A l’Assemblée Générale des Nations Unies, à la faveur de la 76e session de l’Assemblée Générale, le Premier Ministre a livré un brillant Discours portant sur la crise multidimensionnelle que traverse le Mali depuis 2021 et les sacrifices consentis par le de la transition pour permettre le pays de tourner cette page douloureuse. Fidèle à son style de franc-parler, Dr Choguel Kokalla Maïga a fait savoir clairement que son pays est en passe d’être abandonné en plein vol par ses partenaires traditionnels, principalement par la France.
Le samedi 25 septembre 2021, à New York, à la tribune de l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies, le Premier Ministre Choguel Kokalla Maïga a livré une allocution retentissante. Sans détour, il a passé en revue les circonstances difficiles que traverse actuellement le Mali tant au plan sécuritaire, sociopolitique, économique que sanitaire et climatique.
En effet, après s’être félicité de la présence massive de la Communauté internationale aux côtés du Mali et de l’ensemble des pays du Sahel auxquels est imposé une crise sécuritaire depuis presque plus d’une décennie, le Chef du Gouvernement a attiré l’attention du Secrétariat Général de l’ONU et de ses différentes commissions en charge des questions de paix, de sécurité et d’intervention à travers le monde la phase où se trouve actuellement le Mali face à « l’hydre du terrorisme, à l’extrémisme violent et à l’instabilité ». Situation pleine de risques majeurs d’enlisement, de banalisation ou de lassitude, en mesure de détourner la Communauté international dans ses objectifs et agenda au service de la paix et de la stabilité au plan universel.
A cette occasion, Dr Choguel Kokalla Maïga a réitéré au Secrétaire Général de l’ONU, le Portugais António GUTERRES, la haute appréciation du Mali des efforts louables qu’il continue de déployer pour la réalisation des nobles objectifs à la tête de l’Organisation commune. Il s’est félicité aussi du fait que la 76e session ordinaire de l’Assemblée Générale de l’ONU en cours s’ouvre fort opportunément sur le thème de l’espoir. « L’espoir de renforcer notre résilience pour nous relever de la pandémie de la Covid-19, dans un esprit de responsabilité, de coopération et de solidarité. L’espoir d’un monde plus sûr, d’un monde de sécurité humaine. L’espoir que le Sahel retrouve la stabilité et redevienne un havre de paix et un pôle de croissance et de développement. L’espoir, enfin, de revitaliser l’Organisation des Nations Unies ». Selon le PM Maïga, le Mali souscrit pleinement à l’esprit et à la lettre de ce thème, qui résume parfaitement les idéaux de l’Organisation des Nations Unies. Et d’ajouter que c’est une lapalissade d’affirmer que le Mali et les pays du Sahel sont, de nos jours, confrontés à l’hydre du terrorisme, à l’extrémisme violent et à l’instabilité. Une crise sécuritaire qui n’a que trop duré avec tous les risques de débordement tant au plan sous-régional qu’international au détriment de la paix, de la sécurité et de la stabilité mondiales.
A cette crise sécuritaire devenue à la base d’angoisses et de tragédies quotidiennes est venue se greffer un énième larron, celui dû à la pandémie de la COVID-19 avec tous ses impacts négatifs sur l’Economie et les conditions de vie des populations maliennes. Situation depuis toujours précaire du fait des défis économiques, politiques et humanitaires. « Rarement, un pays ou une Région aura été aussi durement éprouvé par l’empilement des crises plus que le Mali et les Etats du Sahel », a insisté Dr Choguel Kokalla Maïga en face des Dirigeants et Représentants des 193 pays réunis.
S’agissant de la crise du Nord, le Premier Ministre rassure que le Gouvernement de transition qu’il dirige depuis le 11 juin 2021 n’est pas sans être conscient des préoccupations des Représentants des forces vives nationales maliennes, du souci d’inclusivité des membres des Mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, ainsi que des efforts que continue de déployer la Communauté internationale au chef du Mali (NDLR : depuis 2013 pratiquement). D’où, l’élaboration du Plan d’Actions du Gouvernement de transition, qui contient un ensemble de mesures dont la mise en œuvre va assurer la prise en charge des préoccupations majeures des populations éprouvées par la crise sécuritaire, politique, sanitaire et économique. Ce Plan d’Action Gouvernemental, adopté le 2 août 2021 par le Conseil National de Transition, organe législatif transitoire, s’articule autour de quatre axes prioritaires. Il est assorti d’un chronogramme d’exécution et d’un Budget prévisionnel raisonnable.
L’arbre ne devant pas cacher la forêt, Dr Choguel Kokalla Maïga déplora, en revanche, du fait que mars 2012 à nos jours, la situation de son pays ne s’est guère améliorée. Ce, malgré ce soutien massif et accru international et la présence sur le sol malien d’une Opération de paix de l’ONU, la MINUSMA, et d’autres forces internationales dont l’Opération française Barkhane, la Force européenne TAKUBA et la Force conjointe du G5 Sahel. Et il explique que la situation continue de se détériorer, au point que des pans entiers du territoire national échappent au contrôle du Gouvernement. Les Maliens vivent sous l’emprise des Groupes armés terroristes dans le déni de leurs droits les plus élémentaires. Leur accès aux services sociaux de base demeure hypothétique en raison de la faible présence des services de l’Etat, consécutive à l’insécurité grandissante.
La MINUSMA qu’il salua le courage et la contribution à la stabilisation du Mali, évolue dans cet environnement vulnérable avec tout ce que cela comporte comme menaces sur elle.
Face à cette situation préoccupante, le Gouvernement malien est régulièrement et fortement interpellé par les populations, de plus en plus exigeantes vis-à-vis des pouvoirs publics et des partenaires internationaux. S’il est établi que l’un des droits fondamentaux des populations est le droit à la sécurité, la garantie de celle-ci est, assurément, l’élément de légitimation de l’Etat aux yeux des citoyens.
Pour conclure, Dr Choguel Kokalla Maïga a regretté la décision unilatérale du retrait de Barkhane et sa transformation sans tenir compte du lien tripartite qui liant le Mali, la France et l’ONU en tant que partenaires sur le front de la lutte contre les facteurs de déstabilisation et justifie la volonté de Bamako de mise sur l’élargissement de sa coopération militaire avec d’autres nouveaux partenaires. « Le Mali regrette que le principe de consultation et de concertation qui doit être la règle entre partenaires privilégiés n’ait pas été observé en amont de la décision du Gouvernement français.
Aussi, la nouvelle situation née de la fin de l’Opération Barkhane, plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol, nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome ou avec d’autre partenaires, de manière à combler le vide que ne manquera pas de créer par la fermeture de certaines emprises de Barkhane dans le Nord de notre pays. Cette situation doit également inciter les Nations Unies à avoir désormais une posture plus offensive sur le terrain », a-t-il déplu.
Djankourou