Attribution frauduleuse de subventions par le CDE à des entreprises privées maliennes :rnLe ministre Ahmed Sow doit-il démissionner ou pas ?

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C’est un secret de polichinelle : l’Office Européen de Lutte Anti-Fraude (OLAF) a écrit, depuis le 24 septembre 2007, au Premier ministre d’alors du Mali, Ousmane Issoufi Maïga (déjà sur le pied de départ) pour lui faire part de l’ouverture d’un «dossier d’enquête en décembre 2006, après avoir reçu des allégations de conflit d’intérêts, à charge du directeur du Centre pour le Développement de l’Entreprise (CDE),

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Monsieur Hamed Sow». Dix jours après l’envoi de cette correspondance, voici le même Hamed Sow, promu ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau. Sa nomination dans le gouvernement de Modibo Sidibé a permis de dévoiler cette affaire au grand jour. Elle est en train d’écorcher quelque peu l’image du nouveau gouvernement. C’est pourquoi, l’on est fondé à s’interroger sur le maintien ou non de Ahmed Sow dans l’attelage gouvernemental.

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A peine installé au ministère des Mines, de l’Energie et de l’Eau, Ahmed Sow serait  éclaboussé par sa gestion antérieure à sa nouvelle fonction de ministre. En effet, il était précédemment  directeur du Centre pour le Développement de l’Entreprise (CDE) à Bruxelles, une institution  ACP – UE, financée principalement par le Fonds Européen de Développement (FED) dans le cadre de l’Accord de Cotonou associant l’Union européenne et les 77 pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique). Dans le cadre d’une approche-programme, sectorielle et régionale, le CDE, qui intervient par subventions, encourage et appuie la création, l’expansion, la restructuration d’entreprises de tous secteurs, y compris celui des services. Il favorise également le partenariat entre entreprises européennes et entreprises des pays ACP.

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C’est dans ce cadre là que Hamed Sow est soupçonné d’avoir accordé fort de sa position des subventions à des sociétés dont il serait actionnaire. Aussi, l’Office Européen de Lutte Anti-Fraude (OLAF) une structure rattachée à la Commission européenne, chargée de mener des enquêtes dès lors que des soupçons de fraude, irrégularités au détriment des finances communautaires lui sont rapportés, s’est-il intéressé à la désormais «affaire de Hamed Sow». C’est pourquoi, il «a ouvert un dossier d’enquête en décembre 2006, après avoir reçu des allégations de conflit d’intérêts, à charge du directeur du CDE, Monsieur Hamed Sow».

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Afin de mener à bien sa mission, l’OLAF a informé le Premier ministre du Mali d’une mission d’enquête qui devra séjourner à Bamako pour y effectuer des «démarches auprès de notaires en particulier, qui seraient dépositaires d’actes aux termes desquels Monsieur Hamed Sow aurait acquis des participations commerciales ou aurait conclu des accords secrets avec un ou plusieurs citoyens maliens, aux mêmes fins. Des auditions devraient également pouvoir être effectuées à Bamako de personnes privées ayant ou ayant eu des relations contractuelles avec Monsieur Sow».

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Enfin, le patron de l’OLAF, Franz-Hermann Brûner, a demandé au chef du gouvernement de prêter une assistance à son office dans le déroulement de cette enquête, évoquant du passage, les excellentes relations qui prévalent entre le Mali et la Commission européenne. Est-il nécessaire de rappeler que l’OLAF a pour mission de protéger les intérêts financiers de l’Union européenne, à lutter contre la fraude, la corruption et toute autre activité illégale, y compris celle perpétrée au sein des institutions européennes.

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ATT suivra-t-il l’exemple de  Alpha ?

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Maintenant la question que l’on se pose est de savoir si le gouvernement de Modibo Sidibé acceptera-t-il de coopérer avec l’Office ? Il a l’obligation morale d’aider les enquêteurs de cette organisation à la manifestation de la vérité.

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L’autre interrogation que l’on est fondé à soulever est de savoir si Hamed Sow démissionnera ou pas du gouvernement ? Logiquement, il devrait s’en aller pour permettre aux fouineurs européens de travailler en toute indépendance, sans aucune pression de quelque autorité que ce soit sur les personnes appelées à être écoutées dans cette affaire.

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Le ministre Sow devrait démissionner s’il a le souci de mettre ATT et son régime à l’aise, s’il ne veut pas éclabousser le président de la République lui-même à qui l’on reproche déjà d’avoir pris dans son gouvernement certaines personnes dont la moralité est douteuse.

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Si le ministre Sow entend préserver les excellentes relations qui existent entre le Mali et l’Union Européenne et, par-delà, la communauté internationale, il pourrait prendre sur lui la responsabilité personnelle de démissionner.

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Sous d’autres cieux, des ministres démissionnent pour bien moins que ça. Madame Edith Cresson, première femme française à être Premier ministre, chef de gouvernement, a fait parler d’elle en 1999 lorsque la Commission européenne de Bruxelles a démissionné collectivement pour des «cas de fraudes, de mauvaise gestion ou de népotisme».

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Ici même à Bamako, en 1992, le président Alpha Oumar Konaré a fait démissionner Abdoulaye Camara, alors ministre des Industries (il était nommé il y avait à peine deux mois) parce que son nom était cité dans l’affaire dite du Trésor. Et c’est feu Kadari Bamba qui lui avait succédé.

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Au cas où Hamed Sow ne prendrait pas sur lui l’initiative de démissionner, ATT aura-t-il le courage nécessaire pour le faire partir comme Alpha l’a fait en 1992. En tout cas, si ATT ne le fait pas,  son gouvernement traînera cette affaire comme un nouveau boulet au pied du régime. C’est donc un devoir pour ATT d’écarter le tout nouveau ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau.

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Au finish, s’il est blanc comme neige, il reviendra au président ATT de le réhabiliter, de la plus belle manière, en le réintégrant dans l’équipe gouvernementale ou en le nommant Premier ministre comme il avait été pressenti. A suivre.

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Chahana TAKIOU

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