Comme annoncé, le ton de la Conférence d’entente nationale a été donné hier au Palais de la culture Amadou Hampathé BA sous l’égide du Président de la République Ibrahim Boubacar KEITA.
Pour ceux qui avaient fait des appréhensions quant à la mobilisation autour de l’événement, ils en ont eu pour leur argent. La salle du Palais de culture a refusé du monde. En ce qui est des partenaires de notre pays, ils ont également répondu présents.
Trois interventions ont marqué la cérémonie d’ouverture.
Premier à prendre la parole, le représentant du maire de la Commune V a souhaité la bienvenue à ses hôtes. Il a souligné que la présence du président de la République à la cérémonie d’ouverture de ces assises est la preuve de sa détermination à atteindre la paix. Aussi, s’agit-il pour lui de faire des obstacles de parcours un atout de développement. Le représentant du maire a souligné le caractère particulièrement participatif de l’approche avant de se réjouir du fait que les assises viennent à point nommé parce que répondant à une forte préoccupation de la société civile.
Deuxième à intervenir, le président de la Commission préparatoire de la Conférence d’entente nationale, Baba Hakhib HAIDARA, a rappelé que notre pays a pris l’habitude d’assumer les causes des crises successives qu’il a connues, lui permettant de survivre. Il a souligné que l’Accord pour la paix et la réconciliation repose sur la recherche de consensus. L’occasion était bonne pour lui de préciser que contrairement à ce qui avait été dit, la Conférence d’entente nationale n’aboutira pas à l’élaboration de la Charte. Ainsi, les présentes assises feront des observations qui seront adoptées dans un cadre à définir par qui de droit.
Pour le président de la Commission préparatoire, la Conférence d’entente nationale n’est le monopole de personne ; elle n’est dirigée contre personne. Elle concerne toute notre nation. Aussi, a-t-il encouragé, les débats ne doivent pas être source de conflit, mais de recherche de solution. Il a exhorté les participants à oser aller de l’avant, vers un avenir autre que celui des conflits qui n’épargnent aucun d’entre nous.
Parlant de la méthodologie de cette conférence, M. HAIDARA a fait savoir qu’elle s’articule autour de deux points : l’information et la sensibilisation ; la préparation des éléments du débat (documentation et consultations régionales).
Quant à la thématique, elle porte sur la paix, l’unité et la réconciliation nationale.
Parlant des résultats des consultations régionales, il a évoqué une lassitude chez les populations du fait des guerres, des promesses contrariées. Un constat qui, de son point de vue, devrait inciter les participants à la Conférence d’entente nationale à trouver une place qui lui sera dédiée pour l’entente nationale.
Avant de terminer, il a exhorté à faire la paix pour nous-mêmes, à explorer les nouveaux chemins du développement endogène.
C’est par métaphore que le Président IBK s’est adressé à ses compatriotes, présentant la conférence comme une maison familiale qui n’est jamais pleine pour accueillir les enfants d’un même père et d’une même mère. « Nous ne compterons pas », a-t-il dit.
Le chef de l’État a noté que certes la Conférence d’ente nationale démarre avec quelques absents, mais qu’il ne s’agit que d’un train qui démarre. Il y a beaucoup de gares. Ceux qui ne sont pas là pourront toujours le prendre à une autre gare, a-t-il fait savoir. « L’essentiel est qu’à l’arrivée, toute la famille soit réunie. Et la dernière gare, le terminus de ce voyage porte le nom : Entente Nationale..», a-t-il martelé.
Le Président IBK a remercié tous ceux qui participent à cette Conférence d’entente nationale, surmontant leurs éventuels ressentiments, peut-être même leurs rancœurs. Il a adressé un immense merci, également, à ceux qui sont là et qui se le verront reprocher par ceux pour quil’adversaire politique ne peut être qu’un ennemi. IBK a eu une pensée triste et affectueuse pour ceux qui auraient aimé être là, mais qui craignent de devoir le payer très cher, parce que telle est la règle, dans le parti, l’organisation, le groupe dont ils sont membres, car dans leur monde, saluer, tendre la main à un frère avec qui l’on a un désaccord, c’est trahir.
Le chef de l’État a précisé que ce qui nous réunit est bel et bien une Conférence d’Entente Nationale, où devraient se régler tous les différends, surmonter toutes les rancœurs. « Si nous ne nous retrouvons pas ici,où donc nous retrouverons-nous, un jour », a-t-il interrogé ?
Selon IBK, pour mériter de se voir confier la garde de la Mère, il vaut mieux, dans ses comportements d’hier et d’aujourd’hui, avoir fait preuve de constance et de présence. « Dans quelle famille laisserait-on la garde de la vieille mère à un fils capricieux, qui déserte la maison chaque fois qu’il est mécontent, à une fille inconstante, qui boude et disparaît chaque fois qu’elle a une petite contrariété », a-t-il interpellé. « Sachons donc, par notre exemplarité, notre rigueur, notre constance en toute circonstance, mériter la confiance de la famille pour mériter la garde de la vieille mère, l’État. Notre égoïsme et nos incohérences d’ aujourd’hui, peuvent facilement nous disqualifier et nous rendre indigne de la garde de la mère », a poursuivi le chef de l’État. Et d’ajouter : « Je faillirais à mon devoir, si je ne déplorais pas, ici, certaines absences et le discours qui les justifie ».
Pour IBK, c’est l’addition de nos talents et de nos différences qui nous permettra d’enrichir la construction de la démocratie sur cette terre sacrée. Il a fait remarquer que la meilleure des organisations comporte toujours des failles. Le travail des plus grands génies présente toujours quelques insuffisances, et l’on ne refuse pas d’assister à un important événement familial, parce que l’organisation n’est pas parfaite.
Le chef de l’État a souligné qu’aujourd’hui, nous sommes arrivés à une étape de notre Histoire où il nous faut réfléchir sur les causes de l’enchaînement des crises qui ont frappé le Nord de notre pays et dont les effets menacent désormais de s’étendre au centre. Il nous faut aussi nous mobiliser pour la préservation de notre capacité de résilience qui a été considérablement sollicitée au cours de ces cinq dernières années. Il nous faut enfin nous concerter et nous accorder sur la meilleure manière de revitaliser notre vivre ensemble. Il a annoncé qu’une fois qu’il aura reçu les recommandations de la Conférence, il décidera du cadre, des modalités et de l’agenda de l’élaboration définitive de la Charte ainsi que de son appropriation par l’ensemble des composantes de la Nation.
Le président IBK a mis en garde : « il nous faut éviter que la Conférence d’Entente Nationale ne soit prise en otage par les surenchères diverses, par les tentatives de positionnement et par les remises en cause d’arrière garde ». Il faut rappeler que la Conférence d’entente nationale prendra fin le 2 avril prochain.
Par Bertin DAKOUO