«Le pôle spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière est la réponse judiciaire contre les criminalités au Mali», a déclaré le procureur Boubacar Sidiki Samaké, à la faveur d’une conférence de presse tenue dans les locaux du département de la Justice en vue d’éclairer l’opinion publique sur les affaires pendantes au niveau de cette juridiction. Il s’agit visiblement d’une première dans le système judiciaire malien dont le mérite revient au ministre engagé depuis quelques temps dans le crédo suivant : informer et rassurer les citoyens que «la vérité ne sera plus un tabou».
En se prêtant aux questions des journalistes, le procureur Samaké a soutenu que l’avènement du pôle judiciaire spécialisé contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière se justifie avant tout par la crise de 2012ayant entrainé une série de perturbations dont l’occupation du septentrion par des groupes armées et terroristes, l’absence de l’administration, etc. Et c’est in extremis que l’Etat a pu résister, a-t- il mentionné, en déplorant les proportions de la criminalité dans ces régions. S’y ajoute, selon le procureur, la corruption, le trafic d’armes, de drogues et de personnes contre lesquels mettre en place une structure contre le terrorisme, le blanchiment des capitaux, la traite des personnes, le trafic international d’armes et de drogue. Et de soutenir au passage que le pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière est la réponse judiciaire aux grandes criminalités. Face à ces crimes odieux, complexes, difficiles à déceler et à combattre par les règles classiques du droit pénal, il fallait des règles spéciales qui offrent la possibilité aux polices judiciaires spécialisées de procéder à des écoutes téléphoniques, à des persécutions de jour comme de nuit, au prolongement de la durée des gardes à vue jusqu’à huit jours ainsi que la possibilité de s’emparer de toutes les infractions qui entrent dans sa compétence même commisses en dehors du territoire malien. Le Procureur Samaké se réjouit par ailleurs des résultats obtenus en moins d’une année d’existence. Le parcours est en effet jalonné de 79 affaires en cours d’examen dont 12 sont classées sans suite, tandis que d’autres ont donné lieu à une ouverture d’information judiciaire, 13 affaires transmises à la cour d’appel afin de la saisine de la cour d’assise. Et plus de trente personnes sont sous mandat de dépôt donc en entente d’un jugement. En matière de blanchissement d’argent, une dizaine d’affaires sont en cours d’examen et une affaire a été déjà jugé et l’auteur été condamné. En matière de trafic international de drogue plus de 50 affaires sont en cours dont bon nombre ont été jugés lors de la session de la derrière cour d’assise.
A propos d’une négociation avec les terroristes au nom de la paix défendue lors de la conférence d’entente nationale, le Procureur,a laissé entendre que la démarche serait une impunité et contraire aux règles de la République avant de signaler révéler que parmi les dossiers figurent ceux des terroristes Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa. Et d’assurer que ses services mettront tout en œuvre pour les traquer et les traduire en justice. S’agissant des attaques terroristes de la Terrasse, du Byblos de Sévaré, du Radisson Blu Hotel et du campement Kangaba, M. Samaké a indiqué que les résultats des enquêtes ont prouvé que c’est un même réseau terroriste qui se cache derrière et que les auteurs seront également traqués quelle que soit la durée de la procédure des enquêtes et des investigations. Les moyens humains et matériels permettent d’espérer sur de tels résultats, selon Boubacar Sidiki Samaké.
Amidou Keita