Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a pris part, hier, à l’ouverture solennelle de la 3è édition de la Conférence internationale sur l’Emergence de l’Afrique (CIEA) qui se tient à Dakar du 17 au 19 janvier. C’était au Centre international de conférences Abdou Diouf (CICAD), sous la présidence du chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall. A ses côtés, on notait la présence des Premiers ministres ivoirien, Amadou Gon Coulibaly et malaisien Mahathir bin Mohamad, le président de la Banque africaine de développement (BAD) Akinwumi Adesina, des universitaires et autres représentants du secteur privé. On notait aussi la présence de Ségolène Royale, femme politique française et actuelle ambassadrice chargée de la négociation internationale pour les pôles Arctique et Antarctique.
Juste après le cérémonial de l’ouverture, le président Keïta a participé au panel des chefs d’Etat, du secteur privé et des responsables d’institutions sur le thème : « Comment faire émerger des champions nationaux sur le continent africain ? » Ibrahim Boubacar Keïta a alors profité de cette tribune pour exposer sa vision sur l’émergence du Mali.
Ainsi après un bref rappel sur les effets de la crise sur notre pays, le président malien a insisté sur la nécessité qu’il y avait, à son arrivée aux affaires, de renforcer notre outil de défense nationale pour pouvoir faire face aux défis sécuritaires, afin de permettre aux populations d’accéder aux services sociaux de base : condition cardinale pour prétendre à un développement harmonieux et inclusif. Pour qu’un «Etat soit qualifié, considéré, il faut qu’il ait un minimum de capacité à se défendre par rapport à l’agression quelle qu’elle soit», a justifié le président Keita, tout en saluant la solidarité internationale en faveur du Mali.
Pour relever ce défi ainsi que le challenge du développement, le Mali a mis un accent particulier sur «une politique économique vertueuse». Une gestion efficace et efficiente des ressources qui n’a pas tardé à porter ses fruits. Ainsi, avec une croissance robuste de plus 5% depuis 2013, le Mali est aujourd’hui la troisième économie de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), s’est réjoui le chef de l’Etat.
Une performance qui est en partie due à la bonne politique agricole que le pays mène. En effet, «nous avons décidé d’allouer 15% du budget au secteur agricole», a-t-il rappelé. Résultat : la production cotonnière a atteint 728 000 tonnes ; la production céréalière 10 millions de tonnes cette année, s’est félicité le chef de l’Etat. Toutefois, pour un impact réel de ces bons résultats, une transformation structurelle de la base de notre économique s’impose, car le Mali transforme à peine 2% de son coton, a-t-il déploré. «Nous sommes à l’œuvre pour réussir la transformation de cette production sur toute la chaine», a rassuré le président de la République.
Une autre stratégie à laquelle tient notre pays dans sa quête de l’émergence est «la qualification et la formation de la jeunesse», en vue de faire d’elle un vecteur clé de notre développement, a ajouté le président Keïta, précisant que 60% de la population malienne a moins de 25 ans. Il faut alors qualifier cette jeunesse pour qu’elle soit employable. Et les obstacles, notamment sécuritaires, auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés ne nous empêcheront pas d’émerger, a promis le chef de l’Etat.
Selon lui, il est aujourd’hui clair que l’émergence ne se fera pas grâce à l’aide au développement. Elle se construit, a-t-il ajouté, sur nos efforts propres respectueux des intérêts de nos partenaires. Est nécessaire à cet effet un partage d’expérience et d’échange sur nos forces et faiblesses pour un développement harmonieux tenant compte des besoins de tous, a justifié l’hôte du sommet. Avant de déplorer le fait qu’en Afrique, le financement public reste la principale ressource lorsqu’il s’agit de réaliser des infrastructures structurantes. «Le cercle des partenaires se réduit lorsqu’il s’agit de réaliser des projets qui mènent à l’émergence», a fait remarquer le chef de l’Etat sénégalais.
Partageant sa vision sur l’émergence, le président Sall a dit : « La quête de l’émergence requiert la croyance en soi, la définition par soi-même de ses priorités et un leadership avéré», joutant que la problématique de l’industrialisation est aussi capitale en la matière. « L’Afrique qui émerge est une Afrique qui transforme ses ressources pour créer de la richesse et des opportunités d’emploi », a argumenté le président Sall, ajoutant que la révision des règles du système fiscal international devrait inclure trois priorités, notamment le soutien à la révision des codes minier et pétrolier. Il a été révélé, a-t-il dit, qu’en Afrique entre 40 à 60 milliards de dollars échappent chaque année aux contrôles fiscaux.
Pour sa part, le Premier ministre ivoirien a précisé que la stratégie de son pays consiste en la création de conditions propices à l’investissement privé comme la réalisation d’infrastructures de qualité, la disponibilité d’énergie en abondance. Quant au Plan à l’horizon 2020 qui est doté d’une enveloppe de 30.000 milliards de Fcfa, la Côte d’Ivoire s’est fixée comme objectif de devenir une puissance industrielle, en décidant de transformer les grandes parties des produits comme l’anacarde et le cacao, a argumenté Amadou Gon Coulibaly. Pour ce faire, des mesures de soutien ont été prises en faveur des entreprises pour la construction de champions nationaux, selon lui.
Intervenant à son tour, le président de la BAD a exhorté les décideurs à aller vite, en priorisant les objectifs. Pour cela, il faut relever le triple défi de l’accès au financement, de la disponibilité de l’énergie et de la stabilité politique.
Envoyés spéciaux
Cheick M. TRAORE
Nouhoum SAMAKE
Le Paris-Dakar est devenu le Paris-Qatar
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