A la suite du rapport du Bureau de l’Inspecteur du Fonds mondial de lutte contre le sida, tuberculose et le paludisme, le Contrôle Général des Services Publics (CGSP) a, à son tour, épinglé la gestion dudit Fonds logé au ministère de la Santé. Ce qui a amené la Cellule d’Appui aux Structures de Contrôle de l’Administration (CASCA), rattachée à la présidence de la République, à saisir les autorités judiciaires dans le cadre de cette affaire de détournement des fonds d’origine extérieure. Dont le montant serait maintenant supérieur 2 milliards FCFA. Une quinzaine de cadres et d’agents de la Santé et des opérateurs économiques sont incarcérés, depuis fin 2010, dans le cadre de cette affaire.
cette décision de la CASCA, un service rattaché à la présidence de la République, prouve la ferme volonté des autorités de notre pays à ne laisser aucune zone d’ombre planer sur le sulfureux dossier de détournement et de malversation au Fonds mondial logé au ministère de la Santé. Après les enquêteurs de l’institution onusienne, qui ont effectué plusieurs missions d’inspection au niveau des structures de santé de notre pays, c’est le très respecté Contrôle Général des Services Publics (CGSP) qui a pris le relais pour débusquer d’éventuels suspects. Quand on sait que suite au rapport du Fonds mondial, lui-même, le Bureau de l’Inspecteur général avait délégué au Mali une importante délégation, avec à sa tête l’équipe de l’auditeur Bourassa, dont la mission avait été décriée voire sabotée par certains officiels.
A cause du fait, aux dires de la rumeur publique, que l’auditeur chevronné canadien aurait commis un crime de lèse-majesté en voulant interroger des "personnes intouchables" mais qui ont eu à traiter des affaires avec des personnes ayant en charge la gestion d’une partie des subventions du Fonds mondial. Telle est, en tout cas, la rumeur qui alimente les causeries dans les grins et salons feutrés de Bamako comme étant la cause du fait que l’inspecteur Bourassa à failli être lynché par ses détracteurs. Depuis, il serait persona grata dans notre pays. Vrai ou faux ?
En tout cas, après le départ dans les conditions que l’on sait de Bourassa, plusieurs autres missions du Fonds mondial ont séjourné dans notre capitale. Celle qui est arrivée à Bamako dans la nuit du dimanche 5 décembre 2010 a même pu obtenir la tête de Oumar Ibrahima Touré, alors ministre de la Santé. Car, elle avait conditionné son arrivée dans notre pays au départ de Oumar Ibrahima Touré. D’où le limogeage de ce dernier, ce même dimanche aux environs de 18 heures, par le président ATT.
L’ex-ministre de la Santé et des Directeurs de service dans le collimateur de la Justice. Avec la saisine de la Justice, par la CASCA, dans le cadre de l’affaire du Fonds mondial, les regards se tournent maintenant vers l’enfant de Goundam, l’ancien ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré. Il y a de cela quelques jours seulement, que le Procureur anticorruption, Sombé Théra, avait rencontré les autorités de la Cour suprême afin de leur signifier que l’heure d’inculper Oumar Ibrahima Touré est arrivée. Ne manquant, pour ce faire, que l’autorisation de la haute juridiction. Cela dans la mesure où le procès de la quinzaine de personnes, actuellement, en prison ne peut valablement se tenir sans la présence dans le boc des accusés du suspect n°1, à savoir Oumar Ibrahima Touré, qui a autorisé la plupart des marchés fictifs ou frauduleux, à l’instar du juteux marché de 104 millions FCFA octroyé à un de ses proches pour l’acquisition de deux camions qui n’ont jamais été livrés. Alors que l’argent a été encaissé…sur le Fonds mondial. Quelle audace ! Le ministre était-il au courant de cette malversation?
La vérification des faits signalés à la gestion des ressources du Fonds mondial, de la date du 1er janvier 2004 au 3 décembre 2009, a décelé, à titre d’exemple, un écart de 329 280 067FCFA entre les subventions reçues du Fonds mondial et le montant comptabilisé au titre du Programme national de lutte contre la tuberculose (PNLT).
A cela s’ajoutent des sommes non justifiées de 239 938 419 FCFA par le comptable du Fonds mondial auprès de la DAF du ministère de la Santé, Issiaka Diallo, en prison depuis fin 2009, 32 096 916 FCFA par le régisseur de la DAF/Santé, Doulaye Coulibaly, en liberté provisoire mais le DAF, lui-même, Ousmane Diarra est incarcéré depuis août 2010, 37 732 770 FCFA par la Direction régionale de la Santé (DRS) du District de Bamako (le comptable dudit service Youssouf Boré est en prison), 125 087 944F CFA par la Direction nationale de la Santé (DNS), son comptable, Charles Sanogo, est lui aussi écroué depuis fin 2010. Il faut signaler que le comptable du Fonds mondial a endossé à son nom des chèques d’un montant de 28 753 073 FCFA et fait tirer des chèques, sans nom de bénéficiaire, d’un montant de 14 millions FCFA.
Le même Issiaka Diallo a refinancé des activités du PNLT pour un montant de 84 238 140 FCFA. Un montant de 104 913 840 FCFA a été réglé au Groupe COMES de l’opérateur économique Abdoulaye Maïga pour l’achat de deux camions qui n’ont pas été livrés. Ce marché a été attribué par l’ancien ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, le 18 juin 2009.
Pour boucler la boucle de cette série de malversations, signalons que 31 350 000 FCFA ont été "sortis" des caisses du Fonds mondial sans requête de financement. Dans quelles poches ont-ils atterri ?
S’y ajoutent tous les marchés fictifs dénoncés dans le rapport du Bureau de l’inspecteur Général du Fonds mondial et qui porteraient sur quelque 2 milliards FCFA. Après le rapport final de l’institution onusienne, qui serait déjà dans les mains des autorités maliennes depuis le mois dernier, ce Bulletin d’information de la CASCA vient, à son tour, épingler la mauvaise gestion des subventions accordées à notre pays dans le cadre de la lutte contre de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
L’ex-ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, et les Directeurs des services concernés sont, maintenant plus que jamais, dans le collimateur de la Justice.
Certains iront, très certainement, dans les jours à venir, rejoindre en prison la quinzaine de cadres et d’agents du ministère de la Santé et les trois opérateurs économiques impliqués dans ce scandale dont notre pays n’avait que faire.
Mamadou FOFANA