Porte-parole des chefs d’Etat africains à la réunion de New York les 5 et 6 octobre 2010 sur le refinancement du Fonds mondial, ATT avait obtenu des promesses portant sur 11, 7 milliards de dollars pour la période 2011-2013.Depuis, aucun rotin n’était tombé. Il fallait pour ce faire qu’il présente un gage de sa volonté réelle de gérer dans la rigueur et la transparence les fonds mis à la disposition du Mali pour lutter contre le sida, la tuberculose et le paludisme. D’où l’éjection du gouvernement puis, depuis peu, l’inculpation de Oumar Ibrahima Touré pour "crime d’atteinte aux biens publics et détournement de deniers publics", entre autres. Débarrassé de ce boulet qu’il trainait au pied, ATT quitte Bamako ce lundi dans la nuit pour New York et ne devrait pas revenir les mains vides.
On se rappelle que le président ATT avait été le porte-parole des chefs d’Etat africains à la rencontre qui s’est tenue à New York, les 5 et 6 octobre 2010, sur le refinancement du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Si le message du président de la République, à cette occasion, avait été entendu et vivement applaudi, force est de reconnaître que les promesses faites par les donateurs et qui se chiffrent à 11,7 milliards de dollars en faveur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme pour la période allant de 2011 à 2013 n’ont pas été toutes honorées. Alors que ce sont ces moyens, assure-t-on au niveau des Nations Unies, qui permettront d’appuyer davantage les efforts consentis par les différents pays pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement liés à la santé.
En effet, il s’agit de la promesse financière la plus importante jamais faite pour la lutte menée collectivement contre ces trois pandémies à l’échelle internationale. Les chiffres avancés sont assez importants au regard des 9,7 milliards de dollars que le Fonds mondial avait obtenus en septembre 2007 à Berlin pour la période allant de 2008 à 2010.
D’où la satisfaction, à l’époque, du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, qui présidait la reconstitution des ressources du Fonds mondial. En effet, il a déclaré : " À l’heure où les gouvernements sont si nombreux à revoir leurs dépenses à la baisse, ces engagements leur envoient un message fort en montrant à quel point les dirigeants de la planète veulent véritablement agir dans le bon sens, même au-delà de leurs frontières. Les résultats obtenus prouvent qu’ils comprennent l’importance de la santé pour tous ". Mais suite aux enquêtes qui ont mis à nu des malversations au niveau du Fonds mondial dans quatre pays parmi lesquels le Mali, plusieurs donateurs se sont rétractés.
Difficile mission donc pour ATT qui serait attendu dans le pays de l’oncle Sam dans les prochains jours pour un autre plaidoyer en faveur du refinancement du Fonds mondial.
Comment alors le président ATT, chef d’Etat d’un pays démocratique, pourrait-il se rendre aux Etats-Unis sans avoir au préalable demandé à la justice d’inculper son ancien ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré ? Ce dernier étant suspecté de crime d’atteinte aux biens publics, détournement de deniers publics, faux, usage de faux, favoritisme et complicité de favoritisme dans l’affaire dite du Fonds mondial.
Depuis qu’il a été débarqué, le 5 décembre 2010, du gouvernement de Modibo Sidibé, l’ex-ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, s’était trouvé une distraction dans les voyages tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Avec très certainement son passeport diplomatique en poche. En effet, aux dires de certains proches, avant cette date fatidique du 2 juin 2011, l’ex-ministre de la Santé ne pensait pas qu’il pourrait être un jour inculpé dans l’affaire du Fonds mondial. Car, selon plusieurs sources dignes de foi, l’ancien ministre aurait reçu des assurances quant à une sorte d’immunité qu’il allait le couvrir. L’affaire devant être classée avant le départ du président ATT du pouvoir, en 2012. On se demande maintenant pourquoi ce schéma n’a-t-il pas été mis en œuvre ?
Est-ce à cause de l’intérêt que les partenaires techniques et financiers accordent audit dossier ou bien est-ce la justice malienne qui s’est levée, d’elle-même, pour inculper l’ex-ministre de la Santé ?
En tout cas, parmi les dossiers qui seront sur la table au cours du déplacement que s’apprête à effectuer le président de la République aux Etats-Unis figurera, sans nul doute, celui relatif au Fonds mondial et au sort réservé aux personnes inculpées dans l’affaire. Une affaire dans laquelle l’institution onusienne pourrait se porter partie civile. A suivre.
Mamadou FOFANA