Il est vrai que les Maliens ont soif de justice et ont tant réclamé à cors et à cris une lutte farouche contre la corruption. La Transition qui a pour souci majeur de se donner une véritable légitimité à travers les actes qu’elle pose, allant surtout dans le sens d’une réponse efficace aux demandes des citoyens, a bien fait de rassurer les Maliens en agitant des dossiers judiciaires aussi significatifs que les scandales du marché des équipements militaires et de l’achat de l’avion de commandement. Mais, malheureusement, la suite est tant attendue pour convaincre que ce n’est pas une justice sélective, au goût d’inachevé !
Depuis l’arrestation de deux grands dignitaires du régime IBK, notamment l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga et l’ex-ministre de l’Economie et des finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, pour leur implication supposée dans les scandales financiers liés au marché d’équipements militaires donné à la Guo Star en gré à gré et au processus d’acquisition de l’avion de commandement pour IBK, tout le monde se demande : à qui le tour désormais ?
Question logique parce que ce dossier est une chaine de complicité, si l’on s’en tient aux rapports d’audit qui relèvent de graves irrégularités financières ayant causé un énorme préjudice à l’Etat malien.
De toutes les façons, n’étant pas compétents en tant que journalistes, pour qualifier les faits, nous laissons la justice faire son travail pour nous en tenir aux faits bruts, dans leur crudité têtue, afin de nous interroger sur le sort réservé à plusieurs personnes pourtant citées dans ce dossier qui, rappelons-le, n’en est pas à ses premiers pas sur les sentiers de la justice.
D’ailleurs, rappelons que, sous Malick Coulibaly en tant que ministre de la Justice, la réouverture de ces dossiers avait provoqué l’embastillement pour quelques jours d’un autre ministre, par ailleurs ex-directeur de Cabinet du président IBK. Des rumeurs avaient aussitôt circulé, faisant état de mandats d’arrêt internationaux lancés contre des opérateurs économiques et d’autres dignitaires du régime IBK ciblés par la justice dans le cadre des enquêtes. La justice se voyait obligée de se fendre d’un communiqué pour faire les précisions nécessaires et mettre le holà sur les supputations.
Mais n’empêche ! Où sont alors tous les autres, comme les deux personnalités citées par une mission de la Banque mondiale ? C’était lors d’une conférence de presse de fin de mission, en présence du ministre de l’Economie et des Finances d’alors. Sans détour, les émissaires de la Banque mondiale affirmaient que l’une des personnalités rencontrées a avoué avoir reçu d’un de ses collègues la somme de 400 millions de Fcfa comme sa part dans le business d’achat de l’avion de commandement. Une affirmation consignée dans la presse en son temps et les archives sont là pour preuve irréfutable. Mais alors, pourquoi la justice tarde-t-elle à s’intéresser à cette piste et aussi se mettre aux trousses des fournisseurs incriminés ?
C’est vrai que le temps de la justice n’est pas celui du citoyen Lambda, mais au vu de la tournure prise par ces deux dossiers ces derniers temps, donnant l’impression d’une justice qui sort d’une certaine léthargie pour mettre le turbo, on est retombé très rapidement dans le goût d’inachevé parce que depuis l’arrestation de Soumeylou Boubèye Maïga et Mme Bouaré Fily Sissoko, les citoyens attendent encore la suite des interpellations, refusant de croire à ceux qui chantent que c’est une opération sélective ou ceux qui osent dire que c’est un règlement de comptes, voire une revanche orchestrée par des épaules lourdement galonnées, lesquelles chercheraient la tête de Soumeylou, en guise de vengeance.
La justice, en laquelle nous avons foi, doit justement tout faire pour ne pas donner l’impression de valider pareilles thèses.
Amadou Bamba NIANG
Après SBM et Fily, l’ancien ministre Mahamadou Camara placé sous mandat de dépôt
C’est vers le petit soir, lorsque nous avions fini le bouclage du journal, que nous avons appris la mise sous mandat de dépot de l’ancien ministre sous IBK, Mahamadou Camara, qui rejint ainsi SBM et Fily Sissoko en prison, dans le cadre de la procédure judiciaire relative au marché d’acquisition d’équipements militaires et d’achat de l’avion prévidentiel. Nous y reviendrons.