Bénéficiaire légitime de ce lot de matériel, le Groupe de Recherche – Actions – Formations (GRAF), une ONG malienne, a porté plainte, contre Mme Shongo Safiatou Sacko, Représentante de l’antenne italienne de GRAF, et le Ministère de la Santé, pour falsification de document, faux et usage de faux, au tribunal de première Instance de la Commune II.
A son audience du 27 décembre dernier, il a condamné le Département de la Santé et Mme Shongo à restituer le matériel et équipements hospitaliers détournés, dont la valeur est estimée, au bas mot, à deux milliards CFA.
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Tout a débuté le 12 novembre 2003. Présidé, par Badara Alou Sacko, le Conseil d’Administration de l’ONG GRAF a, au cours de sa réunion extraordinaire, décidé de donner mandat à Mme Shongo Safiatou Sacko, une malienne résidant en Italie et son mari, Milanbo Shongo Jules, originaire de la RDC, de nouer toutes les relations de partenariat avec les autorités italiennes. Ou toute personne, physique ou morale, désireuse d’apporter son aide à leur ONG, opérant dans la lutte contre la pauvreté au Mali.
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Deux jours plus tard, c”est-à-dire le 14 novembre 2003, le mandat de représentation, dûment, signé est adressé au couple Shongo. Dans une lettre datée du 25 février 2005, Mme Shongo Safiatou Sacko sollicite, auprès de l’Ambassadeur du Mali à Rome, la reconnaissance de GRAFI, c”est-à-dire l’antenne malienne de GRAF. En réponse à cette correspondance, l’Ambassadeur du Mali à Rome, Ibrahim Bocar Daga, s’est dit disposé à collaborer avec GRAFI. « Je souhaite marquer toute ma disponibilité à collaborer avec votre organisation… en vue de réaliser les projets et activités pour le développement économique et social, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion au Mali », a –t –il ajouté, dans sa lettre du 20 mars 2005, adressée au couple Shongo.
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Abus de confiance
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Mais quelques mois plus tard, la Présidente de l’antenne italienne de GRAF informe les membres du conseil d’Administration qu’un important lot de matériels hospitaliers usés, mais en bon état, a été octroyé par l’hôpital d’Etat de Pérouse (Italie) à GRAF.
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Il s’agit, environ, de 11 contenairs de 40 pieds, contenant une dizaine d’appareils de dialyse. Valeur du don : deux milliards CFA.
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Pour l’acheminement du matériel à Bamako, le Conseil d’Administration de GRAF demande à sa présidente de solliciter l’aide de l’Ambassade du Mali auprès de Rome.
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« Je voudrais vous saluer pour la disponibilité et l’appui que vous avez manifesté à l’égard de notre antenne (GRAFI), afin de faciliter l’expédition, sur le Mali, du matériel hospitalier, dont l’hôpital de Pérouse a bien voulu offrir à notre ONG », écrivait, le 28 mars 2005, Badra Alou Sacko, Président du Conseil d’Administration de GRAF, dans une lettre adressée à l’Ambassadeur du Mali en Italie. Dans une autre lettre adressée au Directeur de l’hôpital de Pérouse, il écrit : « Cette marque de bonté, dont vous faites preuve, permet de soulager la souffrance de milliers de pauvres et de malades, qui souffrent dans notre pays, à cause de l’insuffisance de moyens matériels, qui caractérisent nos structures sanitaires ».
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Mais contre toute attente, Badra Alou Sacko reçoit, le 26 mars 2006, une lettre de « rupture de collaboration », émanant de sa Représentante à Rome.
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« En raison de l’incompréhension, entre votre personne en tant que président de l’ONG GRAF et GRAFI, nous avons décidé de mettre une rupture à notre collaboration », écrivait –elle dans sa lettre.
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Au siège de l’ONG –mère, c’est la consternation. Pourquoi ce retournement de veste, quelques jours seulement après avoir acquis ce matériel ?
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Pour le conseil d’Administration de GRAF, le geste de leur Représentante n’est, ni plus, ni moins, que de l’abus de confiance. Certains membres ont proposé sa radiation pure et simple. Mais aussi, la fermeture de leur Représentation en Italie. D’autres, plus modérés, ont conseillé la patience.
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Mais en août 2005, Milambo Jules Shongo atterrit à Bamako. Après avoir échangé avec les membres du conseil d’Administration de GRAF, il a déclaré que « l’incident n’était qu’un malentendu, un accident de parcours qu’ils doivent dépasser, afin de se tourner vers l’avenir ».
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Mais courant 2006, les équipements hospitaliers atterrissent à Bamako. Il s’agissait de 11 contenairs de 40 pieds, Accompagnés par Mme Shongo Safiatou Sacko.
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Bienfaisance sur fond d’escroquerie
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Mais au lieu de remettre ces équipements à l’ONG GRAF, Mme Shongo les met à la disposition du Ministère de la Santé. La cérémonie de réception, diffusée par la télévision nationale, a estomaqué plus d’un, au sein du Conseil d’Administration de GRAF. Pour ses membres, une certitude : le geste de leur Représentante n’est, ni plus, ni moins, qu’un détournement.
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A l’issue d’une réunion extraordinaire, ils ont décidé de porter plainte contre le Ministère de la Santé et Mme Shongo Safiatou Sacko, pour faux et usage de faux, et falsification de document.
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A son audience du 27 décembre dernier, le tribunal de première Instance de la Commune II a condamné le Département de la Santé et Mme Shongo Safiatou Sacko à restituer à l’ONG GRAF, les équipements hospitaliers, offerts par l’hôpital d’Etat de Pérouse.
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Pour la Ministre de la Santé, Zéinab Mint Youba, que nous avons rencontrée, vendredi dernier, ce matériel hospitalier a été, dit –elle, offert au gouvernement malien par la Mairie de Pérouse. Mieux, ajoute t –elle, une équipe de spécialistes du Département avait été envoyée en Italie pour superviser l’état du Matériel.
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Avant son acheminement à Bamako d’où, il a été distribué entre les centres de santé. Mais informée de la décision du tribunal de Première Instance de la commune II, la Ministre de la Santé met un bémol à son optimisme : « Dans ce cas, un dossier sera constitué et le contentieux du gouvernement s’en chargera ».
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De toute évidence, Mme Shongho Safiatou Sacko n’est pas à son premier coup. Comme ces équipements et matériels hospitaliers, elle s’est arrogée un terrain d’un hectare, obtenu à Sévaré par l’ONG GRAF, pour la réalisation d’un projet d’insertion socio –professionnelle des mendiants en cinquième région. Avec, dit –on, la complicité du gouverneur de Mopti. L’UNTM, partenaire du projet, menace, de son côté, de faire parler la poudre. La suite, dans nos prochaines éditions.
rnLe Mollah Omar“