Les mouvements affiliés à l’Alliance pour la solidarité au Mali-Convergence des forces patriotiques (Asma-CFP) étaient devant la presse, le mercredi 1er septembre 2021, au siège de la formation politique pour dénoncer l’utilisation faite du dossier des poursuites engagées contre leur mentor, Soumeylou Boubèye Maïga. Pour eux, le dossier est politique.
Animé par Abdine Karembé (président des jeunes de l’Asma-CFP), le point de presse avait pour objectif de dénoncer les conditions d’arrestation et d’incarcération de Soumeylou Boubèye Maïga (président de l’Asma-CFP). D’après le conférencier, l’évolution récente du dossier montre à maints égards que le dossier a pris un tournant politique et est même devenu politique.
“Pour nous, il ne s’agit pas du camarade Soumeylou Boubèye Maïga, mais de règles de droit et de libertés individuelles et collectives qui sont menacées au regard de certains actes et de certains faits. Nous sommes conscients que quand il s’agit du camarade Soumeylou Boubèye Maïga, tout ce que nous dirons pourra être considéré ou sera même considéré comme partisan, donc, dénué de toute objectivité. Nous sommes aussi conscients que certains nous prêteront l’intention de vouloir influencer la justice. Loin de là. Qu’ils se rassurent. Soumeylou Boubèye Maïga est un citoyen comme tout autre.
Donc, un justiciable comme tout autre. Ainsi, il est appelé comme tout autre à répondre de ses faits et actes. Mais s’il doit répondre, cela doit se faire selon les règles prescrites par les lois de la République, librement adoptées par le peuple souverain du Mali. Pour dire ainsi que la justice doit être rendue sur la base du droit, du seul droit. En conséquence, la justice et les lois ne doivent nullement être ignorées, violées et manipulées parce que c’est lui. Cela est inadmissible et par ailleurs inacceptables. Il y va de la République, de l’Etat de droit et de nos libertés”, a-t-il fait savoir.
Il a survolé l’actualité politique de 2012 à 2020. A ses dires, le pays est paralysé avec la persistance de la crise qui était ponctuée de meetings et de marches, des manifestations dont certaines ont été violentes et qui ont vu la mise à sac de l’Assemblée nationale, de l’Ortm, de certains autres bâtiments publics et des biens privés. Ce mouvement a abouti au départ du président IBK le 18 août 2020.
“…Le M5-RFP a articulé ses mots d’ordre autour du recouvrement de la souveraineté de l’Etat sur tout le territoire, de la bonne gouvernance, de la justice sociale, de la révision de l’Accord issu du processus d’Alger. Mais les Maliens constatent que rien de cela n’a été fait. Bien au contraire, la situation sécuritaire se dégrade chaque jour qui passe. Le territoire continue d’être occupé. Les syndicats des enseignants sont en grève. La vie devient de plus en pus chère. L’Accord d’Alger n’est pas révisé”, a-t-il dit.
A son entendement, rien n’est fait pour l’organisation des élections, mission première et essentielle de toute transition. Ce qui, selon lui, laisse entrevoir une certaine volonté de rester au pouvoir. Toute chose confirmée par les sons de cloches entendus ici et là.
“Soumeylou Boubèye Maïga constitue un prétendant sérieux qu’il faut écarter et anéantir par tous les moyens”
Selon le conférencier, pour masquer sa carence et divertir les Maliens, il fallait au gouvernement un acte pour divertir l’opinion. Cet acte ne pouvait être posé que sous le prétexte de la bonne gouvernance. “C’est ainsi que la machine fut mise en branle contre le camarade Soumeylou Boubèye Maïga à travers le dossier de l’acquisition d’un aéronef et des équipements militaires.
Pourquoi Soumeylou Boubèye Maïga ? Parce que ceux qui entendent se perpétuer au pouvoir pensent qu’il n’a pas le droit de demander le respect de la durée fixée à la Transition comme il le fait. Pourquoi Soumeylou Boubèye Maïga ? Parce que ceux qui entendent se perpétuer au pouvoir pensent qu’il constitue un prétendant sérieux qu’il faut écarter et anéantir par tous les moyens. Pourquoi Soumeylou Boubèye Maïga ? Parce qu’il incarne aux yeux de ceux qui veulent réécrire notre histoire, un symbole, celui du Mouvement démocratique de 1991 qu’il faut effacer”, a-t-il déclaré.
Et pourquoi dit-il que le dossier est politique ? Parce que, à ses dires, de mémoire de Malien, jamais un Procureur général près la Cour suprême n’est monté sur les plateaux télés dans un flash spécial pour dire que des personnes seront jugées et condamnées, foulant au pied, au passage, la séparation des pouvoirs et l’un des principes sacrosaints du droit qui est la présomption d’innocence.
“Le dossier est politique parce que la Cour suprême ne peut pas s’autosaisir d’un dossier concernant un ministre et le faire juger par une autre juridiction en dehors de la Haute cour de justice… Ainsi, en initiant et en engageant les poursuites, le Procureur général près la Cour suprême s’est substituée à l’Assemblée nationale.
Le dossier est politique, vu la précipitation et la célérité avec lesquelles le Président Soumeylou Boubèye Maïga a été convoqué et placé sous mandat. Tout cela a été fait en violation de la Constitution et des lois de la République”, a-t-il affirmé.
Il a appelé les militants de l’Asma-CFP au rassemblement pour faire face aux défis. “Nous lançons un appel à tous et à chacun pour se mobiliser en vue de la préservation de la démocratie et de l’Etat de droit”, a-t-il lancé comme invite.
Siaka DOUMBIA