La Cité des Askia (Gao) vient d’être ébranlée par une affaire de détournement à l’Agence BDM-SA de Gao : un pactole de 1 109 658 750 (un milliard cent neuf millions six cent cinquante huit mille sept cent cinquante F Cfa) a été subtilisée dans les caisses de cette banque par un escroc d’envergure internationale. Sa spécialité : se faire passer pour un marabout, multiplicateur de billets de banque. Certains hauts responsables de cette Agence sont malheureusement tombés dans le piège de l’escroc. Le résultat est là.
En effet, il a fallu une mission de contrôle de la BDM-SA (qui a séjourné un mois durant à Gao( pour découvrir le trou dans les caisses de l’Agence BDM-SA de Gao. Après d’intenses vérifications, les opérations bancaires effectuées ces dernières années, la mission de contrôle est parvenue à mettre la main sur plusieurs chèques en blanc émis au nom de cet indélicat marabout. Des chèques en cascade qui lui ont permis de puiser plus d’un milliard de F Cfa dans les caisses de la banque.
Convaincue qu’une telle opération ne peut réussir sans une complicité interne, la mission de contrôle envoyée par le Président Directeur Général de la BDM-SA, Abdoulaye Daffé, a décidé de porter plainte pour détournement de derniers publics au niveau de la Gendarmerie de Gao.
Dès l’ouverture des enquêtes, sur autorisation du Procureur de la République près le tribunal de Première Instance de Gao, le chef d’Agence de Gao Yssouf Diallo et son caissier, Sidy Bah ont été mis aux arrêts. Selon une source contactée hier par téléphone à Gao, le chef d’Agence de la BDM-SA de Gao est fortement soupçonné d’être l’instigateur de cette affaire de multiplication de billets. C’est lui qui aurait en effet pris contact avec le marabout pour fructifier l’argent puisé dans les caisses de la banque.
Des décaissements ont ainsi été opérés dans les comptes à plusieurs reprises avec la complicité du caissier de l’agence BDM-SA, Sidy Bah.
Les enquêteurs sont arrivés à la conclusion qu’un tel montant ne peut être décaissé à l’insu d’un autre responsable de l’établissement bancaire, le Vérificateur interne et non moins chef de l’Agence adjoint, Cheick Tourad Soumaré. Pour des besoins d’enquête, il a été également mis aux arrêts. Son tort ? C’est d’avoir failli à sa mission de vérification.
Quant au marabout – multiplicateur de billets qui s’est révèle être un récidiviste notoire pour avoir réussi des coups similaires dans plusieurs autres pays voisins du Mali – il a été appréhendé par la gendarmerie.
Il séjourne avec les trois responsables de l’Agence BDM-SA de Gao à la prison de cette ville en attendant d’être remis au pôle Economique et Financier près la Cour d’appel de Mopti. En attendant, les populations de la Cité des Askia n’en reviennent pas encore. En effet, c’est la toute première fois qu’une affaire de multiplication de billets de banque d’une telle envergure ait lieu dans cette ville.
Beaucoup de clients de la BDM-SA se demandent aussi comment un tel montant en liquide peut être gardé dans une Agence régionale.
Ailleurs à Bamako, les cadres de la BDM-SA n’arrivent pas à comprendre ce qui a pu arriver à des cadres rompus pour qu’ils se laissent abuser par un escroc. Seulement voilà : les scandales liés à la multiplication des billets de banque sont un phénomène courant au Mali et dans la sous région. Chez nous, la dernière affaire retentissante dans le domaine remonte à quelques années. A l’époque, un notaire de la place avait perdu la coquette somme de 500 millions de francs Cfa dans une affaire similaire.
Le marabout autour de ce coup avait été appréhendé et jugé. Mais généralement, les auteurs et les personnes victimes agissent dans la plus grande discrétion et sans laisser aucune preuve. D’où toute la complexité de ce genre d’affaire.
Les marabouts auteurs de ce genre d’escroquerie ciblent leurs victimes, généralement des personnes riches. Il leur propose alors de multiplier
leur argent par 10, 20 voire 100. Le piège se ferme ainsi. Car au bout du compte, la personne ciblée est dépouillée jusqu’à son dernier centime.
Malheureusement, des gens continuent de faire le frais de cette escroquerie. Par ignorance ou par cupidité ? C’est là toute la question…
Birama Fall
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