Consigne de vote de la Déclaration de Politique Général du Premier Ministre Abdoulaye Idrissa Maïga

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Monsieur le Président, 

Monsieur le Premier ministre,

Mesdames et messieurs les Ministres,

Chers collègues députés,

Je vous salue Monsieur le Premier ministre ainsi que l’ensemble de votre Gouvernement.

Monsieur le Premier ministre, vous êtes un homme averti et je suis sûr  que vous ne serez pas abusé par les commentaires pompeux d’une majorité qui, à l’occasion des débats des deux Déclarations de Politique Générale précédentes, a tenu les mêmes propos à vos prédécesseurs. Nous connaissons la suite et la salle est suffisamment informée.

En cet instant solennel, permettez-moi d’avoir  une pensée pieuse pour toutes celles et tous ceux qui ont souffert du martyr de l’insécurité grandissante et de la terreur qui frappent notre pays sur les 2/3 voire la quasi-totalité de son territoire.

La présente déclaration engageant la responsabilité politique de votre Gouvernement  pour une période maximale de 14 mois se présente comme celle où les préoccupations actuelles de notre peuple ne sont pas suffisamment prises en compte.

D’abord, pour un Mali en paix, les mesures que vous préconisez sont tout simplement illusoires. En effet, que nous propose votre Gouvernement? Rien que des missions de bons offices pour rendre effective la présence de l’État dans les zones du Nord, du delta du Niger et de la boucle du Niger. Ceci dénote à suffisance l’inefficacité  des outils utilisés jusqu’à présent: un Accord pour la paix inopérant, une mise en œuvre de la loi d’orientation et de programmation militaire inefficiente malgré les moyens budgétaires  colossaux consentis.

Par ailleurs, le Gouvernement ne mesure certainement pas l’urgence des réformes indispensables pour améliorer notre système électoral, un des plus désuets de la sous-région. Du reste le référendum constitutionnel qui fait l’objet de toutes les préoccupations actuelles du peuple, prévu le 9 juillet 2017 n’est même pas évoqué dans votre déclaration. C’est à croire que ce n’est pas une priorité de votre Gouvernement. Les élections locales et régionales annoncées pour la fin de l’année ne semblent pas être non plus une de vos priorités parce que vous ne les évoquez même pas. Quant aux élections générales de 2018 énoncées en une phrase  dans la DPG, elles ne font l’objet d’aucune mesure et d’aucun  engagement du Gouvernement pour assurer des élections transparentes et crédibles. Vous devez vous rappeler toutes les difficultés que rencontrent les maliens de l’intérieur et de la diaspora pour l’obtention des cartes NINA et des passeports. Faites en une priorité, Monsieur le Premier ministre.

Ensuite le renforcement du dialogue social que vous préconisez pour apaiser le climat social est nécessaire mais pas suffisant. L’accalmie  actuelle du front social paraît précaire et trompeuse car la plupart des mouvements de grève sont tout simplement suspendus dans l’attente des échéances convenues. Quant au monde du football l’incertitude pour le dénouement de la crise est très grande.

C’est pourquoi il conviendrait mieux d’associer au dialogue social un pacte de solidarité pour la croissance et le développement, de 2ème génération, tel que du reste énoncé dans la DPG de votre prédécesseur et qui à ce jour n’a pas été réalisé.

Quant au programme présidentiel d’urgences sociales, six mois après son annonce, aucune inscription budgétaire spécifique n’est encore faite. En 2018, le chiffre annoncé de 2201 milliards FCFA pour ce programme affectera la soutenabilité du budget de l’État. De toute évidence, la proposition du Gouvernement d’impulser l’investissement, les mines, l’industrie, l’emploi, l’agriculture, à travers ce programme d’urgences sociales est inconséquente.

Enfin, le Mali debout de votre Gouvernement repose sur le renforcement de la présence  uniquement  du Mali sur la scène internationale.  Vous évoquez dans votre déclaration les retombées attendues de la visite récente du Président de la République en Arabie saoudite, visite au cours de laquelle le partenaire saoudien a marqué un intérêt pour certains projets de développement. Il me plait de rappeler, Monsieur le Premier ministre, que les promesses faites à l’issue des tables rondes de Bruxelles et de Paris ainsi que la mémorable visite du Président de la République en Chine restent désespérément encore non tenues.

Monsieur le Président,

Monsieur le Premier ministre,

Les maliens subissent un quotidien insoutenable et injustifié au regard des efforts exceptionnels que nos populations consentent au Budget de l’État dont le montant sur les cinq ans dépassera les 10.000 milliards de FCFA. Monsieur le Premier ministre savez-vous que le petit commerce se meurt, les artisans sont désespérés, le secteur informel est à l’agonie, et les investisseurs désertent notre pays. Votre déclaration de politique générale ne convainc pas, ne crée pas l’espoir, ne mobilise pas et n’appelle pas au génie créateur de notre peuple. Elle n’ouvre aucune perspective à notre jeunesse, l’avenir de notre nation.

Monsieur le Premier ministre,

Nous aurions dû refuser de recevoir votre Gouvernement dans cette enceinte. Ici nous votons les lois au nom du peuple malien et l’exécution des lois relève du Gouvernement. Aujourd’hui encore votre Gouvernement dans sa constitution viole la loi de 2015 relative à la promotion du genre dans les fonctions nominatives et électives.  En démocratie le respect et l’application des lois constituent le socle sur lequel se construit une République exemplaire.

Monsieur le Président,

Chers collègues députés,

 Au regard de tous les points d’insuffisance relevés ci-dessus et aussi de l’illégalité de ce Gouvernement, le Groupe VRD a décidé de ne pas vous accorder, Monsieur le Premier ministre, sa confiance.

Que dieu bénisse le Mali. Je vous remercie.

Bamako, le 15 juin 2017

Pour le Groupe VRD

Mody N’Diaye

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