Les pays du Conseil de l’Entente sont à la recherche de nouveaux outils de coopération pour faire face aux défis posés par le terrorisme, la pression démocratique, la gouvernance politique, l’emploi des jeunes…
Niamey, 11 juillet 2016. Il était 8h30 (heure locale), le Palais des congrès s’apprête à accueillir un événement à dimension sous-régionale. Il s’agit de la conférence des chefs d’Etat des pays membres du Conseil de l’Entente. Devant la façade principale de l’imposant complexe, flottent au vent les drapeaux des cinq pays membres de l’organisation : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Niger et le Togo. Aux rythmes des instruments traditionnels, des danseurs et danseuses esquissent des pas de leurs terroirs en guise de bienvenue aux délégations étrangères.
Aux alentours, comme à l’intérieur du Palais des congrès, le dispositif de sécurité est bien en place. Le jeu en vaut la chandelle car les attaques répétées du groupe terroriste Boko Haram au Niger ont marqué les esprits. Les entrées de la salle de réunion du Palais des congrès étaient donc soigneusement filtrées. Pour y pénétrer, il fallait se soumettre à des fouilles corporelles. Les sacs à main sont passés au scanner. « Au Niger, on est pauvre, mais on ne badine pas avec la sécurité », glisse un confrère nigérien, fier du dispositif impressionnant déployé par son pays.
Dans la salle de la plénière, où nous avions pris place, tout était fin prêt pour le démarrage de la cérémonie. Aux environs de 10h30 arrive au Palais des congrès, le président nigérien, Mahamadou Issoufou, président en exercice du Conseil de l’Entente. Tout de blanc vêtu, le chef de l’Etat nigérien accueille quelques minutes plus tard ses homologues ayant effectué le déplacement dans la capitale nigérienne : Ibrahim Boubacar Kéita du Mali, Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Faure Essozimna Gnassingbe du Togo, Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso et Patrice Talon du Bénin.
Il était 11h30, quand la salle remplie à moitié, se met debout pour accueillir les chefs d’Etat sous un tonnerre d’applaudissements. Dans son discours de bienvenue, le gouverneur de Niamey, Hamidou Garba, a souhaité un séjour agréable à toutes les délégations avant de rappeler que le Conseil de l’Entente a été porté sur les fonts baptismaux en mai 1959 en vue de favoriser le développement économique et politique de ses pays membres à travers la réalisation des infrastructures dans les domaines comme l’éducation, la santé, l’hydraulique, l’électricité.
ESPRIT DE SOLIDARITE ET DE PAIX. Quant au secrétaire exécutif du Conseil de l’Entente, il a, lui aussi, rappelé que cette organisation, l’une des plus anciennes de la sous-région, a été mise en place par des visionnaires qui étaient animés par l’esprit de solidarité, de paix et d’entente. « Notre organisation a pour outil principal le dialogue. C’est pourquoi il n’y a jamais eu de guerre entre ses pays membres depuis sa création jusqu’à nos jours », s’est réjoui Patrice Kouamé. Après avoir cité quelques réalisations du Conseil, notamment la construction de 6000 points d’eau dans les Etats membres, le secrétaire exécutif dira que les défis nouveaux qui s’imposent à l’organisation sont entre autres, la sécurité, la lutte contre le terrorisme, la gestion de la pression démocratique, l’emploi des jeunes, la gouvernance politique. Il a, enfin, souhaité la diversification des ressources afin de financer les projets et programmes de développement dans les pays du Conseil de l’Entente.
Dans son discours d’ouverture, le président du Niger a spécialement remercié le président Ibrahim Boubacar Kéita pour sa présence remarquable au sommet, en qualité d’invité. Mahamadou Issoufou a consacré une bonne partie de son intervention à la situation sécuritaire dans la sous-région. A ce propos, le président en exercice du Conseil de l’Entente dira que la paix et la sécurité demeurent les grandes préoccupations dans nos pays. Il a ainsi condamné les récentes attaques terroristes perpétrées au Mali, au Burkina, en Côte d’Ivoire et au Niger. « Le champ du terrorisme n’a pas de limite. Pour y faire face, nous devons davantage mutualiser nos forces et renforcer nos moyens de défense », a indiqué le chef de l’Etat nigérien avant de préconiser la création d’une force mixte d’intervention contre le terrorisme à l’image de celle des pays des Grands Lacs. Après avoir salué le renforcement de la MINUSMA, le président Mahamadou Issoufou a plaidé pour un appui à la Libye, un pays en proie à la guerre civile et aux attaques terroristes.
La signature d’un mémorandum d’entente entre le Conseil de l’Entente et le groupe ACP pour le financement des programmes de développement a mis fin à la cérémonie d’ouverture. A l’issue des travaux à huis clos, le président togolais, Faure Essozimna Gnassingbe, a été désigné nouveau président en exercice du Conseil de l’Entente pour une période de deux ans. Le secrétaire exécutif, Patrice Kouamé, a été reconduit dans ses fonctions. Le prochain sommet aura lieu à Tomé (Togo) à une date qui sera communiquée par voie diplomatique.
Envoyés spéciaux
M. KEITA
O. DIOP
DES MESURES NOVATRICES
A l’issue de leurs travaux, les chefs d’Etat ont noté avec satisfaction les mesures novatrices prises dans le cadre de la redynamisation du Conseil de l’Entente parmi lesquelles il faut citer le renforcement de la coopération politique entre les Etats membres de l’organisation, la promotion des activités culturelles et sportives, la réalisation des projets communautaires dans les domaines de l’électrification solaire, de la construction d’écoles, de centres de santé ainsi que la réalisation des forages d’eau potable au profit des zones rurales. Examinant les questions d’ordre sécuritaire, la conférence s’est réjouie des résultats très encourageants de la stratégie régionale de lutte contre la secte Boko Haram, mise en œuvre par les forces de défense et de sécurité du Nigeria, du Niger, du Cameroun et du Tchad.
Par rapport à la situation au Mali, les chefs d’Etat ont salué les efforts du gouvernement, des pays de la sous-région et de la Communauté internationale dans la normalisation progressive et durable de la situation dans le nord du pays. En outre, la conférence a décidé l’institution d’une réunion annuelle des ministres en charge de la Sécurité et de la Décentralisation ; la réalisation d’une étude relative à un « Mécanisme Entente » de médiation et de gestion des conflits et à un « Mécanisme Entente » de renseignement.
M.K et O.D