Acquitté par la cour d’assises : Bakary Togola de nouveau interpellé

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Acquitté par la session crimes économiques de la Cour d’assises de Bamako, le 29 novembre 2021, Bakary Togola et coaccusés ont été placés en garde à vue à la brigade du Pôle national économique et financier, le mardi 29 août 2023. Il s’agit du remake de l’affaire des ristournes de coton dont l’arrêt de la Cour d’assises avait été cassé par la Cour suprême en avril 2022.

 

L’ancien président de Confédération des sociétés coopératives de producteurs de coton (C-SCPC) et de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam) a été placé en garde à vue avec cinq autres personnes pour “atteinte aux biens publics, faux et usage de faux et complicité”.

Les personnes concernées sont Soloba Mady Kéita, secrétaire général et président de la Fédération de Kita, Mady Kéita, comptable de la Fédération de Kita, Drissa Traoré, Mamadou Fomba et Alou Dembélé tous membres du conseil de surveillance de la C-SCPC. Le seul qui manque à l’appel est M’Piè Doumbia, le trésorier général, est décédé il y a quelques mois. La procédure le concernant est naturellement éteinte.

L’affaire dite des ristournes de coton remonte à 2019 quand Bakary a été placé sous mandat de dépôt pour “atteinte aux biens publics, faux et usage de faux et complicité”, par le procureur près le Tribunal de la Commune III en charge du Pôle économique et financier, Mahamoudou Kassogué, actuel ministre de la Justice.

Il lui était reproché le détournement de 9 milliards de F CFA sur les ristournes coton payées aux associations villageoises. Cette affaire était l’attraction principale de la session de la Cour d’assises de Bamako de 2021. Elle a duré à elle seule sept jours sur les 54 affaires inscrites au rôle.

L’acquittement de Bakary Togola et ses coaccusés prononcé par le président de la Cour d’assises dite session crimes économiques était moins à l’attente des autorités judiciaire que de l’opinion publique. Ce qui avait provoqué d’ailleurs l’indignation du procureur général près la Cour d’appel, Idrissa Arizo Maïga, à la clôture de la dite session.

“L’affaire Bakary Togola et coaccusés était la plus importante de cette session. Elle a pris, à elle seule, 7 jours d’audience pour accoucher de ce que tout le monde sait. Alors, il faut s’interroger : est-ce que les dossiers sont mal ficelés, ou c’est parce que, les juges font montre de mansuétude particulière vis-à-vis des délinquants ?”, s’interrogeait M. Maïga indigné.

Le procureur a déploré le fait que les inculpés de la bande de Bakary Togola ont comparu libres devant la Cour, ce qui est anormal même pour ceux qui sont en liberté provisoire. Il ne s’est pas empêché de qualifier la session de “désastre”  et de “fiasco” même s’il s’est montré en phase avec les autres arrêts rendus.

Cette succession de faits a fait sortir le ministre de la Justice de sa réserve. Mahamoudou Kassogué a demandé dans une lettre en décembre 2021, l’ouverture d’une enquête suite à des “informations concernant le comportement de certains membres de la Cour et les connivences qui auraient entouré la gestion de cette procédure”. L’arrêt d’acquittement de Bakary Togola et de sa suite en date du 29 novembre 2021 a été dans ce contexte cassé par la Cour suprême en avril 2022.

Voilà tout le bien-fondé de la procédure qui vient d’être ouverte par le parquet du Pôle national économique et financier et qui justifie le retour probable de Bakary devant le prétoire.

Abdrahamane Dicko

 

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1 commentaire

  1. Voici une justice qui en dit long sur le délabrement moral d’un État devenu impuissant.

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