Après L'arrestation de l’opérateur économique Mamadou Ousmane Ba dit Adou : Le ministre de la Santé dans le collimateur des enquêteurs du Fonds mondial

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Après l’arrestation de plusieurs opérateurs économiques, dont celle plus récente de Mamadou Ousmane Ba, l’étau semble se resserrer autour du ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré. En effet, c’est lui qui est le signataire de tous les marchés fictifs qui ont conduit à l’arrestation des opérateurs concernés. Qui plus est, certains dossiers incriminés ont bénéficié de la forte recommandation de son département auprès de la Direction générale des marchés publics (DGMP). Toutes choses qui mettraient le ministre lui-même dans une position délicate à la fois auprès des enquêteurs du Fonds mondial et des magistrats du Pôle économique et financier du Mali.

Depuis la sortie médiatique, le 3 septembre 2010, du Procureur anticorruption, Sombé Théra, il fallait s’attendre à une évolution dans cette affaire de malversations à grande échelle qui, assurément, ne fait pas honneur à notre pays.

     C’est dans cette dynamique que le Pôle économique et financier, qui a compétence pour connaître de l’instruction et des procédures en matière d’atteinte aux biens publics et, d’une manière générale, de toutes les infractions relatives à la corruption et à la délinquance économique et financière, aurait frappé fort, il y a quelques jours, en envoyant en prison l’un des hommes d’affaires de la place soupçonné d’avoir bénéficié, de la part du ministre de la Santé, d’un marché qu’il n’a pas honoré mais dont il aurait empoché les sous estimés à quelques centaines de millions de F CFA.

     L’homme d’affaire en question répond à l’apellation de Mamadou Ousmane Ba dit Adou. C’est dire que Sombé Théra et ses hommes sont entrés réellement dans la phase des arrestations et cela fait suite au dépôt d’un premier rapport par les enquêteurs du Bureau de l’Inspecteur général saisi par le Fonds mondial.

Depuis l’arrestation, le 4 août 2010, du Directeur administratif et financier du département de la Santé, Ousmane Diarra et de plusieurs hauts cadres du Programme national de lutte contre la tuberculose (PLNT), les observateurs se sont fortement interrogés si la vague dénonciatrice et dévastatrice allait épargner le ministre de la Santé lui-même, Oumar Ibrahima Touré.

 Après ces arrestations et inculpations, il s’agissait pour les enquêteurs de savoir si le ministre était au courant des marchés attribués et qui n’ont pas été exécutés. C’est-à-dire des marchés fictifs qui auraient concerné notamment des médicaments antituberculeux. Il semblerait que les enquêteurs soient venus à la conclusion que cela ne pouvait se faire sans la complicité, tacite ou réelle, de celui qui a eu à signer lesdits marchés. Le ministre de la Santé était-il au courant que l’homme d’affaires à qui des juteux marchés du PNLT ont été octroyés (certainement un marché de plusieurs centaines de millions de F CFA sans appel d’offres) n’avait pas respecté ses engagements, tout en se faisant payer par la caisse du Fonds mondial ?

Alors que, d’après Sombé Théra, Procureur du Pôle économique et financier " …Toute personne ou toute autorité constituée qui, dans le cadre de sa mission, a connaissance d’une infraction, est tenue d’en donner avis immédiatement au Procureur de la République en lui faisant parvenir tous les actes qui peuvent sous-tendre cette dénonciation ". 

Ce précepte a-t-il été respecté par le ministre de la Santé ? Ou ignorait-il que les marchés attribués sur financement du Fonds mondial par le PNLT, par exemple, n’avaient pas été exécutés alors que la Direction générale des marchés publics (DGMP) avait été saisie par son département en vue de donner son " avis favorable " pour l’exécution de ces marchés ? Des interrogations qui, apparemment, ne pourraient être levées qu’avec le concours du ministre de la Santé en personne.

Même si, d’après certaines sources, celui-ci aurait déjà été entendu par le Procureur  anticorruption, il semblerait que c’était dans le cadre d’une autre affaire.  A ce sujet, on parle de l’affaire concernant les 200 millions de F CFA, qui fut objet de polémique entre l’opérateur économique Diaby Gassama et un fan du ministre, Boubacar Coulibaly alias Info. C’était le lundi 30 août 2010. Nous avons, d’ailleurs, déjà évoqué cette rencontre entre le Procureur et cette haute personnalité du ministère de la Santé qui, maintenant, aurait eu son passeport confisqué. Avec le ministre de la Santé dans l’œil du cyclone, on peut, sans doute, affirmer que l’affaire est montée d’un cran. Surtout avec l’arrestation, il y a de cela quelques jours seulement, de l’opérateur économique Mamadou Ousmane Ba, qu’on dit, par ailleurs, très proche du ministre Oumar Ibrahima Touré.

Sombé Théra ne disait-il pas dans son interview que depuis " Octobre 2009, à la suite de certaines investigations, plusieurs malversations ont été décelées dans la gestion des fonds qui ont été mis à la disposition du ministère de la Santé dans le cadre de la lutte contre le paludisme et la tuberculose. Ces malversations s’articulaient essentiellement autour de la falsification des chèques et portaient sur plusieurs centaines de millions de F CFA. Lorsque ces malversations ont été mises à jour, une plainte a été déposée par le ministère de la Santé au niveau du parquet du Pôle économique et financier. Les investigations que nous avons fait mener ont abouti à la collecte d’indices graves qui mettaient en cause certains responsables intéressés et impliqués dans la gestion de ces fonds. Compte tenu de la nature et de la spécificité de l’affaire, une information judiciaire a été ouverte et confiée à un juge d’instruction qui a procédé à l’inculpation  de plusieurs personnes dont certaines ont été placées sous mandat de dépôt. "

Depuis l’arrivée de l’auditeur chevronné, Bourassa, qui serait de nationalité canadienne et non algérienne comme nous l’avions précédemment annoncé, il faudra s’attendre à ce que de gros poissons soient pris dans les mailles du filet de la justice malienne voire internationale. Car, en cas de réactions passives, comme c’est parfois le cas dans notre pays, les autorités du Fonds mondial pourront saisir d’autres juridictions. Pour le moment, on n’en est pas là.

Mamadou FOFANA

 

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