La nomination récente, à son Cabinet alors qu’elle était ministre de l’Elevage et de la Pêche, de Madame Aïcha Kéïta, 1ère vice-présidente du Mouvement des Femmes de l’URD, avait suscité une certaine tension entre Madame Diallo Madeleine Ba et son parti, le MPR. Désormais tout semble rentré dans l’ordre, avec la nomination d’un cadre du MPR, Oumar Chérif Haïdara, comme chef de Cabinet au ministère de la Santé. Mais, la question que le commun des mortels se pose est de savoir si la Dame de fer pourra redorer le blason de la Santé terni par le scandale du Fonds mondial qui a fini par éclabousser l’ex-ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré ?
Le rapport final du Fonds mondial concernant les malversations qui l’ont affecté est attendu pour fin avril. Il fera certainement, la part des responsabilités dans ce dossier. Avec la remise officielle du rapport du Fonds mondial aux autorités maliennes, l’on saura si la justice va libérer ceux qui sont emprisonnés en attendant la preuve de leur culpabilité. De même, l’on verra si le principal suspect, à savoir l’ex-ministre de la Santé Oumar Ibrahima Touré, sera confondu ou pas.
Par ailleurs, Mme Diallo Madeleine Ba a hérité hérite d’un épais dossier, sulfureux et nauséabond, qui aura besoin de toute sa compétence en matière économique afin d’aider la justice à faire son travail avec équité. Les personnes innocentes seront alors libérées et des barons, qui ont détourné d’énormes sommes d’argent destinées à la santé des Maliennes et des Maliens se retrouveront, eux, derrière les barreaux.
La ministre Diallo Madeleine Ba, en choisissant un cadre de son parti, en lieu et place de l’actuel chef de Cabinet, un parent à l’ex-ministre de la Santé, Garba Gomni Sall, non militant de l’URD, a voulu chercher certainement à privilégier la compétence et l’engagement politique plutôt que d’autres critères…obscures. Le choix du gynécologue Oumar Chérif Haïdara, un membre de la direction du MPR, en qualité de chef de Cabinet d’un département souillé par l’odeur de l’argent frais où tous les marchés, gros et petits, sont octroyés à des amis, parents ou des personnes recommandées. En tout cas, tel est le cas depuis bien longtemps. Que ce soit le marché de deux milliards F CFA destiné à l’achat de de moustiquaires imprégnées d’insecticide qu’un petit groupe d’hommes et de femmes d’affaires se partagent depuis fort longtemps. Avec à la clé de substantiels pots-de-vin destinés à qui de droit.
C’est cette mauvaise gestion des fonds destinés à la Santé qui explique, d’ailleurs, les retards pris dans l’exécution de certains chantiers tels ceux en cours au CHU Gabriel Touré, par exemple. Car, l’une des entreprises chargées des travaux de construction dans cet établissement aurait été la même qui a été sollicitée pour construire le château d’un ex-ministre dans sa ville natale. D’où des difficultés pour terminer les chantiers entamés depuis plus de deux ans.
C’est dire que le nouveau ministre de la Santé a du pain sur la planche. En l’envoyant faire le plaidoyer pour l’Assurance Maladie Obligatoire, dans des structures de Santé qui manquent de tout, l’on en envie de la prendre en pitié. Car, elle semble tout simplement réciter, devant la caméra de la télé, la feuille qu’on lui tend. Alors qu’il serait plutôt mieux pour les malades et les assurés à l’AMO, qu’elle reconnaisse d’abord les difficultés qui sont réelles au lieu de peindre tout en rose. Tout le monde sait, par exemple, que certaines de nos pharmacies hospitalières sont à terre, endettées qu’elles sont jusqu’au cou.
Le nouveau chef de Cabinet de Madeleine Ba, qui est en terrain connu, pourra l’encourager dans le sens de l’observation critique de l’existant dans nos structures de santé. C’est, en tout cas, l’une des voies pour redorer le blason de la Santé. La vérité finissant toujours par s’imposer.
Mamadou FOFANA
