Attribution illégale d’une propriété foncière à autrui : Le maire du district Adama Sangaré interpellé et retenu par la Brigade d’investigations judiciaires (BIJ)

0

Le maire du district de Bamako, Adama Sangaré, se trouvait jusqu’à hier dimanche dans les locaux de la Brigade d’investigations judiciaires (BIJ) situés dans la cour de l’ancienne direction générale de la police, en plein centre ville. C’est le vendredi 22 février qu’il a été interpellé et, après plusieurs heures d’un interrogatoire serré, gardé sur ce lieu. Son interpellation a été, selon toute vraisemblance, ordonnée par le procureur du pôle économique. Elle serait liée à la délivrance par le maire d’un permis de construire sur la propriété d’autrui. La propriété concernée serait une parcelle revendiquée par une dame dans un quartier du district.

Adama Sangaré, maire de Bamako
Adama Sangaré, maire de Bamako

L’interpellation d’Adama Sangaré a suscité un vif émoi dans les milieux politique, administratif et des affaires étant donné son double statut de premier responsable de la ville de Bamako et de poids lourd de l’ADEMA, le parti majoritaire à l’Assemblée Nationale dont est issu le président de la République par intérim, Pr Dioncounda Traoré. La nouvelle s’étant répandue comme une trainée de poudre, plusieurs personnalités politiques, de la ruche comme d’autres formations politiques, se sont rendues au siège de la BIJ pour tenter d’en savoir plus et réconforter leur collègue.

Pour l’une d’elles, avocat de profession et figure de proue du parti majoritaire, la délivrance d’un permis de construire sur un titre foncier appartenant à autrui, si punissable soit-elle,  peut  constituer le vrai motif de l’interpellation et de la rétention du maire du district : “Adama a agi dans le cadre de ses fonctions de maire. S’il y a faute – ce qui reste à prouver étant donné qu’il n’apparait nulle part dans les registres de la mairie que la dame est propriétaire de la parcelle en question – elle pouvait être rattrapée soit par le maire du district lui-même, soit par son collègue de la Commune  concernée, soit par le ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales. Manifestement, on lui a refusé cette possibilité et on l’a traité comme un petit délinquant”.

Notre interlocuteur précise que c’est la famille Niaré, l’une des familles fondatrices de Bamako, qui est la bénéficiaire de la parcelle au coeur de l’affaire, ce qui peut indiquer que Adama Sangaré n’a pas agi à la légère, en tout cas à des fins purement spéculatives.  Plus d’une fois sa tête a été réclamée par des manifestants en colère sous le régime ATT et, après le Coup d’Etat militaire du 22 mars 2012, il a été au nombre des personnalités arrêtées puis relâchées par la junte.

C’est le lieu de rappeler que l’intéressé, comme tous les autres maires du district de Bamako, sont régulièrement accusés par des particuliers et des associations  (le plus souvent de jeunes) de s’enrichir sur le dos de la collectivité en expropriant les pauvres au profit d’acquéreurs fortunés ou en cédant à ceux-ci tous les espaces du domaine public, y compris les terrains de football, les espaces verts et les lieux de réjouissances populaires.  Il reste que dans un contexte de préparatifs des élections générales, l’interpellation de Adama Sangaré par la BIJ, même pour “les besoins d’une enquête “ ne manquera pas d’être perçue comme un coup porté à l’ADEMA dont il est l’un des barons.  Ce lundi, il doit comparaitre devant le procureur du pool économique, assure t-on dans son entourage.

Seydou DIARRA

Commentaires via Facebook :