Le CNJ- Mali n’est pas encore sorti de sa crise née du congrès de Tombouctou. Contrairement à ce que les deux protagonistes, Alioune GUEYE et Abdoulaye TOURE, nous ont fait croire depuis 9 mois et cela devant le Président de la République du Mali le jeudi 24 février au CICB. La crise entre les jeunes persiste et devient inquiétante au regard de la dernière évolution, lors que Alioune GUEYE, l’un des protagonistes et Coordinateur National du RENAJEM a été attaqué dans sa réunion par des bandits armés à la maison des jeunes. Qu’est ce qui peut expliquer ce requin de violence en milieu jeunes et l’absence du bureau consensuel annoncé du CNJ- Mali. C’est pour éclairer l’opinion que nous avons rencontré Alioune Gueye.
Waati : Vous vous êtes engagés devant le Président de la République pour mettre en place un bureau consensuel du Comité Exécutif National du CNJ- Mali, pourquoi, nous n’avons pas encore ce bureau consensuel jusqu’aujourd’hui ?
Alioune GUEYE : Je voudrais d’abord vous remercier de l’opportunité que vous m’offrez pour parler du CNJ- Mali. Effectivement depuis le congrès de Tombouctou, la jeunesse malienne est profondément devisée à cause de l’échec de ce congrès en la forme et en le fond. Ce constat a été établi aussi par l’UJMMA, médiateur dans la crise, qui a conclu qu’il fallait aller à la mise en place d’un bureau consensuel et représentatif de la jeunesse malienne du fait que chaque tendance ait mis en place son bureau à Tombouctou. Le premier plan de sortie de crise qui devait maintenir Abdoulaye TOURE président du bureau consensuel ; et la vice présidence, la majorité des membres et quelques postes clés pour mon bureau a été unanimement accepté en mi- février. Ce n’est pas ce qui nous arrangeait mais, nous l’avons accepté pour répondre positivement à l’appel d’unité et de cohésion de la jeunesse lancé par le Président de la République. Malheureusement, quelques temps après, ce plan a été remis en cause par l’autre bureau. Ce qui a amené l’UJMMA à faire une deuxième proposition en ramenant la majorité dans le camp adverse, nous l’avons accepté par ce que nous n’avons pas de problème de majorité, seul l’intérêt de la jeunesse compte pour nous. Depuis cette période, mon bureau s’est inscrit dans le consensus et nous avons arrêté toutes nos actions au nom du CNJ afin de donner une chance au consensus d’aboutir et de ne pas créer la confusion. Ce comportement n’a pas été observé par l’autre camp, nous avons constaté par contre une remise en cause systématique des accords obtenus avec l’UJMMA, une volonté de gagner du temps et cela a rendu difficile l’aboutissement du processus du consensus.
Waati: Selon vous, qu’est ce qui explique la réticence du bureau de Abdoulaye jusqu’à présent ?
A.G : Je ne saurai vous le dire exactement. Mais je pense que c’est la méconnaissance même de la structure. Le CNJ- Mali est une faitière qui ne marchera que sur la base du consensus, le consensus a toujours prévalu même dans les moments les plus difficiles. Le CNJ est comme une case en paille ou un pagne commun et si chacun se met à le tirer de son côté, le pagne risque de se déchirer. Le conseil est composé de fédérations, d’associations à caractère national et de structures de base au niveau commune et région. Aujourd’hui, si par malheur le consensus échouait, les fédérations et les associations à caractère national qui ne se reconnaissent pas dans ce qui se passe, Dieu sait qu’elles sont nombreuses, ouvriront un combat frontal contre le bureau de Abdoulaye TOURE, les jeunes n’aiment pas qu’on les impose des leaders et le milieu associatif jeune malien deviendrait comme un chienlit, un désordre, ouvert à toutes les aventures. Le bureau de Abdoulaye doit s’inspirer du mandat 2000- 2003 du CEN du CNJ- Mali où deux fédérations ont animé la contestation, rien n’a été possible pendant cette période. Ironie du sort, ceux-ci sont aujourd’hui avec lui, et ils doivent bien le conseiller s’ils l’aiment réellement. Aujourd’hui, nous sommes avec les fédérations et les associations les plus dynamiques et les plus représentatifs qui savent aussi utiliser la violence et la ruse que ceux qui pensent en détenir le monopole.
Waati : Vous faites allusion à l’attaque des loubards contre vous et votre réseau le jeudi 25 Août passé ? Quelle lecture faites-vous de cette violence ?
A.G : Ce qui s’est passé le jeudi 25 Août 2011 à la Maison des Jeunes de Bamako lors de la rencontre bilan du RENAJEM est odieux, lâche et irresponsable de la part des acteurs qui étaient sur place et des instigateurs tapis dans l’ombre, c’est une honte pour la jeunesse. Le RENAJEM organisera bientôt une conférence de presse pour dire la vérité dans cette affaire qui se trouve au niveau de la justice et qui ce poursuivra, malgré les manipulations et le trafic d’influence. Nous n’avons pas à nous rendre nous même justice et à promouvoir la violence en milieu jeune qui est l’arme des faibles et des incompétents. Les gens ont voulu déformer la vérité dans cette affaire mais nous irons jusqu’au bout. Les faits prouvent à suffisance que les jeunes loubards ont été envoyés en mission pour empêcher la tenue d’une rencontre régulière d’une association légale et responsable qui voulait présenter son bilan à ses associations membres environ 150. Malgré cet incident, les jeunes ont insisté pour que la rencontre se tienne, et ça a eu lieu avec succès. Je refuse, cependant, de croire que Abdoulaye lui-même soit impliqué dans cette affaire par ce que ça sera extrêmement grave, mais il est établi que deux membres de son bureau ont activement participé à cette opération, des gens reconnus comme des anti- consensus, étaient ils en mission et de qui ?. En agissant ainsi, ils ont carrément tapé à côté et prouvé la grande panique qui sévit dans leur camp. C’est un acte qui a été condamné par l’ensemble du mouvement associatif jeune, les autorités et les partenaires qui ont, toute fois, renouvelé leur confiance et leur attachement au RENAJEM. Pour nous au RENAJEM, on doit aller de l’avant.
Waati: Quel appel avez-vous à lancer au bureau de Abdoulaye et aux autorités ?
A.G : vous savez, je peux vous assurer que, quoi qu’il advienne, mon bureau et moi-même, respecterons notre engagement pris devant le Président de la République qui ne souhaite qu’une chose, l’unité de la jeunesse malienne. Nous savons que c’est la même volonté qui anime aujourd’hui le Ministre PPR et l’administration de la jeunesse, le temps a permis de comprendre les motivations réelles des uns et des autres dans cette affaire. Nous avons toujours respecté nos engagements dans le cadre de la médiation de l’UJMMA, c’est vérifiable et nous allons continuer dans ce sens. J’invite simplement, mon frère Abdoulaye qui peut être de bonne foi, à relire ses propres propos quant il disait à la presse qu’il était prêt à tout pour l’unité de la jeunesse. Aujourd’hui plus que jamais, la jeunesse a besoin de se retrouver, de la cohésion pour faire face aux défis qui nous attendent, pour gagner la confiance des autorités et des partenaires, pour rassurer nos ainés sur l’avenir de notre pays, une jeunesse divisée comme c’est le cas aujourd’hui n’ira nulle part. Je salue l’implication personnelle du Président de la République dans la gestion pacifique de cette crise qui n’a que trop durée. C’est une exigence pour nous de donner suite à cette volonté.
Propos recueillis par Cheick Cherif Haïdara