Depuis 2006, les transferts de fonds vers les ambassades et consulats du Mali se déroulent crapuleusement. Des opérations qui ont permis de constater la disparition de millions de nos francs entre l’Agence comptable centrale et la Paierie générale du Trésor. Ce qui constitue une sérieuse entrave dans l’exercice des missions des représentations diplomatiques du pays ces dernières années.
Point besoin de rappeler que la satisfaction des besoins de la diaspora et la bonne image d’un pays à l’étranger dépendent beaucoup de la qualité des services que livrent ses ambassades et consulats. Or, qui dit qualité des services rendus, dit moyen. C’est pourquoi, notre pays depuis plus de 10 ans débloquent des millions de francs CFA pour ses représentations diplomatiques.
Des millions qui, malheureusement, sont dilapidés. Et pour cause.
Ces sous sont détournés avant d’atteindre la destination finale, c’est-à-dire les ambassades et consulats.
Les irrégularités qui ont conduit à ce désastre sont de plusieurs ordres, à s’en tenir au dernier rapport de la Cellule d’Appui aux Structures de Contrôle de l’Administration (CASCA).
Parmi ces irrégularités criardes, on peut citer, la comptabilisation par la PGT d’un montant supérieur de 93.950.000 F CFA à celui envoyé à l’Ambassade du Mali à la Havane en 2008, l’existence d’un écart de 482.230.000 F CFA entre le montant des quittances (hors salaires) établies par la PGT au profit de l’Ambassade du Mali à Alger et le total des mandats du ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale destinés à ladite ambassade, l’existence d’un écart de 442.000.000 F CFA entre les fonds reçus par les ambassades et ceux envoyés par l’ACCT.
Il ya aussi, le non recours par la PGT à la pratique de la compensation systématique entre les recettes de chancellerie non reversées et les fonds transférés, le non reversement à la PGT par les ambassades et consulats, de l’intégralité des recettes de chancellerie pour un montant total de 3.900.000.000 F CFA à Alger.
Toujours au titre des irrégularités, le dernier rapport révèle, le non respect des taux officiels de chancellerie entraînant une perte pour le Trésor Public de 111.330.328 F CFA à Genève et de la mauvaise gestion au niveau de l’ambassade du Mali à Genève se traduisant par la non comptabilisation de ressources locales d’un montant de 1.885.236.788 F CFA, le cumul de factures impayées, la perte pour le personnel diplomatique du bénéfice de certains avantages et commodités (téléphone, fax).
A ceux-ci s’ajoutent, la condamnation de l’Etat du Mali à des réparations suite à des licenciements de personnel local, le classement de l’ambassade sur une liste officiel de mauvais payeurs prévue par la législation suisse,
Des registres comptables non côtés et non paraphés, l’exécution des dépenses sans expression de besoin, la non tenue de la comptabilité-matières, le paiement par chèque au nom de l’Ambassadeur du salaire de la cuisinière employée à son domicile et des valeurs de caisse d’un montant de 39.130.000 F CFA sont d’autres irrégularités qui ont handicapé les activités de nos représentations diplomatiques.
Par ailleurs, nos représentations diplomatiques souffrent du retard dans l’approvisionnement des ambassades et consulats dû à un long processus de transfert des fonds, de la non conformité de la liste officiel des numéros de comptes bancaires des ambassades et consulats envoyés à la DAF des Affaires Etrangères, à l’ACCT et à la PGT.
L’incapacité de la PGT et de l’ACCT à fournir une situation exacte des transferts de fonds, la non exhaustivité et la fiabilité des documents comptables se manifestant par la non tenue de la comptabilité par la PGT de l’envoi des quittances de transfert à l’ACCT, et les imprécisions dans les registres de la PGT et des erreurs dans les arrêtés mensuels, sont aussi des maux qui expliquent le désastre qui règne dans nos ambassades et consulats.
Dans ces conditions peut-on s’attendre à des services de qualité dans nos représentations diplomatiques ?
Rien n’est moins sûr, car la corruption qui règne autour des fonds destinés à celles-ci a de beaux jours devant elle. Etant donné que ce sont les mêmes corrupteurs qui continuent en toute impunité de gérer l’ACCT et la PDT.
Issa Diarra