Conquête de Koulouba en 2012 : Dioncounda et ses obstacles

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Avec la situation géographique de sa résidence, Dioncounda Traoré est  le plus proche de Koulouba parmi les candidats déclarés. Cette proximité du Palais présidentiel n’a aucune incidence sur ses chances de gagner l’élection de 2012. Par contre, la dissidence et la divergence de vue au sein du Comité exécutif de l’Adéma-PASJ sur des questions essentielles d’une part et les capacités financières du candidat lui-même d’autre part, seront des obstacles pour Dioncounda Traoré.  

En termes d’élus et d’implantation, l’Adéma-PASJ est le grand parti du pays depuis l’avènement de la démocratie au Mali. Mais, la seule appartenance à ce parti et le fait d’être son candidat ne suffisent pas pour remporter une élection présidentielle. Ce n’est pas Soumaïla Cissé qui dira le contraire. En 2002, il a vécu la mauvaise expérience. Aujourd’hui, le parti Adéma-PASJ n’a pas la même homogénéité politique que celle des années 1992 et 1997. C’est cette formation politique, à la limite disloquée, qui tentera d’élire Dioncounda Traoré en avril 2012. La tâche sera délicate pour le candidat. A l’Adema-PASJ, aujourd’hui, les membres sont plus que jamais divisés sur les questions concernant la vie du parti et celle de la Nation entière.

Par rapport au parti, certaines grosses cylindrées n’ont pas cautionné le choix porté sur Pr Dioncounda Traoré pour briguer la Magistrature Suprême. Ceux-ci ont tout simplement décidé de soutenir un autre candidat, fut-il indépendant. Cette dissidence interne que le parti minimise peut lui coûter cher. Très cher d’ailleurs ! Quoi qu’on dise, les dissidents ont de l’argent et une base électorale considérable pour changer les données dans leurs localités respectives. Ces dissidents politiques, dotés de courage et d’audace, manifestent leur mécontentement à visage découvert : c’est facile de chercher un terrain d’entente avec eux ou les combattre.

Les adversaires politiques les plus dangereux du candidat Dioncounda Traoré ne sont pas les dissidents, mais certains de ceux qui gravitent autour de sa personne ou du parti. Ils rient avec lui, ils s’activent pour le parti, mais ils vont lui tourner dos au dernier virage. Et ces vrais faux amis sont nombreux dans son entourage et au sein de l’Adéma, et tout le monde les connaît.

Concernant la divergence au sein du parti sur la question d’intérêt national, le constat est amer. A ce niveau aussi, certains cadres du parti ont une position différente de celle du candidat par rapport à la révision constitutionnelle. Toute chose qui peut jouer sur l’unité d’action du parti pour la présidentielle de 2012. Curieusement, les députés du parti ont voté le projet de loi, alors que d’autres membres du CE s’activent pour que le président ATT ne le soumette pas au référendum. Avec le projet de révision constitutionnelle, le Pr Dioncounda Traoré est entre le marteau d’ATT et l’enclume des membres du Comité Exécutif. Il était obligé de soutenir le projet de loi à l’Assemblée nationale tout comme ses autres collègues députés. Leur soutien serait subordonné à la non dissolution de l’Assemblée nationale.

Faut-il rappeler que depuis le départ du président Alpha Oumar Konaré, les directives du parti n’ont jamais été respectées à la lettre. En 2002, certains membres du CE ont décidé de soutenir le candidat indépendant ATT au détriment de celui du parti Soumaïla Cissé. Pour la présidentielle de 2007, le parti avait décidé de ne pas présenter un candidat, mais un membre du CE s’est présenté contre le même ATT qu’il avait soutenu en 2002.

En somme, avec ces divergences et dissidences au sein du parti de l’abeille, la route de Koulouba est pleine d’embûches pour Dioncounda Traoré. Les questions qui taraudent les esprits sont les suivantes: Les électeurs vont-ils lui accorder leurs suffrages dans cette situation chaotique? Même si tel est le cas, est-ce que le pays serait en de bonnes mains ?

Selon nos sources, le parti a d’autres problèmes. On peut citer le problème financier, entre autres. Le candidat Dioncounda Traoré serait confronté à un problème d’argent. Les soutiens internes du parti tardent à se manifester. Il ne reste pas grand-chose de l’aide publique aux partis politiques (cas de l’Adema). Inutile de souligner que les liasses vont beaucoup parler dans la campagne présidentielle. Dioncounda Traoré qui ne charme pas les électeurs, doit renflouer les caisses. Il sera face à des candidats vachement riches.

Cependant, il faut reconnaître que le parcours de Dioncounda Traoré est impressionnant. Il a donc néanmoins toutes les qualités intellectuelles pour diriger le pays.

Ahmadou MAÏGA

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