, ils ne trouveront pas grand-monde pour les pleurer, les juges ayant souvent donné du jus de nivaquine à boire aux usagers.
Tiékorobani
JUSTICE – VERITE – RECONCILIATION ❗
Merci et bonne continuation
très amusant mais avec un fond qui a du sens.
Tièkorobani, que tu veuilles ou pas, ladji Bourama ne te donnera rien. Tu as intérêt à retourner dans ton gros boubou de juriste en disparition, n’ayant rien pu voler qui voler sous ATT.
Ladji ne t’offrira rien.
Ce qu’ATT n’a pas donné aux mediocres qui va le leur donner?
tres drôle 😆 😆 😆
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