Corruption au Mali : Ce qu’en pensent les religieux

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L’Islam et le Christianisme, deux religions monothéistes, condamnent de la même manière le fléau et en appellent à l’implication de chacun et de tous pour l’endiguer.

A la faveur du colloque international organisé par la Cour suprême du Mali en marge de la rentrée judiciaire, l’occasion fut donnée  aux religieux de se pencher sur l’approche culturelle et confessionnelle de la lutte contre la corruption au Mali. Ainsi, par les voix de Mahmoud Dicko et Nyason Sira Kokè Gaston Coulibaly, les communautés musulmane et chrétienne ont chacune exprimé sa position vis-à-vis du phénomène de la corruption avant d’appeler à le combattre.

Dans un document qu’il a présenté et signé du Dr Hamidou Magassa, le président du Haut conseil islamique du Mali a rappelé la position doctrinale de l’Islam, en soulignant que celui-ci considère tout acte de détournement d’une fonction publique ou privée à des fins personnelles comme une forme de corruption, punie ici bas et dans l’au-delà. Religion qui instruit la pureté du corps, poursuit le document, l’Islam condamne la corruption lorsqu’Allah dit : ‘’Et ne dévorez pas mutuellement et illicitement vos biens et ne vous en servez pas pour corrompre des juges pour vous permettre de dévorer une partie des biens des gens injustement et sciemment’’. Ce verset interdit ainsi de manière formelle la pratique du pot-de-vin cultivée avec assurance par la plupart des détenteurs de l’autorité en pays musulmans. «A ce titre, Allah maudit le corrupteur et le corrompu et quiconque fait office d’intermédiaire à moins que son intercession ne soit pour le bien. Car l’un et l’autre échangent service pour s’attendre à un retour sur ‘’investissement’’, sous forme de cadeau, d’acte d’usure ou de ‘’prix’’ de la  corruption». Mahmoud Dicko a ensuite dépeint la situation du Mali où la corruption est devenue, selon lui, un phénomène de société qui concerne toutes les zones rurales et urbaines au point qu’on puisse parler d’une culture de ce fléau qui admettrait que la vache de la communauté broute le mil du champ collectif. Partant, il a appelé à un changement des mentalités et des comportements.

Aux dires de Gaston Coulibaly, le combat chrétien contre la corruption trouve sa référence dans le Messie-Christ qui dit : «le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » ; «le voleur ne se présente que pour voler, pour tuer et pour perdre ; moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance». Le règne de la corruption est, dit-il, la négation du sens humain. «Il signifie la dévalorisation de l’humain qui est pourtant l’image de Dieu. Il s’affirme dans le sabotage de l’espace vital. Il s’agit d’une institution de la criminalité comme mode de vie dans laquelle le Créateur n’a plus voix au chapitre et où l’homme est littéralement vilipendé», regrette l’orateur. De son avis, la lutte contre la corruption est un acte essentiellement prophétique. Refuser de l’entreprendre c’est, dit-il, opter pour la sacralisation de l’ordre criminel. D’où son appel à l’endroit de chaque croyant à incarner ce caractère prophétique qui imprime dans le vivre humain l’ordre de la «Loi de vie».  Pour endiguer le déluge de la corruption, il faudra, conseille l’orateur, entreprendre une grande culture du droit soutenue par les autorités dans un authentique amour de la patrie. «Vouloir s’épanouir au détriment des autres au-delà de ses propres droits et mérites légitimes est à réprimer avec rigueur et conviction. C’est le devoir sacré des autorités et des magistrats», a-t-il poursuivi.

Bakary SOGODOGO

 

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