Selon des sources dignes de foi, plusieurs révélations seront au menu lors du procès attendu dans l’affaire du Fonds mondial. Même le principal suspect et le plus important dans la hiérarchie des personnes inculpées, à savoir l’ex-ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, aurait promis " de parler ". Ce qui sous-entend qu’il ne serait pas prêt à aller seul à la boucherie. Quelles autres personnes (cadres ou enfants de personnalités ?) seront-elles indexées comme faisant partie des magouilleurs dans cette affaire?
Elles sont nombreux les cadres et agents arrêtés et emprisonnés dans l’affaire du Fonds mondial qui ont promis " de parler ". Cela afin, naturellement, de faire monter la pression dans le but d’éviter un procès "maquillé " d’où seront absents certaines personnes, jusque-là, insoupçonnées ou qui, on ne sait par quelle alchimie, ont pu éviter la prison alors que leur présumée responsabilité est plus qu’évidente.
Tel était, d’ailleurs, le cas de l’ex-ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, jusqu’à son inculpation, le 2 juin dernier, de crime d’atteinte aux biens publics, de détournement de deniers publics, entre autres. Ce qui a été une bonne nouvelle pour la quinzaine de personnes détenues à la Maison centrale d’arrêt de Bamako et à la prison pour femmes de Bollé.
Selon plusieurs observateurs et parents de détenus, l’inculpation de Oumar Ibrahima Touré permettra forcément à la justice de démêler le puzzle qui semble envelopper cette affaire. Quand on sait que plusieurs agents de la Santé en détention ont rejeté le montant qui leur est reproché. Certains d’entre eux disent même avoir été tout simplement roulés dans la farine tout en soutenant qu’on leur a collé des sommes imaginaires qu’ils auraient détournées. Dans cette affaire, dont l’épicentre se trouve être la Direction administrative et financière (DAF) du ministère de la Santé, il y aura indéniablement beaucoup de révélations car, l’histoire de détournement a commencé bien avant l’arrivée de Oumar Ibrahima Touré au département de la Santé, en octobre 2009. Pour des personnes proches du dossier, il faudra remonter jusqu’à la période avant 2009 où l’affaire a éclaté. C’est-à-dire au moment de la gestion de Maïga Zeïnab Mint Youba qui a été remplacée par l’ex-ministre Oumar Ibrahima Touré.
Actuellement, Conseiller spécial du président de la République, Maïga Zeïnab Mint Youba pourra être appelée au procès pour dire sa part de vérité dans cette affaire de détournement des subventions du Fonds mondial. Des malversations qui ont commencé au moment où elle était ministre de la Santé. Il y a également l’ancien DAF de Maïga Zeïnab Mint Youba, Adama Yacouba Touré, qui pourrait être invité au tribunal. C’est lui que Ousmane Diarra, incarcéré depuis le 4 août 2010, a remplacé comme DAF de la Santé sous Oumar Ibrahima Touré. Dans les coulisses, on parle également des personnes, notamment des enfants d’une personnalité, qui auraient bénéficié de marchés fictifs ou surfacturés. Chantage ou réalité ? En tout cas, si c’est un chantage à la petite culotte, ce sera d’abord grave pour ceux qui veulent lancer leurs avocats sur ce terrain glissant. Car, si le Fonds mondial va se constituer partie civile, le procès en vue ressemblera à nul autre pareil. Le Mali sera devant les télévisions du monde et cela à cause de l’impunité dont ont, d’abord, bénéficié les cadres, agents de la Santé et des opérateurs économiques qui se sont gavés des ressources de l’institution onusienne.
Malgré les plaidoyers avant la lettre, c’est-à-dire le procès, il sera en tout cas difficile, pour les personnes incriminées, de démontrer qu’elles sont toutes blanches comme neige. Car, il est impossible que 2 milliards F CFA puissent disparaître, telle neige après la pluie, des caisses de l’Etat et que tous ceux qui étaient chargés de sa garde disent " je n’ai rien vu ". Quelle myopie! Même avec un Me Jacques Vergès, célèbre avocat français et spécialiste des causes perdues, il sera difficile, pour un inculpé de renier sa propre signature apposée sur un document même s’il est faux. Et, pour certains, de ne pas reconnaître avoir reçu une partie de l’argent perçu de différents marchés financés par des subventions du Fonds mondial. Même si le ridicule devait tuer, pas à ce niveau-là. Surtout que tous les témoins sont ici au Mali. Et certains prêts à témoigner. Il s’agit de l’image du Mali qui est aujourd’hui écornée dans les institutions internationales. Et nos diplomate constamment interpellés sur la question. L’argent détourné n’appartenant pas à notre pays, il est illusoire d’attendre quelque soutien ou appui quelconque de la part de quelque autorité que ce soit. Comme on ne saurait cacher le soleil avec un éventail, il est évident que la vérité éclatera dans cette affaire du Fonds mondial. Une vérité qui permettra que ce ne soit plus le menu fretin qui soit toujours conduit en prison. Heureusement, qu’on est déjà sur cette voie…
Mamadou FOFANA