Le système éducatif malien, avec ses diverses expérimentations de programmes d’études, est en crise aiguë depuis déjà plus de trois décennies, compromettant ainsi, dangereusement, l’avenir des enfants et l’existence même de notre pays dans le concert des nations du futur. Moussa Mara, candidat du parti Yéléma à la présidentielle, égrène un chapelet de propositions pour sortir de la crise.
L’éducation a été le sujet débattu lors de la 15e conférence initiée par le candidat du parti Yéléma, Moussa Mara. A travers cette rencontre tenue le 17 mars 2012 dansla Venise malienne (Mopti) le candidat du parti Yéléma voulait partager avec les compatriotes ses propositions de société et plus particulièrement ses visions sur la brûlante question de l’éducation.
Placée sous le thème « Education : rectifions énergiquement le tir pour donner un avenir au Mali», cette conférence a eu lieu dans une salle archicomble de l’Alliance franco-malienne. Le conférencier du jour, visiblement satisfait du déplacement de la population, a orienté sa communication sur deux axes. Le premier concerne les ambitions d’une éducation qui répond à nos attentes et le second évoque comment agir dans l’urgence sans obérer le futur (2012-2014).
«L’éducation malienne est en crise profonde. Une crise proche du coma. En vingt ans, le niveau des étudiants a baissé de plus de 70%. On peut estimer, à environ dix ans, le retard que nous accusons par rapport au niveau souhaitable pour un étudiant malien. Même certains pays d’Afrique commencent à douter du niveau de l’enseignement de notre pays en faisant passer le Bac malien par leurs étudiants recalés et en obligeant nos bacheliers à faire une année préparatoire d’accès à leurs universités », a martelé le candidat du parti Yéléma.
Selon lui, l’une des critiques importantes – et fondées- qui est faite à l’Etat, est la perte d’autorité sur l’école. Cette perte d’autorité va de la petite école dont l’espace n’est pas clôturé, à l’université où le campus est le lit de tous les trafics, de toutes les manœuvres frauduleuses et de toutes les dépravations possibles et imaginables.
Pour le premier axe, Moussa Mara promet, s’il est élu, d’inculquer au Malien des valeurs, avant de lui donner des compétences.
Au plan des moyens à mettre en œuvre, il s’engage à affecter à l’éducation 40% des ressources publiques propres, contre un peu moins de 37% aujourd’hui (environ 306 milliards de FCFA) ; en accompagnant ces orientations par une plus grande rationalisation des dépenses. Selon lui, cela dégagera environ au moins 50 milliards de FCFA sur une année et cela pourrait atteindre 75 milliards de FCFA si nos objectifs de croissance et d’amélioration de la pression fiscale étaient atteints, a-t-il souligné.
Il promet d’assurer l’inviolabilité de nos écoles, de clôturer les établissements scolaires et les débarrasser des environnements malsains ou insalubres. Il prône aussi le retour de l’ordre et de la discipline, notamment avec l’obligation du port de la tenue scolaire, le respect strict des heures de travail, la levée des couleurs, la limitation de la mixité, même dans les écoles mixtes.
Parlant du deuxième axe, le candidat du parti Yéléma (changement) atteste obtenir des partenaires de l’école une trêve des grèves, manifestations et autres blocages pour permettre un déroulement à peu près normal de l’année scolaire en cours dans les différents ordres d’enseignement, de généraliser les cantines scolaires et les renforcer par la qualité des repas en augmentant les budgets alloués à ce dispositif (5 milliards de FCFA chaque année contre moins de 2 milliards aujourd’hui). En plus, il prévoit, s’il est élu, de subventionner la rentrée scolaire par la distribution de fournitures scolaires aux enfants de parents démunis sous l’égide des collectivités territoriales (4 milliards de FCFA chaque année), d’étaler l’uniforme scolaire à travers les collectivités territoriales et subventionner 50% de son coût en privilégiant les enfants démunis (8 milliards de FCFA chaque année) et enfin de procéder à l’allégement des frais de scolarité jusqu’à la 6e année sur 5 ans, et jusqu’à la fin du cycle fondamental sur 10 ans (environ 10 milliards de FCFA par an).
Destin GNIMADI
Envoyé spécial à Mopti
La Gangrène de la corruption : Le soulèvement populaire de mars 1991 découlait, essentiellement, de l’exaspération du peuple malien face à l’enrichissement illicite et à l’impunité dont jouissaient une minorité de privilégiés. ” Kokadjè ” ou ” laver jusqu’à la propreté ” était l’un des slogans des manifestations. Qu’en est-il aujourd’hui? Ils attendaient du changement survenu la création d’emplois afin que les revenus ainsi acquis leur permettent de contribuer à l’éducation de leurs enfants, d’accéder aux soins de santé, au logement et à l’eau potable. Gérer de manière transparente et responsable, les sommes qui ont été injectées dans l’économie malienne depuis l’avènement de la Troisième République aurait, dans une large mesure, atténué le dénuement matériel, la faim, la maladie et l’envie d’émigrer. Malheureusement pour le peuple malien, les finances publiques constituent le butin dont la convoitise est au cœur du jeu politique. Le choix ou la répartition des postes ministériels, entre les partis au sein du gouvernement , donne lieu à des débats houleux et souvent explosifs, précisément parce que la conquête du pouvoir, au lieu d’être motivée par un idéal de société, rime avec l’accès facile aux deniers publics. Aucun(e) Malien(ne) ne se trompe plus sur la marchandisation de la vie politique et du système judiciaire. La Banque mondiale qui fait partie du problème dans la mesure où elle prêche le tout-marché souligne ce qui suit : ” … La corruption au Mali est systémique et pernicieuse en raison du système de clientélisme politique, qui fait que les postes officiels sont attribués à ceux qui produisent des rentes pour leur patron, pour le parti politique ou pour eux-mêmes. Les carences des systèmes de contrôle permettent aux agents de l’Etat de voler des biens et des fonds, ou de monnayer l’influence de l’Etat. ” Démocratie, Etat de droit, lutte contre la pauvreté sont visiblement des vœux pieux d’autant plus que l’enrichissement illicite demeure impunie: Bien que la loi prévoie des sanctions, les représentants de la Banque ont eu connaissance de cas où la malversation n’a pas été sanctionnée. Les rapports du Contrôle général d’Etat citaient des actes illicites qui n’ont jamais été punis, bien que les rapports aient été remis à la présidence et transmis aux ministères pour qu’ils y donnent la suite voulue…”La corruption est, en fait inhérente au modèle économique dominant qui nous est imposé par les puissants de ce monde. ” Entrez dans le marché et enrichissez-vous individuellement “, semblent avoir compris les Malien(ne)s et plus précisément le monde des affaires et de la politique qui sont liés.
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